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Une Lettre pour Laye : De l’aide humanitaire dans les greniers des terroristes

 

Cher Wambi,

 

Le lieutenant-colonel Emmanuel Zoungrana, tu te rappelles, est en détention préventive depuis le 10 janvier 2022 à la Maison d’arrêt et de correction des armées. Il est reproché à cet officier supérieur d’avoir voulu renverser le pouvoir de Roch Marc Christian Kaboré. En clair, c’est un coup d’Etat qui a été étouffé dans l’œuf grâce à la loyauté à la République d’un membre du groupe qui préparait le putsch. Une dizaine de personnes, militaires et civiles, sont dans les mailles de la justice militaire chargée d’instruire le dossier.

 

 

Alors que ce dossier est en instruction, voilà que le 24 janvier dernier, des militaires renversaient le régime de Roch et instauraient le Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR) avec à leur tête le lieutenant-colonel Paul-Henri Damiba qui est le nouvel homme fort du Burkina Faso.

 

Dans ma missive de la semaine dernière, je me demandais ce qui allait advenir du dossier Zoungrana, si l’instruction allait se poursuivre malgré l’avènement du MPSR ? Je me demandais si une formule allait être trouvée pour conclure à un non-lieu ?

 

Certes je n’ai pas les réponses à ces questions. Mais une chose est certaine, c’est qu’il y a du mouvement au niveau de ce dossier. 

 

En effet, cher cousin, mercredi dernier, il y a eu une audience de la Chambre de contrôle de l’instruction du tribunal militaire de Ouagadougou. Au cours de l’audience, une demande de liberté provisoire a été introduite par les avocats du lieutenant-colonel. Et c’est là que le flou demeure entier. Si certains parlent de l’annulation du mandat de dépôt en vertu duquel il est devenu un pensionnaire de la MACA, d’autres parlent, eux, d’un vice de forme qui a été décelé dans la procédure et disent que cela a valu à ce haut gradé d’être remis en liberté.

 

Toujours est-il qu’immédiatement en fin de matinée mercredi, comme une traînée de poudre, la nouvelle de la libération d’Emmanuel Zoungrana s’est répandue dans la ville de Ouagadougou sur les réseaux sociaux et par la suite sur les médias.

 

Mais, cher Wambi, en réalité il n’en était rien. Malgré le flou qui entoure cette affaire, car le parquet n’a fait aucune communication dans un sens ou dans l’autre, le lieutenant-colonel n’a pas été libéré, en tout cas pas le mercredi 2 février 2022.

 

Je sais qu’un de ses proches a fait le pied de grue de 11h jusqu’à 18h 30 à la justice militaire mais en vain, le détenu ne s’est pas pointé avec son paquetage pour rentrer à la maison.

 

Des questions administratives sont évoquées pour finaliser cette libération, mais j’avoue que je n’en sais vraiment pas grand-chose. Peut-être même qu’il est effectivement en liberté au moment où tu lis cette lettre. Mais pour faire cesser les conjectures et autres rumeurs, je pense, à mon humble avis, qu’il est temps que le parquet militaire, à qui revient le pouvoir de la communication, éclaire  l’opinion sur les derniers développements de l’affaire Emmanuel Zoungrana.

 

 

 

Cher Wambi, la semaine dernière je t’informais que le parquet militaire avait démenti les rumeurs sur la libération du général Gilbert Diendéré dans la foulée de la prise du pouvoir par le MPSR du lieutenant-colonel Paul-Henri Damiba tout en annonçant la reprise du procès sur l’assassinat du capitaine Thomas Sankara pour le lundi 31 janvier 2022.

 

Mais ce jour-là, cher cousin, le procès n’a pu se tenir à cause d’une inquiétude soulevée par les avocats des parties civiles qui se posaient des questions sur la sécurité juridique des débats vu que la Constitution du Burkina avait été suspendue dans les annonces de déclaration de prise du pouvoir par la junte militaire. Ils avaient été suivis par la Chambre de première instance du tribunal militaire qui a reporté le procès sine die. Mais quelques heures plus tard, le nouveau pouvoir publiait son Acte fondamental en rétablissant la Constitution dans son intégralité. Dans cette cohabitation, en cas de conflit entre l’Acte fondamental et la Constitution, ce sont les dispositions de l’Acte fondamental qui l’emportent.

 

Avec ce rétablissement de la loi fondamentale, le procès a été immédiatement reprogrammé pour se poursuivre le mercredi 2 février 2022 avec l’ouverture du bal des plaidoiries des avocats des parties civiles. C’est ainsi que Me Ferdinand Nzépa a été le premier à prendre la parole. Durant trois heures, le natif du Cameroun a tenu le crachoir et su capter l’attention de tous tant son récit était captivant.

