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Une Lettre pour Laye : Les ministres de Roch privés de leurs avantages en avril

 

Cher Wambi,

 

Le mardi 10 mai 2022, la Chambre de première instance du tribunal militaire de Ouagadougou a rendu son verdict sur les intérêts civils (dédommagements) du procès sur l’assassinat du capitaine Thomas Sankara et de ses 12 compagnons d’infortune. Et comme attendu, c’est le franc symbolique qui sera versé à la famille du leader de la révolution d’Août-83 en guise de dédommagement. En ce qui concerne l’indemnisation  des familles des autres victimes du 15-Octobre, chaque ayant droit percevra une somme comprise entre 2,5 millions et 50 millions de francs CFA, suivant les cas.

 

 

Mais, cher cousin, en prenant connaissance du délibéré de ce procès, j’ai été surpris de constater que la Chambre n’avait accordé des dédommagements qu’à 12 familles au lieu de 13. Après moult vérifications, je me suis rendu compte que la famille qui manquait à l’appel était celle de la victime Alain Patrice Sibiri Zagré. Cette famille ne s’est pas constituée partie civile au procès et n’a pas non plus mandaté de représentant, ne serait-ce que pour suivre les débats à l’audience pénale et  à celle civile.

 

Je me suis renseigné pour savoir si la famille Zagré avait été indemnisée dans le cadre de la Journée nationale du Pardon en 2001-2002. Mais là encore, aucune trace d’elle dans le fichier des familles indemnisées.

 

Voilà donc des ayants droit qui, pour des raisons que nous ignorons encore, ont manifestement refusé de percevoir des subsides pour le préjudice moral et financier qui leur a été causé suite à la mort de Patrice Zagré.

 

Je dis bien manifestement, car la famille n’a pas voulu se joindre aux autres familles pour les différentes concertations qui ont eu lieu dans le cadre de la procédure judiciaire. Un participant assidu à ces rencontres m’a avoué que c’est une seule fois qu’un vieux est venu au nom des Zagré, que depuis on ne l’a plus revu et qu’il n’a jamais été remplacé par une autre personne de ladite famille. Voilà ce que je peux te dire, pour l’instant, sur l’absence de cette famille dans les annales du procès Sankara.

 

Mais je m’en voudrais énormément si je ne te précisais pas que les juges ont déclaré irrecevable la constitution de partie civile des ayants droit de feu Michel Koama, du nom de ce commandant de l’ETIR (Escadron de transport et d’intervention rapide). Koama et ses hommes étaient basés à Kamboinssin et il a été tué presque au même moment où le commando assassin, emmené par Hyacinthe Kanfando, ouvrait le feu sur Sankara et ses compagnons dans les locaux du Conseil de l’entente. Michel Koama, cela a été ressassé lors du procès, a été assassiné par Gaspard Somé.

 

Cher Wambi, comme tu le sais, en mai 2015 la justice a ordonné l’exhumation des restes des victimes du 15 octobre 1987. L’objectif, c’était de pouvoir faire des tests ADN afin de s’assurer de l’identité des occupants des 13 tombes creusées précipitamment et nuitamment dans la nécropole de Dag-Noën à Ouagadougou. Si les expertises balistiques ont été bavardes, les analyses ADN, elles par contre, ont été muettes. En effet, aucune information n’a pu en être tirée.

 

A présent que la première phase du procès est terminée, et en attendant que débute la seconde, puisque les condamnés ont interjeté appel du procès pénal, l’heure est venue de trouver une sépulture aux restes des corps exhumés.

 

Cette question est abordée par le procureur militaire Judith Pascaline Zoungrana dans un communiqué daté du mercredi 11 mai 2022. Voici l’extrait pertinent que je propose de lire à ce sujet : « En attendant le procès en appel, les mesures seront prises par les autorités compétentes en vue de procéder, en concertation avec les familles respectives, à l’inhumation des restes des corps exhumés courant mai 2015 au cimetière de Dag-Noën, pour les besoins de l’instruction. »

 

Des concertations, voire des tractations, auront lieu pour trouver et la date et le format et surtout le lieu de l’inhumation des restes de Sankara et de ses 12 compagnons. Des informations que j’ai pu glaner auprès des familles, il ressort qu’elles ne souhaitent plus que cet enterrement se fasse à la nécropole de Dag-Noën ou dans tout autre cimetière communautaire géré par la municipalité de la capitale burkinabè. Le vœu, que dis-je, l’exigence des familles est que l’Etat trouve une place idéale pour faire reposer les martyrs du coup d’Etat qui a porté Blaise Compaoré au pouvoir. Le Conseil de l’entente, où se trouve le mémorial Thomas-Sankara, ne serait-il pas approprié ? Que nenni, m’ont répondu mes interlocuteurs, pour qui ce site doit être exclu ne serait-ce que pour deux raisons : la première est que cette zone appartient aux Etats membres du Conseil de l’entente ; la seconde raison est que selon les familles, ce site est sinistre car chargé d’une histoire sombre, notamment à cause des atrocités qui ont pu s’y dérouler du temps de la Révolution et de la Rectification.

