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Une Lettre pour Laye : Namsiguia toujours harcelé

 

 

Cher Wambi,

 

On a connu le Comité militaire de redressement pour le progrès national (CMRPN) du colonel Saye Zerbo le 25 novembre 1980, le Conseil de salut du peuple (CSP) I et II du médecin commandant Jean-Baptiste Ouédraogo le 7 novembre 1982, le Conseil national de la Révolution (CNR) du capitaine Thomas Sankara le 4 août 1983, le Front populaire du capitaine Blaise Compaoré le 15 octobre 1987 ; voici venue l’heure du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR) du lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba.

 

 

Comme tu le sais en effet, l’armée a pris le pouvoir le lundi 24 janvier 2022 suite à ce qui était d’abord présenté comme une mutinerie des soldats mais qui était peut-être une stratégie de camouflage, comme on dit dans leur jargon, pour mieux agir. Le sort en est jeté et le président Roch Marc Christian Kaboré presque soulagé d’un poids qui devenait de plus en plus lourd à supporter tant on voyait comment il dépérissait chaque jour du fait de la dégradation continue de la situation sécuritaire du pays. 

 

Mais avant que le mouvement d’humeur de la soldatesque ne se transforme en putsch, les syndicalistes en kaki avaient fait  un certain nombre de revendications, dont le départ de quelques chefs, en l’occurrence le chef d’état-major général des armées, le général de brigade Gilbert Ouédraogo, le chef d’état-major de l’armée de terre, le colonel major Giles Bationo, ou encore le directeur général de l’Agence nationale du renseignement (ANR), le colonel major de gendarmerie François Ouédraogo.

 

Cher Wambi, il est vrai que l’ANR a toujours été dans la ligne de mire de tous ceux qui critiquaient la politique sécuritaire du président aujourd’hui déchu sans que je sache  si les critiques étaient fondées ou pas. Sans être un spécialiste de ces questions, on sait que sans informations fiables, aucune guerre n’est gagnable mais dans le cas d’espèce, et sans être dans le secret des Grandes Oreilles du Burkina, je me demande si la bérézina sécuritaire dans laquelle nous nageons est due à un problème de renseignement. 

 

Certes , un système de renseignement efficace comme on en voit dans les pays développés, façon CIA, MI5, DGSE, Shin Beth, etc., nécessite de gros moyens technologiques (qui évoluent très vite et coûtent excessivement cher) que nous n’avons malheureusement pas et une véritable armée entière dédiée à cela, mais d’après le peu que je sais, l’ANR, avec le soutien de certains partenaires, fait ce qui est à la mesure de ses moyens techniques et de ses ressources humaines, même si beaucoup de choses restent à améliorer.

 

Les spécialistes même disent que pour une Agence faite de bric et de broc dans l’urgence, les résultats sont considérables. Alors question : est-ce la tête de François qui ne revenait pas à beaucoup de gens en raison de sa proximité de longue date avec Roch ?  Peut-on du reste parler de déficit de renseignement quand, à côté de l’ANR, les populations locales elles-mêmes, de Dablo à Foutouri en passant par Titao, Toéni, etc.,  ont souvent crié désespérément à l’aide pendant de longues semaines, sans être entendues, les Forces de défense et de sécurité ne daignant souvent réagir qu’après la survenue des drames ? Le problème, ce ne sont donc pas forcément les renseignements mais ce qu’on en fait.

 

Il m’est d’ailleurs revenu, cher cousin, que certaines unités opérationnelles se plaignent parfois de crouler sous les tonnes de renseignements  au point que pour elles, les compulser s’apparenterait à une véritable corvée malgré la classification des informations. Le comble pour une armée en guerre ! Les exemples sont légion où les FDS avaient des tuyaux solides émanant  aussi bien de l’ANR,  de nos partenaires que des citoyens mais elles n’ont pas levé le petit doigt pour caresser la détente et liquider les terroristes. Pour quelles raisons ? Je n’en sais rien. J’ai même parfois le sentiment qu’au moindre coup de feu, on livre gentiment à l’ennemi kalachs, PKMS, camions de ravitaillement ou même des blindés avec la clef de contact sur le tableau de bord. Si ce n’est pas une livraison à domicile… 

 

Mais si, cher cousin, on nous convainc malgré tout que le problème du renseignement est sérieux parce que François est incompétent, autant dire qu’il est déjà réglé depuis lundi dernier. L’un des premiers actes posés par   les nouveaux maîtres du pays a en effet été le remplacement  sans autre forme de procédure du DG de l’ANR par son directeur de cabinet, le lieutenant-colonel Hamed Triandé, de la même promotion 92 du PMK que le lieutenant –colonel Damiba. Le patron étant entre leurs mains, on se serait quand même attendu à ce que les affaires courantes soient expédiées par le DG adjoint, le colonel Franck Nion, mais non…Un simple coup de fil et hop ! Une façon un peu trop cavalière qui n’honore pas la junte et elle devrait faire à l’avenir attention à ce genre de choses.