 

A ce propos, cher cousin, il faut savoir que la longueur des plaidoiries n’est pas réglementée. Autant une plaidoirie peut être courte, voire très courte, à peine cinq minutes, autant elle peut être longue, très longue même et durer des heures entières.

 

Alors quand on connaît le nombre d’avocats dans ce dossier aux côtés des parties civiles et des accusés, on peut être sûr  d’être bien parti pour des envolées lyriques durant les jours qui suivent sans oublier que le parquet aussi à ses réquisitions à prendre. C’est sûr, les oreilles de ceux qui assistent à l’audience en auront pour leur compte.

 

Cher Wambi depuis la prise du pouvoir par le MPSR le 24 janvier dernier, on s’attendait à une valse des bérets au sein du commandement des forces armées nationales. Depuis mercredi, le président du Faso a procédé à de nouvelles nominations à la tête de l’état-major des armées, de l’armée de terre, de la gendarmerie et des sapeurs-pompiers. Les citoyens s’impatientent de voir notre armée aller à l’offensive pour changer la donne sur le terrain comme s’y sont engagées les nouvelles autorités.

 

De la capacité de nos forces de défense  et de sécurité de faire face au défi sécuritaire, personne ne  doute, surtout avec les résultats engrangés par l’opération « Laabingol, » qui signifie «nettoyer » en fulfuldé, menée du 15 au 23 janvier 2022 principalement dans la région du Centre-Nord. Cette opération, menée par l’état-major tactique 1 du groupement de forces du secteur nord basé à Kaya, a permis de neutraliser officiellement 163 terroristes et de récupérer du matériel et des dizaines de tonnes de vivres. Concernant le butin, on a constaté qu’une partie des vivres provient de l’aide humanitaire. Beaucoup se demandent alors comment les terroristes en brousse arrivent à vivre dans la bombance alors que des déplacés internes à Bourzanga, Kaya, Namsiguia, Fada, Ouahigouya, pour ne citer que ces sites d’accueil, crient famine.

 

Selon certaines sources, cela peut s’expliquer par deux facteurs.  Le premier c’est la capacité des terroristes de contrôler nos routes nationales en détournant les produits nécessaires à leur survie : produits pétroliers et alimentaires. Le deuxième c’est que dans certaines villes voisines des zones sous tensions comme Djibo, on n’arrive pas à contrôler la sortie des produits à destination des terroristes qui occupent les localités abandonnées par les populations en fuite. A Djibo par exemple, il n’est pas rare de voir cette livraison par des tricycles au vu et au su de tout le monde. Il s’y déroule le commerce indécent des animaux enlevés par les terroristes dans les communes voisines sans que personne s’en émeuve. On espère que des mesures draconiennes seront prises pour arrêter cette hémorragie et permettre de lutter efficacement contre l’hydre terroriste.

 

 

 

Cher Wambi, tu l’as déjà sans nul doute appris, notre armée a de nouveaux chefs. La valse des bérets continue donc à une allure à donner le tournis.

 

En effet, depuis le drame d’Inata survenu le 14 novembre 2021 au cours duquel 53 personnes ont été tuées dont 49 gendarmes, la hiérarchie militaire ne cesse de connaître des bouleversements. On se rappelle qu’à la suite de cette attaque terroriste, l’ancien président, Roch Marc Christian Kaboré, après avoir nommé  le colonel major Gilbert Ouédraogo  chef d’état-major général des armées (CEMGA) en remplacement du général Moïse Minoungou, avait promu douze nouveaux chefs de corps. 

 

Elevé au grade de général, le CEMGA Gilbert Ouédraogo a été démis de ses fonctions le 31 janvier, soit environ trois mois après sa prise de commandement, dans un communiqué qui a révoqué également le patron de l’Agence nationale du renseignement, le colonel de gendarmerie François Ouédraogo suite à l’avènement du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration, (MPSR) le 24 janvier passé.  Ce dernier, porté disparu depuis la survenue du coup d’Etat militaire, n’avait toujours pas donné signe de vie au moment où je t’écrivais la présente lettre. Mais on espère qu’il le fera d’un jour à l’autre, à l’instar de l’ancien président de l’Assemblée nationale, Alassane Bala Sakandé, qui a regagné sa résidence ce lundi.

 

A son tour, le nouvel homme fort du Burkina, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, a procédé à une réorganisation de la Grande Muette.