 

Alors, quel endroit pour faire reposer Sankara et ses 12 compagnons ? Bien malin qui saura le dire présentement.

 

Cher Wambi, l’avènement du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR) le 24 janvier 2022 a mis fin au pouvoir de Roch Marc Christian Kaboré. Le président déchu est resté aux mains des putschistes  un certain temps avant qu’un accord ne soit trouvé pour qu’il intègre une de ses résidences familiales ouagalaises. Quant à ses ex-ministres, ils ont été sommés de rester chez eux et de limiter leurs déplacements hors de la capitale.

 

Depuis le putsch, les ministres ont gardé leur sécurité même si entre-temps on leur a rapidement retiré les véhicules, les ordinateurs et autres moyens mis à leur disposition dans le cadre de leurs fonctions. Mais très vite, contrairement aux engagements du chef de l’Etat, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, les anciens chefs de départements ministériels vont voir leur garde de sécurité partir et les guérites aménagées devant leurs domiciles démontées. Pour certains anciens membres du gouvernement, ce départ est un soulagement car ils avaient l’impression d’être en quelque sorte dans une forme de résidence surveillée qui ne dit pas son nom, même s’ils avaient la liberté d’aller et de venir.

 

Cher cousin, dans notre pays, il est de coutume que le ministre garde ses avantages jusqu’à 6 mois après la cessation de ses fonctions. Alors j’ai voulu savoir si cette mesure est appliquée à l’équipe de Lassina Zerbo. J’ai pu établir que les ministres ont été payés jusqu’en mars 2022. Mais en avril ils n’ont rien perçu.

 

Voulant savoir ce qui a prévalu à cette coupure brutale des paiements, je me suis entendu raconter une histoire dont je n’ai pu bien cerner les contours. Grosso modo, il semblerait que ce soit le conseil d’Etat qui ait ordonné l’arrêt du versement des avantages aux anciens ministres. Comme je te l’ai dit, je n’ai malheureusement pas pu saisir grand-chose et le temps ne m’a pas permis de chercher à en savoir davantage auprès du grand juge administratif de notre pays. Mais ce n’est que partie remise. Je m’y emploierai et je t’éclairerai sur le sujet dans une de mes prochaines missives que je t’enverrai.

 

 

 

Cher Wambi, je ne suis pas un spécialiste des hydrocarbures mais je ne me faisais pas d’illusion sur une éventuelle augmentation des prix, tant redoutée. 

 

En effet, l’invasion de l’Ukraine  par  la Russie et la cascade de sanctions économiques, financières et diplomatiques contre le pays de Poutine ont enclenché un cocktail d’effets qui a fini par exploser à la pompe.

 

Conséquence : depuis hier jeudi 12 mai, le litre de  Super 91 est passé de 615 F CFA à 715, soit une hausse de 100 F CFA.

 

Même si je m’étais attendu à une valse des étiquettes à la pompe, jamais je n’aurais imaginé un tel niveau de renchérissement, car c’est la toute première fois dans notre pays que le prix de l’essence enregistre un tel  bond à donner le tournis.

 

Il n’en fallait pas plus pour que sur les réseaux sociaux, certains internautes fassent contre mauvaise fortune bonne blague en persiflant : « Quoi de plus normal que de fêter les 100 jours avec une augmentation de 100 F sur le carburant ? Joyeux anniversaire au MPSR ».

 

Mais plus sérieusement, je me demande si ce n’est pas un cumul d’ajustements qui vient d’être opéré d’un seul coup.

 

Comme tu ne le sais que trop, cher cousin, quand le prix du carburant flambe au niveau des stations-service, c’est tout le marché qui s’en trouve impacté.

 

Il faut donc s’attendre à une réaction en chaîne sur tous les produits et services, dont les prix ont déjà connu une évolution exponentielle.  

