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Une Lettre pour Laye : Où est donc passé Kassoum Kambou ?

 

Cher Wambi,

 

Tu as sans doute suivi à travers les médias dits « chauds » que le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba a prêté serment devant le Conseil constitutionnel le mercredi 16 février 2022. Avec cette onction des Sages, il devient ainsi, légalement, le chef de l’Etat avec les pleins pouvoirs.

 

 

Mais tiens, était-ce une prestation de serment ou une investiture, mon colonel ? La question mérite d’être posée tant les gens s’emmêlent les pinceaux sur ces deux notions. Mais ceux qui s’y connaissent m’ont assuré que l’audience solennelle de mercredi dernier était vouée à prestation de serment du nouveau président du Faso.

 

En effet, ils expliquent que c’est le Conseil constitutionnel qui reçoit le serment du chef de l’Etat avant de le déclarer installé dans l’exercice de ses fonctions.

 

La grande chancellerie des Ordres burkinabè entrera en scène plus tard, à une date qui reste à déterminer, pour le cérémonial d’investiture au cours duquel le président recevra les insignes de Grand Maître des Ordres burkinabè, notamment le fameux collier qui représente la fonction suprême de président du Faso. Cette investiture devra peut-être intervenir après l’adoption de la Charte de la Transition.

 

En réalité, cher cousin, si les gens confondent la prestation de serment et l’investiture, c’est tout simplement parce que généralement, ces deux actes ont lieu au cours d’une seule cérémonie.

 

Tu te souviens sans doute que l’ex-président Roch Marc Christian Kaboré avait été investi pour son second mandat le 28 décembre 2020. Ce jour-là, après sa prestation de serment devant les juges constitutionnels, le grand chancelier était intervenu pour la phase d’investiture.

 

Cher Wambi, si une absence a été très remarquée à la cérémonie de prestation de serment du président Damiba, c’est bien celle de Kassoum Kambou, le président du Conseil constitutionnel. J’étais déjà intrigué que ce soit le commissaire de police à la retraite Bouraima Cissé qui ait signé les différentes décisions des Sages concernant cette prestation de serment et que ce soit encore lui qui ait présidé la cérémonie de mercredi dernier. Le Conseil constitutionnel n’ayant pas de vice-président, c’est le doyen d’âge qui assure l’intérim du président chaque fois que de besoin. C’est ce rôle que joue présentement Bouraima Cissé.

 

Du coup, Ouaga a commencé à bruisser de mille rumeurs les unes aussi folles que les autres. Certaines soutenaient même que l’absence du juge Kambou était pour marquer sa désapprobation du coup d’Etat contre son ami Roch Marc Christian Kaboré.

 

Mais que nenni !

 

En effet, cher cousin, cette absence est due à l’état de santé du président Kassoum Kambou qui serait assez préoccupant. Depuis quelques mois il est en soins intensifs dans un hôpital de la place. A un moment donné, l’éventualité de son évacuation avait même été envisagée sans que je sache pourquoi cela n’a finalement pas eu lieu. Je ne peux que lui souhaiter un prompt rétablissement pour qu’il vienne terminer son mandat de 9 ans qui s’achève, en principe, en 2024.

 

 

 

Cher Wambi, restons dans le cadre de cette prestation pour que je te signale que si l’absence de Kassoum Kambou était notable, la présence de certains civils aux côtés des militaires du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR) n’est pas passée inaperçue.

 

On a vu, en effet, lors de la séance photos, Abdoul Wahab Drabo, diplomate et ex-député du PDC, le parti de Saran Sérémé. De là à y voir une relation de cause à effet entre cette présence et la démission fracassante de Saran Sérémé qui avait successivement quitté l’institution du médiateur du Faso et la majorité présidentielle en fin septembre et fin octobre 2021, il n’y a qu’un pas que certains ont vite fait de franchir.

 

Mais par-dessus tout, s’il y a quelqu’un dont la présence fait jaser, il s’agit bien d’Ibrahima Maïga.