 

Ainsi donc depuis mercredi dernier, le colonel major David Kabré est à la tête des Forces armées nationales. Anciennement commandant du Groupement central des armées, il sera secondé par un autre colonel major, en la personne de Célestin Simporé.

 

En outre, l’armée de terre sera désormais sous le commandement du colonel major Adam Néré, et le lieutenant-colonel Evrard Somda est devenu le chef d’état-major de la gendarmerie nationale.

 

Cher cousin, sans nul doute que d’autres réajustements interviendront au sein des Forces armées nationales. Dès lors que le MPSR aura tous les leviers de la chaîne de commandement, on espère que les résultats de la lutte contre le terrorisme seront à la hauteur des attentes du peuple burkinabè.

 

 

 

Cher Wambi, à présent, je t’invite à feuilleter avec moi le carnet secret de Tipoko l’Intrigante.

 

 

 

-Du 15 au 23 janvier 2022, une opération antiterroriste dénommée   « Laabingol, qui signifie nettoyer ou rendre propre en langue fulfuldé », a été menée dans la région du Centre-Nord par les différentes composantes les forces armées nationales du Burkina Faso en collaboration avec la force française BARKHANE. Ladite opération conjointe a permis, selon le service de communication des forces armées nationales, de mettre hors d’état de nuire plus d’une centaine de terroristes,   de démanteler leurs bases logistiques et zones de refuge et de rassurer les populations du Centre-Nord. Tout en félicitant nos forces armées nationales pour les résultats engrangés lors de cette opération, force est de reconnaître que la situation sécuritaire demeure très préoccupante dans les trois provinces de la région du Centre-Nord, à savoir le Sanmatenga, le Namentenga et le Bam. En témoignent la recrudescence des attaques terroristes et l’accroissement du nombre de personnes déplacées internes, d’établissements scolaires et de centres sanitaires fermés. Au nombre des récentes incursions terroristes, on peut citer : l’incendie du marché de Gabou, village de Barsalogho, le dimanche 30 janvier ; l’assassinat d’un Volontaire pour la défense de la patrie (VDP) et le saccage de lieux de commerce à Basma et à Tamasgo, deux autres villages de Barsalogho, situés sur l’axe Kaya-Barsologho-centre, le lundi 31 janvier, l’incendie de plusieurs concessions dont celle du chef coutumier et des motos dérobées à Noaka, village de Pissila situé à une vingtaine de kilomètres de Kaya, le mardi 1er février, l’assassinat de 3 civils et l’incendie de boutiques dans la nuit du mercredi 2 février à Filon-12, un site aurifère de renommée dans la commune rurale de Bouroum.   

 

 

 

-Le lundi 1er février dernier, une délégation de l’Appel de Manéga a pu rendre visite à Roch.

 

Une démarche qui s’inscrit, a-t-on appris, dans la mission de paix et de réconciliation nationale que l’Appel poursuit depuis plus de deux années.

 

Durant plus d’une heure de temps, la délégation a pu s’enquérir de la santé de l’ancien président et des conditions de sa détention.

 

Selon un membre de la délégation, l’ex-président Roch Marc Christian Kaboré a apprécié la visite et fait un exposé exhaustif des derniers événements intervenus dans le pays. La même source indique que l’ancien chef de l’Etat a affirmé être en bonne santé et très bien traité avec dignité et respect par les militaires.

 

 

 

-Ce week-end auront lieu les cérémonies de prières et d’hommages au patriarche Lallé El Hadj Issaka Sankara, sous-officier de l’armée française et éleveur à Virassan dans la province du Ziro. Celui qu’on va célébrer, après les distinctions françaises obtenues au cours de sa carrière militaire, a été élevé à la dignité de Chevalier de l’Ordre du mérite en 2018 sur proposition de l’Association des Anciens Combattants dirigée par le commandant Paul Tondé. Une lecture du Coran avec la communauté musulmane et le CERFI ainsi que des prières et des hommages sont prévus dès le samedi 5 février à partir de 16h 30 et le dimanche 6 février à partir de 9h 00 au domicile familial situé dans le quartier Larlé où la famille est établie depuis 1955.

 

 

 

Tipoko l'Intrigante n'apprend rien d'elle-même, elle n'invente jamais rien. Tipoko l'Intrigante est un non-être. Elle n'est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l'intuition c'est la faculté qu'a une femme d'être sûre d'une chose sans en avoir la certitude..."

 

 

 

Ainsi va  la vie.

 

Au revoir.

 

 

 

Ton cousin

 

 Passek Taalé

 

Dernière modification ledimanche, 06 février 2022 20:15

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