 

La preuve : dans le secteur des transports en commun, certaines compagnies ont aussitôt répercuté la hausse du prix du carburant sur le ticket de voyage.

 

Certes, cher Wambi, on ne saurait leur en vouloir pour cela. Mais de là à opérer des augmentations disproportionnées, c’est-à-dire  allant de 1000 F CFA à 1 500 F CFA dans certains cas, il y a de quoi s’étrangler d’indignation.

 

Connaissant l’impact du renchérissement du transport sur la vie socio-économique, il faut craindre que dans ce contexte de vie chère la flambée des prix du carburant ne soit la deuxième bombe à retardement, après l’insécurité, que Sandaogo va devoir désamorcer dans les plus brefs délais.     

 

Cher Wambi, à présent je t’invite à feuilleter avec moi le carnet secret de Tipoko l’Intrigante.

 

 

 

- Sitôt diffusé, sitôt retiré. « Ce fut une erreur de coordination », a tenté de justifier le porte-parole du gouvernement, Lionel Bilgo, à la sortie du Conseil des ministres du mercredi 11 mai dernier.

 

Rarement au Burkina Faso un spot publicitaire aura autant  réussi à faire l’unanimité sur sa condamnation comme on le constate sur  les réseaux sociaux.

 

En effet, à travers les antennes de la TNB, les téléspectateurs ont été témoins d’un spot publicitaire dont le déroulé et la pertinence jurent avec les canons de la communication politique dans le contexte actuel du Burkina Faso.

 

Dans la vidéo de plus de deux minutes, on aperçoit effectivement, entre autres, le président de la Transition, Paul-Henri Sandaogo Damiba, dans les nuages. Le commentaire dithyrambique (mal débité, soit dit en passant)  trahit l’intention des initiateurs de la vidéo de présenter le chef de l’Etat en messie, en sauveur de la nation. Morceau choisi : « Le président de la transition, militaire de terrain, homme de dialogue et patriote de premier rang ».

 

Inopportun, mal fagoté, ce spot publicitaire pèche aussi bien dans la forme que dans le fond. Pour tout dire, les commanditaires et les communicants militaires à l’origine de ce navet ont manqué d’inspiration. Plutôt que de verser dans la flagornerie de mauvais aloi, ils devraient mieux s’illustrer sur le seul terrain où on les attend, c’est-à-dire dans la lutte contre le terrorisme.

 

On ne sait pas si le président Damiba a visionné la séquence  avant diffusion, mais il gagnerait à être plus regardant sur pareille opération de com qui rappelle fâcheusement celle Mobutu descendant tout droit des nuages. 

 

 

 

- Au titre du premier ministère, le Conseil des ministres, en sa séance du mercredi 11 mai 2022, a adopté trois projets de lois portant respectivement statut de pupille, de héros ainsi que de martyr  et d’invalide de la nation. Ces textes, peut-on lire dans le compte-rendu, « permettront d’apporter un soutien efficace aux familles endeuillées ou devenues vulnérables du fait de certaines circonstances ou événements ayant marqué la vie de la nation ». On ne peut que se réjouir des efforts consentis par l’Etat pour venir en aide aux ayants droit, notamment aux veuves et orphelins des Burkinabè qui  ont payé de leur vie  pour défendre l’intégrité du territoire ou pour asseoir une véritable démocratie. Et quand ils ne sont pas tombés au champ d’honneur, beaucoup, FDS comme civils, portent toujours dans leur chair les marques indélébiles de ces événements douloureux. Que ce soit sur le plan symbolique ou matériel, rien, de toute façon, ne sera jamais de trop pour traduire la reconnaissance de la nation.

 

Cela dit, le chemin de l’enfer, comme on dit, est pavé des meilleures intentions et j’espère que les experts en légistique sauront trouver la bonne formule pour que ce ne soit pas source de division supplémentaire pour un pays qui n’en mène déjà pas large. En disant cela, je pense notamment au distinguo qui sera fait dans ce martyrologe,  entre ceux qui mériteront le statut de héros de notre Panthéon national et ceux qui se contenteront, si on peut dire, de la qualité de simple martyr. Il faudra donc bien ciseler ces textes qui seront transmis à l’Assemblée législative de transition (ALT)  pour ne pas créer de frustrations inutiles au moment où on appelle à l’union sacrée  des filles et des fils du Faso pour éradiquer le fléau terroriste, qui menace de nous emporter.  