 

Cher cousin, j’imagine bien que toi qui n’es pas un féru des réseaux sociaux, tu ne le connais pas. C’est un activiste et lanceur d’alertes qui vivait aux Etats-Unis et donnait presque en temps réel des informations sur les attaques terroristes au Burkina Faso au point de nourrir des suspicions à son encontre. Ibrahima Maïga a été aussi le premier à annoncer le coup d’Etat et même à donner l’identité du chef des putschistes. Ainsi, on comprend mieux maintenant d’où venaient ses scoops sécuritaires. Il a peut-être été récompensé puisqu’il a beaucoup contribué au pourrissement de la situation qui a conduit à ce qu’on sait maintenant depuis le 24 janvier dernier.

 

Comme on dit, cher Wambi, c’est de bonne guerre. Seulement le retour au Burkina de Maïga à côté de la junte a créé le buzz sur la toile.

 

En effet, certains internautes se plaisent à rappeler qu’il avait renoncé à sa nationalité burkinabè dans un post publié sur sa page Facebook un 26 septembre sans autre précision de l’année. Il y est écrit : « Conformément à l’article 186 alinéa 2 du Code des personnes et de la famille, j’ai pris la décision difficile de renoncer à ma citoyenneté burkinabè pour ne pas être amené à être divisé sur la question de la loyauté à tel ou tel pays. Je prendrai les dispositions pour que les services consulaires du Burkina aux Etats-Unis reçoivent les documents requis pour les transmettre au gouvernement du Burkina Faso ». Vrai ou faux ? Je ne saurais répondre à cette question pour le moment.

 

Mais si c’est confirmé que c’est Ibrahim Maïga qui a osé publier le numéro personnel de Roch Kaboré permettant à tous ses contempteurs de déverser sur lui un flot d’injures et insanités, franchement je dois avouer qu’il s’agit là d’un acte gravissime.

 

On a beau être contre le Premier magistrat de son pays, il est des choses dont on doit se garder pour le combattre.

 

Pour le moment, Ibrahima Maïga est le plus en vue au niveau des civils, et on espère que d’autres qui sont encore tapis dans l’ombre sortiront du bois au fur et à mesure. On espère également que tous ceux qui anticipaient sur les attaques terroristes vont continuer à nous renseigner comme ils le faisaient avec le même dévouement et le même patriotisme.

 

 

 

A présent, cher cousin, je t’invite à feuilleter avec moi le carnet secret de Tipoko l’Intrigante.

 

 

 

 

 

-   Le mandat du Pr Luc Marius Ibriga à la tête de l’Autorité supérieure de contrôle d’Etat et de lutte contre la corruption (ASCE-LC) a expiré, et le processus pour trouver le nouveau contrôleur général d’Etat a connu son épilogue avec la nomination de Philippe Néri Kouthon Nion pour le remplacer. Ce dernier prêtera serment au cours d’une audience solennelle le jeudi 24 février 2022 à 10h dans les locaux du Conseil constitutionnel. Une chose est sûre, il ne chômera pas  quand on sait que le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba fait de la lutte contre la corruption un de ses chevaux de bataille.

 

 

 

 

 

-   Il était présenté comme le fer de lance de l’attaque burkinabè à cette 33e édition de la Coupe d’Afrique des nations (CAN). Frank Lassina Traoré, puisque c’est de lui qu’il s’agit, n’a malheureusement pas pu être de l’expédition camerounaise. La raison de cela, cette blessure contractée au genou et qui l’éloignera encore des stades pendant quelques semaines. Mais le jeune prodige issu du centre de formation du Rahimo avait bien voulu suivre cette CAN au milieu des siens à Bobo-Dioulasso. Parti de Donesk, il sera finalement bloqué à Abidjan sans jamais réussir à rentrer au bercail. Car son médecin traitant et son préparateur physique, qui l’accompagnaient dans son déplacement, n’ont pas voulu fouler le sol burkinabè à cause de l’insécurité que connaît notre pays. Franck Lassina Traoré sera donc obligé de passer son séjour sur les bords de la lagune Ebrié où il a reçu la visite de son père en provenance de Bobo-Dioulasso. Reparti après la CAN, il aurait repris ses séances de rééducation en attendant un probable retour sur le terrain d’ici la fin de la saison. Souhaitons-lui tout simplement un prompt rétablissement.

