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Une Lettre pour Laye : Les Burkinabè dansent sur un volcan en fusion

 

Cher Wambi,

 

Le mois d’août est là depuis maintenant deux bonnes semaines et, avec lui, son corollaire de précipitations  interminables, parfois de vrais orages ou alors ce sont des  pluies fines qui tombent toute la journée. Déjà les effets néfastes commencent à se ressentir ici et là avec des inondations qui ont parfois plongé certains de nos compatriotes dans la désolation. Le drame c’est que nous ne sommes pas encore au bout de nos peines, si j’en crois en tout cas ce que dit le système de veille continentale météorologique. Dans son dernier bulletin, il faisait en effet cas de « perspectives multirisques pour les cinq prochains jours », notamment de pluies extrêmes possibles en Côte d’Ivoire, au Ghana, au Mali, au Sénégal, au Tchad et… au Burkina avec une alerte de niveau 4. Prudence redoublée donc et prenons toutes les dispositions qui s’imposent pour éviter le pire. Ou, à tout le moins, limiter les dégâts.

 

 

En attendant, voici, cher cousin, le relevé pluviométrique hebdomadaire sur la période du 11 au 17 août.

 

- Bobo-Dioulasso : 159,1 mm

 

- Bogandé : 89,3 mm

 

- Boromo : 114,8 mm

 

- Dédougou : 78,7 mm

 

- Fada N’Gourma : 46,4 mm

 

- Gaoua : 89,4 mm

 

- Ouagadougou aéroport : 64,5 mm

 

- Ouahigouya : 35,1 mm

 

- Pô : 85,3 mm.

 

 

 

Cher Wambi, pour paraphraser l’ancien présentateur du JT de Tf1,  Roger Gicquel,  le Burkina a  peur. Oui, nous avons peur pour notre pays. Nous avons  peur des ravages que pourraient faire certains  messages  qui refont surface à intervalles réguliers, les uns plus nauséabonds que les autres, incitant à la haine ethnique voire à l’extermination de certains de nos compatriotes dont le seul crime est d’appartenir à une communauté considérée comme étant le vivier terroriste où les prétendus djihadistes qui ont juré notre perte recrutent l’essentiel de leurs combattants. Comme si les méfaits d’une infime minorité de brebis galeuses devaient être payés par l’écrasante majorité qui a toujours vécu, et qui continue de vivre en bonne intelligence avec les autres composantes de la nation. Cette fois, les menaces sont venues du Sud-Ouest où le gouverneur a été obligé de monter au créneau pour mettre en garde les auteurs de ces faits constitutifs de délits et crimes. Mais au-delà de ces condamnations de pure forme, il faut que la puissance publique se donne les moyens de traquer et punir à la hauteur de leurs péchés tous ces pyromanes qui s’amusent à jouer avec le feu.

 

Et comme si cela ne suffisait pas, cher cousin, voilà que les Forces de défense et de sécurité sont accusées, une fois de plus, d’exécutions sommaires sur certains théâtres d’opérations. Vrai ou faux, je ne saurai te le dire. Ce dont je suis sûr par contre, c’est que la récurrence de ces griefs inquiète.

 

Car quelle que soit la haine, bien humaine au demeurant, que nos FDS peuvent nourrir à l’encontre de ceux et celles qui les prennent pour cibles et massacrent de pauvres civils aux mains nues, elles doivent éviter de perdre leur âme en tombant dans des excès comme les exécutions extrajudiciaires. Une armée régulière ne saurait en effet se comporter comme une horde de combattants sans foi ni loi au risque même de faire le jeu de l’ennemi. Car si ça se trouve, c’est peut-être même ce qu’ils ont toujours espéré, nous faire tomber dans un piège inextricable où on ferait le sale boulot à leur place en nous exterminant mutuellement. Et il faut craindre, si ça continue, que ce qu’ils souhaitent finisse par se produire. Evitons donc de danser de manière insouciante au-dessus d’un volcan en fusion car si, à Dieu ne plaise, cela devait arriver, personne n’en sortirait indemne. Du reste un terroriste, réel ou présumé est toujours plus utile vivant que mort car on peut en soutirer de précieux renseignements pour la suite de la lutte.       