 

 

 

 

 

 

 

- Nous avons reçu de l’ayant droit de F. Traoré Souleymane une lettre ouverte adressée au DG de BOA /Burkina Faso :

 

Ouagadougou, le 12 mai 2022

 

Objet: Demande de suite pour une succession de compte

 

 

 

Suite au décès de notre père, j'ai été mandaté par mes sœurs et frères pour procéder à la fermeture de son compte N° 977 265 ouvert à BOA/Burkina Faso. J'ai alors pris contact avec le département juridique de la BOA afin de connaître la procédure à suivre. Les pièces à fournir ont été minutieusement réunies et déposées au siège de la BOA/ Burkina Faso le 20 octobre 2021. Après vérification des pièces constitutives, le dossier a été réceptionné par l'agent en poste (une dame, je précise). Connaissant l'un des grands maux de notre administration, la lenteur pour ne pas la citer, j'ai voulu savoir dans combien de temps je pourrais repasser. Face à cette "embarrassante" question, l'agent s'est contenté de me dire que je serais contacté par téléphone. En fin décembre 2021, j'ai contacté pour la première fois l'agent ayant réceptionné le dossier afin de m'informer des suites du dossier. J'ai eu l'honneur de savoir que «le traitement du dossier est en cours ». Mes appels s'étant répétés dans le temps (décembre 2021 à mai 2022), donc ennuyants pour l'agent de la BOA, il a simplement opté de ne plus décrocher. Je signale que notre père n'a JAMAIS contracté de prêt auprès de la banque et que je suis allé dans cette banque pour demander le remboursement d'une somme détenue par la banque et qui appartient à notre défunt père. Je ne suis pas allé pour demander l'aumône ou toute autre forme d'assistance sociale. Le problème, c'est quoi? Je cherche à comprendre et en même temps j'imagine combien nous sommes dans cette malheureuse situation et combien ont tout simplement abandonné parce que las d'attendre.

 

 

 

Deux (02) questions à Monsieur le Directeur général:

 

 

 

1-Quels sont les actes à accomplir (parcours du dossier) dans le traitement d'un dossier de succession?

 

2-Quel est le délai approximatif pour le traitement d'un dossier de succession ?

 

Vos réponses permettront aux demandeurs d'un tel service d'éviter des déplacements ou appels inutiles à la banque (perte de temps, consommation de carburant, frais de parking, risques divers, etc.) et aussi soulageront probablement vos agents qui ne savent plus finalement quoi dire à la personne qui suit son dossier.

 

Dans l'espoir d'avoir une prompte réponse de votre part, je vous prie de recevoir l'expression de mes sentiments respectueux.

 

 

 

Un ayant droit désabusé

 

 

 

- Le gouvernement a organisé un concours de recrutement de 36 magistrats en novembre 2021, dont les résultats ont été proclamés en février 2022. Cela faisait pratiquement 3 ans qu’aucun élève-magistrat n’avait été recruté dans notre pays. En cause, les recours en justice qu’introduisent certains candidats contre d’autres ou encore les plaintes formulées par des candidats admis sur la liste d’attente contre certains sur la liste des admis. Du coup, le dernier concours organisé n’a pas échappé à cette bataille juridique. Par exemple, avec la fin de la délivrance de la maîtrise dans les universités, quel est l’équivalent de ce diplôme pour pouvoir prendre part au concours de la magistrature ? Sur cette question il y a beaucoup de plaintes car les titulaires de la licence du système LMD prétendent remplir les conditions. L’autre aspect, ce sont les candidats admis à différents concours mais qui préfèrent rejoindre la magistrature alors qu’ils avaient déjà commencé la formation pour une autre profession. Souvent, les gens de la liste d’attente veulent que ceux-ci soient dégommés à leur profit.

 

Le conseil d’Etat a vidé l’ensemble de ses saisines et la liste des admis est devenue définitive. Ainsi, les 36 élèves-magistrats ont pu faire leur rentrée des classes à l’ENAM (Ecole nationale d’administration et de magistrature) le lundi 9 mai 2022.

 

 

 

Tipoko l'Intrigante n'apprend rien d'elle-même, elle n'invente jamais rien. Tipoko l'Intrigante est un non-être. Elle n'est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l'intuition c'est la faculté qu'a une femme d'être sûre d'une chose sans en avoir la certitude..."

 

 

 

Ainsi va  la vie.

 

Au revoir.

 

 

 

Ton cousin

 

 Passek Taalé

 

Dernière modification ledimanche, 15 mai 2022 20:17

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