 

 

 

 

 

Dégradation de la situation sécuritaire

 

La dégradation de la situation sécuritaire sur le territoire national est très préoccupante. En effet, les groupes armés terroristes semblent gagner de jour en jour du terrain malgré l’engagement et le dévouement des Forces de défense et de sécurité (FDS) et des Volontaires pour la défense de la patrie (VDP). Ceux qu’on appelle  « hommes armés non identifiés ou HANI » se sont signalés dans plusieurs localités du pays le mercredi 16 février 2022, jour de la prestation de serment du nouvel homme fort, Paul-Henri Sandaogo Damiba.

 

Ce 16 février, Yondé, une commune rurale de la province du Koulpélogo dans la région du Centre-Est, a été la cible d’une incursion terroriste. Selon les informations, des individus armés ont incendié des édifices publics dont les bâtiments de la mairie, de la préfecture et de l’inspection de la circonscription d’éducation de base. Les visiteurs indélicats ont également saccagé des installations de réseaux de télécommunication et donné des instructions à la population à travers des prêches. Selon des témoignages, des alertes sur la menace sécuritaire dans ladite commune ont été lancées par des personnes-ressources à l’endroit des nouveaux maîtres du palais de Kosyam.

 

A l’Est et dans la même journée du 16 février, des individus armés ont incendié des salles de classe en paillote de l’école primaire de Bougui à Fada N’Gourma et des édifices publics à Namounou.

 

Dans la Boucle du Mouhoun, les forces du Mal ont, dans la journée du 16 février, saccagé des édifices publics à Kougny, une commune de la province du Nayala.

 

Au Centre-Nord, la psychose due aux attaques terroristes a occasionné l’accroissement du nombre d’établissements scolaires et de centres de santé fermés. Jusque-là épargnée par l’insécurité, Sabcé, une commune rurale de la province du Bam qui abrite l’un des plus importants sites miniers du pays, a enregistré depuis le 15 février dernier une fermeture temporaire d’établissements scolaires dans une dizaine de villages. De sources concordantes, tout serait parti d’une alerte sur le passage d’individus suspects dans la nuit du 14 février au collège d’enseignement général du village de Mafoulou. Dans la province du Sanmatenga, l’étau semble se resserrer depuis quelques jours autour du chef-lieu de la commune de Barsalogho. Et cela, après la tombée aux mains des groupes armés terroristes de Dablo, une commune frontalière, en fin novembre 2021. Mis en déroute à maintes reprises par les FDS et les VDP lors de leurs tentatives d’incursion, les terroristes ont  saccagé, le 14 février, 4 forages équipés de pompes à motricité humaine ; ces installations hydrauliques avaient été réalisées à proximité du centre-ville par l’Etat et ses partenaires humanitaires en vue d’améliorer l’approvisionnement en eau potable de la population locale et des milliers de personnes déplacées internes qui y ont trouvé refuge. A en croire une source locale, le saccage des forages par les terroristes risque d’accroître les pénuries d’eau, auparavant préoccupantes dans la ville de Barsalogho. Le 11 février, 4 civils dont 2 VDP ont trouvé la mort à Kayara dans la commune rurale de Bouroum, province du Namentenga, suite à l’attaque terroriste d’un site aurifère. Un VDP serait porté disparu.   

