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Effondrement d’immeubles : Quand on construit sur les sables mouvants de la corruption…

 

Nos ancêtres les Gaulois avaient une grande hantise : que le ciel leur tombe sur la tête. Il est vrai qu’à leur époque, ils ne pensaient pas aux toits de leurs maisons, les constructions à plusieurs niveaux n’étaient d’ailleurs pas légion, pour ne pas dire qu’elles étaient inexistantes. Pour nous autres Africains, par ces temps qui courent, la grande peur est qu’un immeuble s’écroule sur nous.

 

 

En l’espace de deux semaines, ce sont deux immeubles qui se sont effondrés en Côte d’Ivoire. Pour le dernier en date, il s’agit d’un petit immeuble d’habitation de quatre étages construit seulement en 2013, dans le quartier Cocody à Abidjan, qui s’est écroulé dans la nuit du dimanche 6 au lundi 7 mars 2022. Un bilan provisoire avait fait état de cinq morts. Pas plus tard que fin février, un autre immeuble dans la même ville, de sept étages celui-là, s’est affaissé, tuant sept personnes et faisant 21 blessés. Décidément c’est la loi des séries dans un pays ou pas moins de douze immeubles se sont écroulés depuis 2021, faisant des morts et de nombreux blessés.

 

A qui la faute ? En réalité, notre pire ennemi, c’est nous-mêmes,  les règles que nous avons édictées étant toujours les moins respectées. Et puis, n’accablons pas seulement la Côte d’Ivoire. Pour le cas du Burkina, ces dernières années, il ne se passe pas un mois sans que l’on parle d’un amphithéâtre ou d’une salle de classe qui a rendu l’âme. Pour ne parler que des infrastructures de l’enseignement supérieur, en septembre 2021, l’effondrement de la dalle d’un bâtiment en construction au sein de l’université Norbert Zongo a causé la mort de quatre personnes dont trois étudiants. En décembre de la même année, treize étudiants de l’université Joseph Ki-Zerbo à Ouagadougou ont été blessés suite à l’effondrement du plafond de l’amphithéâtre.

 

C’est dire que les deux récentes tragédies chez notre voisin reposent le problème du peu de sérieux qui règne dans la réalisation d’édifices : constructions sans autorisations, sous-dosage des matériaux, passation de marchés des plus opaques… Des édifices érigés sur les sables mouvants d’une corruption rampante et endémique qui va du ministre au dernier manœuvre. En réalité, ce qui arrive en Côte d’Ivoire est la chose la mieux partagée sous nos tropiques, l’essentiel étant que chacun puisse se mettre quelque chose dans la poche. Et ces gaffes ne se recrutent pas seulement dans la construction immobilière. Il en va de même dans beaucoup de domaines, notamment les transports, aussi bien terrestre, fluvial qu’aérien, avec la surcharge des moyens de locomotion «inch’allah». Des zones de non-droit en somme. Et l’on crie à la détresse quand le pire arrive, invoquant la fatalité.

 

Si l’on n’y prend garde, ces drames vont se multiplier tant qu’il n’y aura pas une prise de conscience collective et un châtiment exemplaire face aux différents manquements. L’heure de la sensibilisation est passée.

 

 

Issa K. Barry

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