 

Cher Wambi, en tout cas si l’avènement du MPSR doit apporter la paix au Faso, on ne peut que dire Al-hamdoulilah. Moi, je signe tout de suite. Mais j’ai bien peur que la junte se trouve confrontée à ce qu’on pourrait appeler le dilemme de Sandaogo. D’un côté, il doit avoir des résultats très rapidement sur le front pour montrer qu’il n’a pas pris le pouvoir parce que mû par une quelconque ambition mais bien parce qu’il a des solutions clé en main contre le terrorisme, lui qui a déjà écrit un essai sur la question. Et si ça devait se produire, on serait en droit de penser que c’est la résultante d’une meilleure gouvernance politique et militaire dont il serait porteur. En même temps, si les résultats sont tout de suite spectaculaires comme s’il était venu avec une baguette magique, les esprits tordus pourraient se dire qu’il y avait peut-être quelque chose qui clochait dans la Grande Muette pour ne pas dire plus. Et là…

 

Cher Wambi, désormais, comme tu ne le sais que trop, depuis le lundi 24 janvier 2022, notre pays est sous la direction d’un groupe de militaires suite à la prise du pouvoir par le Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR). Mettant ainsi fin au second mandat de Roch Marc Christian Kaboré, entamé il y a près d’une année.

 

Si dès le lendemain du coup d’Etat les Burkinabè ont découvert le nom et le visage du nouvel homme fort du Burkina, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, il n’en est pas de même du timbre de sa voix. En tout cas jusqu’au moment où je traçais les lignes de la présente lettre, le patron du MPSR n’avait toujours pas fait de déclaration publique. Même le jour de l’annonce officielle de sa prise du pouvoir, les communiqués ont été lus sur les antennes de la télévision nationale par un de ses hommes. Mais à la dernière minute il était question de son adresse à la Nation hier jeudi à 20 heures toujours sur les antennes de la RTB.

 

En attendant d’en savoir davantage sur les chantiers de la « Sauvegarde » et de la « Restauration », l’on assiste depuis quelques jours à des rencontres à huis clos entre le nouveau pouvoir et les composantes civiles, militaires et paramilitaires.

 

Ainsi donc des concertations depuis mercredi dernier avec la hiérarchie de l’armée, les secrétaires généraux des ministères « chargés désormais de l’expédition des affaires courantes », les patrons des corps paramilitaires, les membres du dernier gouvernement de l’ancien président du Faso et hier avec l’Unité d’action syndicale (UAS).

 

Cher cousin, sauf erreur ou omission de ma part, c’est la toute première fois dans notre pays que des putschistes rencontrent une équipe ministérielle qu’ils viennent de renverser.  C’est que généralement, les anciens ministres sont embastillés ou assignés à résidence.

 

Selon certaines indiscrétions, il a été demandé aux membres de l’exécutif déchu de s’abstenir de tout acte tendant à faire obstacle à la marche du MPSR et de restreindre leurs déplacements à l’intérieur du pays.

 

Cher Wambi, je reste sur l’actualité brûlante de l’heure pour revenir sur la fameuse lettre de démission du président Roch Marc Christian Kaboré.

 

Contrairement à certains qui ont douté ou doutent encore de l’authenticité du document, j’ai appris de certaines sources familières à l’écriture de l’ex-locataire de Kosyam qu’il s’agit bel et bien d’un manuscrit de celui-ci.

 

Une abdication dite  volontaire intervenue dans des circonstances qui rappellent celles du président malien Ibrahim Boubacar Kéïta, lui aussi emporté par un coup d’Etat, pour sauver les apparences.  

 

Selon « Jeune Afrique », dans sa version en ligne du 26 janvier 2022,  la signature de l’acte de reddition est intervenue après que le président Kaboré a obtenu des garanties pour lui et ses proches, en présence du cardinal Philippe Ouédraogo. 