 

                                                                                   

 

                         

 

-   On ne cessera jamais de le dire, l’insécurité va grandissante au Pays des hommes intègres. L’assassinat d’un employé d’une société minière du nom de Wendwaogo Salif Sawadogo le week-end dernier ne cesse de défrayer la chronique. Connu sous le pseudonyme de « lion du Nord », Wendwaogo Salif Sawadogo a été retrouvé assassiné en début de semaine à Ouagadougou. Il aurait quitté son domicile le samedi 12 février dernier autour de 19h après avoir reçu un coup de fil. Depuis, il n’a pas donné de nouvelles de lui jusqu’à ce qu’on retrouve son corps 72 heures plus tard en état de putréfaction dans le coffre de son véhicule au quartier  Nonsin de Ouagadougou aux environs de 22h.

 

Selon des témoignages, les riverains auraient vu son véhicule stationné le samedi 12 février 2022 sur le terrain de l’hippodrome. L’automobile y est restée jusqu’au lundi matin puisque personne dans les environs ne se doutait de quelque chose.  C’est une odeur nauséabonde qui a attiré l’attention des riverains qui ont constaté qu’un corps se trouvait dans le coffre du véhicule. Ils en ont alors alerté la police qui a procédé à l’enlèvement du corps.

 

Insécurité ou règlement de comptes ? On ne saurait le dire puisqu’aussi bien son corps que son véhicule avaient des impacts de balles.

 

 

 

 

 

-   Il était le chef de la cavalerie du Moro, doyen des ministres de la Cour du roi des Mossé de Ouagadougou. Le Ouidi Naaba Karfo, puisque c’est de lui qu’il s’agit, comme on le dit en milieu traditionnel, est retourné auprès des ancêtres l’après-midi du jeudi 27 janvier 2022 en son domicile. Fin traditionnaliste jusqu’à sa disparition, son inhumation est intervenue audit domicile deux jours plus tard, dans la stricte intimité familiale et dans la pure tradition funéraire moaga due à son rang. Le patriarche, frère aîné de Mgr Séraphin Roamba, archevêque émérite de Koupéla, était âgé de 86 ans, dont 55 ans sur le trône. Une vingtaine de jours après que le « Naaba a rejoint l’ombre », sont organisées aujourd’hui-même vendredi 18 février 2022 ses funérailles, suivant des rites bien codifiés. Des cérémonies coutumières donc en perspective, dont le clou interviendra dimanche prochain au palais royal de Ouidi à Ouagadougou.

 

 

 

 

 

- Du 25 au 27 février 2022, la commune de Dolo dans la province de la Bougouriba (région du Sud-Ouest) va vibrer au rythme de la Foire régionale agro-sylvo-pastorale et halieutique. Cette festivité, qui se déroulera sous la présidence d’honneur de Mgr Der Raphaël Dabiré, évêque de Diébougou, est à l’initiative de l’Association Femme lève-toi et marche (AF/LM) que préside Eulalie Dabiré, la directrice de GRAAP-Afrique. Au-delà des expositions-ventes, cette foire est un moment d’échange et de formation des acteurs du monde paysan. C’est pourquoi des conférences sous forme de panels seront au menu. La fête prendra une allure culturelle avec l’implémentation de la Nuit de la femme du Sud-Ouest le samedi 26 février. Au cours de cette soirée, il y aura un défilé de mode et l’élection de la femme du Sud-Ouest.

 

Cette foire régionale se veut une fête biannuelle tournante. La première édition a eu lieu en 2016 à Djikoloko, la seconde à Diébougou en 2020. Dolo abrite donc la 3e édition.

 

 

 

Tipoko l'Intrigante n'apprend rien d'elle-même, elle n'invente jamais rien. Tipoko l'Intrigante est un non-être. Elle n'est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l'intuition c'est la faculté qu'a une femme d'être sûre d'une chose sans en avoir la certitude..."

 

 

 

Ainsi va  la vie.

 

Au revoir.

 

 

 

Ton cousin

 

 Passek Taalé

 

Dernière modification ledimanche, 20 février 2022 19:54

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