 

 

 

Cher Wambi, du Conseil national de transition (CNT) de Chériff Sy à l'Assemblée législative de transition (ALT) d'Aboubacar Toguyeni en passant par l'Assemblée nationale de Salif Diallo puis d'Alassane Bala Sakandé, c'est un véritable parcours du combattant pour les travailleurs de l'Assemblée nationale incendiée le 30 octobre 2014. On se souvient que ce jour-là, les insurgés, décidés à faire barrage au projet de modification de l'article 37, avaient mis à sac ou dans les flammes tout ce qu'ils trouvaient sur place. C'est ainsi qu'en plus des députés, une vingtaine d’agents du Parlement ont vu leurs motos ou véhicules brûlés ou emportés par les manifestants. Montant estimé du préjudice, 109 059 898 F CFA, correspondant à des indemnisations allant de 1 651 000 F CFA à 11 424 000 F CFA pour 21 victimes au total.

 

A en croire l’un des sinistrés qui est venu me conter son désarroi car il attend toujours réparation, leur dossier a été introduit au HCRUN qui, après avis favorable, l'a transmis aux autorités compétentes, à savoir l'Assemblée nationale, pour le décaissement.

 

Le processus de dédommagement qui avait connu quelques avancées est depuis le coup d'Etat du 24 janvier de nouveau sur cale.

 

Pourtant, à en croire mon visiteur, il ne manquerait plus que la signature de l'actuel patron du Perchoir pour débloquer les fonds nécessaires.

 

Beaucoup ne comprennent pas ce qui cloche avec leurs sous surtout que les ex-députés, eux, seraient rentrés en possession de leur dû depuis décembre dernier.

 

Cher Wambi, on ne le sait que trop, le nomadisme politique est l’une des maladies infantiles de la démocratie burkinabè. Et contrairement aux animaux, pour la faune politique, il n’y a pas de période pour la transhumance qui est loin d’être saisonnière. Ça migre à tout moment, au moindre coup de vent ou en cas de bourrasque. Le syndrome des démissions aurait-il donc atteint de nouveau l’UNIR-MPS ? En tout cas des informations font état de démissions très prochaines du secrétaire national chargé de la Jeunesse, Me Edasso Rodrigue Bayala, du 2e vice-président, Batio Nestor Bassière, ancien ministre de l’Environnement, et vice-président de l’Assemblée nationale avant les événements du 24 janvier 2022, et de bien d’autres grosses pointures du parti de l’œuf.

 

Ceux qui avaient été qualifiés d’orpailleurs en juillet 2020 lorsqu’ils ont osé, s’agissant de Maître Bayala et de ses camarades du Sanguié, quitté avec fracas le MPP, vont-ils aller voir ailleurs ? Iront-ils créer leur propre parti politique où prendront-ils une retraite politique anticipée ? Tout porte à croire qu’ils n’iront pas dormir sur leurs lauriers au moment où le paysage politique est en pleine recomposition.

 

L’annonce faite depuis sa base à Bobo-Dioulasso par le ministre Bassière le 7 août dernier a jeté le pavé dans la mare UNIR/MPS.

 

A écouter les bruits de couloirs, tout semble indiquer que l’honorable Bayala Edasso Rodrigue et ses camarades  s’apprêteraient  à se joindre  au ministre Bassière, à Me Birba Christophe (démissionnaire du parti CPS G3 il y a quelques mois) et à bien de cadres d’autres provinces pour lancer leur propre affaire.

 

S’il est une expression, cher Wambi, qui a fait le buzz ces derniers temps dans notre pays meurtri, c’est bien celle d’ « idiot utile » utilisée par l’ambassadeur de France, Luc Hallade dans son discours du 14-Juillet. L’historique de ce vocable remonte au grand bolchevik Lénine qui employait aussi indifféremment l’appellation « imbécile utile » ou également «compagnon de route».

 

A titre d’exemple, le social démocrate Alexandre Kerenski qui a dirigé le gouvernement provisoire en Russie après la révolution bourgeoise de 1917 fut à sa façon un idiot utile, puisqu’il a préparé sans le savoir la révolution communiste appelée Grande révolution d’octobre». De même furent des idiots utiles les stratèges allemands qui, pendant la première guerre mondiale, ont favorisé le retour de Lénine et de ses amis en Russie par le fameux train plombé. Eux comptaient sur le révolutionnaire pour hâter la signature de l’armistice par la Russie,  alors que sans le savoir ni le vouloir ils hâtaient aussi l’avènement de la plus grande révolution que le monde n’a jamais connue. Bref, l’expression idiot utile n’est pas à prendre au pied de la lettre, car elle a désigné souvent même de grands intellectuels, voire des savants de bonne foi mais qui par angélisme ou par immaturité politique ou idéologique se sont faits manipuler par des intérêts auxquels ils étaient étrangers. Cher Wambi, comme tu le vois, il n’y a vraiment pas de quoi piquer la mouche.