 

Toujours selon notre confrère, une fois sa lettre de démission actée, Roch Marc Christian Kaboré a été transféré dans une villa à Ouaga 2000 où il a été rejoint par son épouse, Sika. Le couple devait marier une de ses filles ce week-end, précise le journal.

 

Mais que de similitudes entre les destins de ces deux anciens chefs d’Etat burkinabè et malien !

 

En effet, tous ont été tour à tour ministre, Premier ministre, président de l’Assemblée nationale et enfin président de la République.

 

Tous également ont été réélus pour un second mandat qu’ils n’ont pas pu mener à terme du fait d’un putsch militaire.

 

Tous, enfin, ont passé au total six ans à la magistrature suprême : du 29 décembre 2015 au 24 janvier 2022, pour Roch Marc Christian Kaboré, et du 4 septembre 2013 au 18 août 2020, pour Ibrahim Boubacar Kéïta. 

 

Cher Wambi, le procès sur l’assassinat du capitaine Thomas Sankara avait été suspendu après l’audience du 12 janvier 2022 et devait reprendre le 24 janvier avec les plaidoiries des avocats des parties civiles. Mais suite aux manifestations du samedi 22 janvier dont les participants  réclamaient la démission du président Roch Marc Christian Kaboré, ajoutées aux coups de feu que des soldats ont commencé à tirer au petit matin de dimanche dernier dans différentes casernes, le parquet militaire avait annoncé que le procès ne reprendrait plus le 24 comme précédemment prévu, mais à une date qui serait déterminée plus tard.

 

Comme tu le sais, les tirs se sont poursuivis et ont abouti au coup d’Etat, au renversement du régime de Roch Kaboré. Du coup, beaucoup se demandaient si le procès Sankara n’était  pas enterré définitivement d’autant plus que, dans la foulée, des informations faisaient état de la remise en liberté du général Gilbert Diendéré. Face à l’ampleur de la rumeur, la justice militaire avait produit un communiqué le 26 janvier pour « démentir formellement cette allégation » et rassurer l’opinion nationale et internationale que le général « est toujours détenu à la Maison d’arrêt et de correction des armées (MACA)  et qu’aucun détenu n’a été libéré ».

 

Dans le même communiqué, le procureur militaire indiquait que le procès reprenait le lundi 31 janvier 2022. Voilà une sortie qui a le mérite d’être claire et de couper court à la rumeur.

 

Cher cousin, si le procès Sankara reprend, quid de l’instruction de l’affaire Emmanuel Zoungrana, du nom de ce lieutenant-colonel qui a été mis aux arrêts car soupçonné de fomenter un coup d’Etat contre le régime de Roch Kaboré ? Avec la chute du pouvoir Kaboré, la procédure va-t-elle se poursuivre ? Comment gérer cette affaire ? Comme les promotionnaires de cet officier supérieur ont pris le pouvoir, une formule sera-t-elle trouvée pour conclure à un non-lieu ? Dans ce cas de figure, on ne sera plus édifié, comme qui dirait, sur cette affaire.

 

 

 

Cher Wambi, lors des manifestations pour réclamer la démission de Roch Kaboré mais aussi pour soutenir le pouvoir du MPSR, quelques croquants brandissaient le drapeau russe. Comme tu le sais, il n’est un secret pour personne que nombre de nos compatriotes militent, au détriment de la France, pour une collaboration plus accrue avec la Russie dans la lutte contre le terrorisme. Lors de ces manifestations, un gus qui brandissait le drapeau russe a failli se faire tabasser par d’autres manifestants qui ont cru que c’était la bannière  française. Comme tu le sais, cher cousin, ces deux pays ont les mêmes couleurs, si bien qu’on peut facilement les confondre.

 

Cher Wambi, dans la foulée de la prise du pouvoir par le MPSR, Alexandre Ivanov, un représentant des instructeurs russes, a publié un tweet dans lequel il fait un appel du pied aux nouvelles autorités du Burkina en proposant les services de Wagner, la société privée de militaires russes. Il estimait que la France, en dix ans, n’a eu aucun succès contre le terrorisme en Afrique de l’Ouest. Pour lui, si des instructeurs russes sont invités « à former l’armée du Burkina Faso, ils pourront le faire efficacement » si les autorités en font la demande. D’après Alexandre Ivanov, une telle coopération permettra de « constituer une armée prête à combattre et à maîtriser la situation sécuritaire en peu de temps ».