 

Pour en savoir davantage, le lecteur pourrait se reporter à l’ouvrage de Vladimir Volkoff intitulé : Petite histoire de la désinformation (Du cheval de Troie à Internet).

 

 

 

Editions Du Rocher

 

 

 

 

 

Cher Wambi, je t’invite maintenant à parcourir le carnet secret de Tipoko l’Intrigante qui y a consigné les quelques éléments que voici :

 

 

 

 

 

- La lutte contre la divagation des animaux ? Connaît pas dans la ville de Kaya. Que  ce soit dans les ruelles ou sur le bitume, l'usager doit faire preuve de vigilance s'il tient à arriver sain et sauf à destination, tant les moutons, bovins et autres caprins ont fait des lieux leur domaine de pitance. Quand on se rappelle qu'un des villages de Mané, Bokin en l'occurrence, à une quarantaine de kilomètres de la capitale des cuirs et peaux, avait été plébiscité sous la Révolution pour son exemplarité dans la lutte contre la divagation des animaux, on s'interroge sur le silence des autorités de ce qui est devenu, depuis un certain 18 novembre 2021, la « capitale des lance-pierres antidrônes ». Autres temps, autres préoccupations ? Il est vrai qu’avec le terrorisme et son cortège de déplacés internes, les autorités ont, si on ose dire, des chats plus urgents à fouetter.

 

 

 

 

 

- Insolite ! Du jamais vu depuis la nuit des temps ! Des singes qui jouent les perdreaux ! C'est la triste réalité qu'ont vécue cette saison d'hivernage les agriculteurs sur l'axe Kaya-Mané, dans la province du Sanmatenga. Faute de fruits sauvages et menacés d'une mort certaine, ces primates ont trouvé cette astuce : dès que le paysan rentre après avoir ensemencé arachides et autres pois de terre, ils descendent des arbres d'où ils le guettaient sans inquiétude, protégés qu'ils sont, et déterrent simplement ce qui vient d'être enfoui. Le pauvre paysan ne fait que constater donc les dégâts le lendemain. A cette allure…

 

 

 

 

 

- Jusque-là épargnées par les attaques terroristes, certaines localités des provinces du Sanmatenga et du Namentenga (région du Centre-Nord) situées à proximité du tronçon de la route nationale n°15 Boulsa-Kaya semblent être désormais dans le viseur des groupes armés. Et cela, malgré les opérations conjointement menées par les Forces de défense et de sécurité (FDS) ainsi que les Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) dans les localités à fort défi sécuritaire et les zones d’intérêt militaire vidées des populations civiles. Selon les informations, des individus lourdement armés ont fait irruption à Bonam, une bourgade de Boulsa, dans la journée du jeudi 18 août 2022. Dans cette localité traversée par la RN15 et située à une dizaine de kilomètres du centre-ville de Boulsa, les indésirables visiteurs ont, comme à l’accoutumée lors de leurs premières incursions, effectué des prêches pacifiques. Auparavant, des individus armés avaient visité le 11 août dernier Kango-Sanrgo, village de la commune de Pibaoré dans la province du Sanmatenga. Selon des indiscrétions, ceux-ci avaient transmis des messages de terreurs aux habitants dudit village situé à moins de 10 kilomètres du centre-ville de Pibaoré.

 

En rappel, des individus armés avaient, le 18 juillet 2022, incendié les locaux de la mairie de Boala et saccagé des antennes de téléphonie mobiles dans le chef-lieu de la commune de Boala situé à une cinquantaine de kilomètres de Kaya.   

 

 

 

 

 

- 19 août 2017 - 19 août 2022. Aujourd’hui cela fait cinq ans jour pour jour que Salif Diallo, alors président de l’Assemblée nationale, est décédé subitement en France alors qu’il y était en vacances. Pour le repos de son âme, un doua aura lieu aujourd’hui même à partir de 8h à son domicile de Ouaga 2000.  

 

 

 

Tipoko l'Intrigante n'apprend rien d'elle-même, elle n'invente jamais rien. Tipoko l'Intrigante est un non-être. Elle n'est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l'intuition c'est la faculté qu'a une femme d'être sûre d'une chose sans en avoir la certitude..."

 

 

 

Ainsi va  la vie.

 

Au revoir.

 

 

 

Ton cousin

 Passek Taalé

Dernière modification ledimanche, 21 août 2022 19:36

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