 

Mais à la vérité, cher Wambi, notre pays ne doit pas être le champ de la rivalité entre la Russie et la France, pour ne pas dire de l’Europe. Il ne faut pas prendre les Africains pour des faibles d’esprit. Si les Français ont des intérêts partout où ils interviennent, il en est de même certainement pour la Russie.

 

Mais il serait bon qu’au lieu de se servir de Wagner comme d’un cheval de Troie pour faire son trou dans le continent, l’Ours russe agisse à visage découvert à travers des formes de coopération officielle. Dans ces conditions, que ce soit le Burkina ou le Mali, chaque pays est libre de choisir ses partenaires et de les diversifier en toute transparence.

 

 

 

Cher Wambi, à présent je t’invite à feuilleter avec moi le carnet secret de Tipoko l’Intrigante.

 

Après l’attaque terroriste contre Namsiguia, le samedi 15 janvier 2022 vers 7 heures, ayant fait une dizaine de morts et d’importants dégâts matériels, le calme était revenu dans ce patelin grâce à l’intervention de l’armée. Malheureusement le dernier village du Bam (dans la commune de Bourzanga) avant le Soum a renoué depuis le 24 janvier avec la psychose et l’incertitude. En effet, lundi dernier dans l’après-midi, les terroristes, venus sur des motos, ont tenté de nouveau une entrée en force dans la localité avant d’être repoussés par les volontaires pour la défense de la patrie. Depuis lundi, le harcèlement de cette localité par ces malfaiteurs est quasi quotidien si bien que les populations appellent l’armée au secours afin d’éviter un remake du 15 janvier.  Elles sont partagées entre espoir et crainte. Leur espoir est fondé sur l’arrivée des militaires aux affaires avec leur volonté affichée de changer la donne sur le terrain. Toutefois, elles craignent que les nouvelles autorités aient pour l’instant les regards ailleurs et que cela profite à l’ennemi. En tout cas Namsiguia est un cas d’école pour les nouvelles autorités, dont l’action est urgemment attendue pour éviter que les populations de ce village deviennent des déplacées internes, ce qui fragiliserait par là même les provinces du Soum et du Bam.

 

 

 

 

 

. (ELEMENT DR LACINA SIMPORE)

 

 

 

- Demain samedi 29 janvier 2022, de l’effervescence et des retrouvailles amicales et parentales dans le village d’Issouka à Koudougou. La raison : le Na-basga de Naaba Saaga 1er d’Issouka.

 

La grande cérémonie traditionnelle, prévue à partir du 10 heures, se déroulera en trois principaux  grands actes :

 

-                Première sortie du chef en toge rouge avec un sabre, le rouge étant le symbole de la guerre, du danger et de l’autorité suprême.

 

-                Deuxième sortie en toge blanche, une couleur en référence à la paix, à la pureté et la charité.

 

-                Troisième sortie en toge multicolore pour traduire la diversité et l’harmonie.

 

A l’issue de ce rituel haut en couleurs, c’est le cas de le dire, un zoom-koom traditionnel du chef sera offert sur le coup de 13 heures.

 

Le lendemain dimanche 30 janvier, une messe d’action de grâce sera dite à la paroisse Saint-Joseph Moukassa à partir de 9 heures.  

 

 

 

- La situation de notre pays préoccupe les religieux. C’est dans ce cadre que la Fédération des églises et missions évangéliques du Burkina (FEME) a invité tous les leaders ecclésiastiques, les pasteurs, diacres, diaconesses et anciens à une journée de jeûne et de prière ce vendredi 28 janvier 2022, de 8heures  à 15 heures, à l’église des assemblées de Dieu de Gounghin. Vivement que Dieu entende leurs supplications en faveur de notre Nation.

 

 

 

Tipoko l'Intrigante n'apprend rien d'elle-même, elle  n'invente jamais rien. Tipoko l'Intrigante est un non-être. Elle n'est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l'intuition c'est la faculté qu'a une femme d'être sûre d'une chose sans en avoir la certitude..."

 

 

 

Ainsi va  la vie.

 

Au revoir.

 

 

 

Ton cousin

 

 Passek Taalé

 

 

Dernière modification ledimanche, 30 janvier 2022 20:27

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