Menu

Sommet extraordinaire de la CEDEAO à New York : Les présidents Goïta et Doumbouya, ces poils à gratter de l’organisation régionale

 

Sauf erreur ou omission, de mémoire de journaliste, c’est une première pour la CEDEAO de tenir un sommet des chefs d’Etat, à New York. Ce sommet, tenu hier en marge de la 77e Assemblée générale de l’ONU, a donc été extraordinaire à double titre ; et par les circonstances de temps et par celles de lieu. Tout le contraire pour l’ordre du jour qui porte sur la situation politique en Guinée et au Mali. En effet, la CEDEAO met un point d’honneur à convaincre les pouvoirs de transition à en sortir rapidement en suivant un calendrier bien calé sur 24 mois. Elle doit cependant compter avec  l’agenda particulier des nouveaux maîtres à Bamako et à Conakry.

 

A Bamako Goodluck Jonathan, le médiateur attitré de la CEDEAO, non sans peine et avec l’appui des chefs d’Etat, a réussi à arracher un calendrier électoral acceptable. Même si sa mise en œuvre est quelque peu poussive, c’est plutôt le dossier brulant des 49 militaires ivoiriens arrêtés le 10 juillet à Bamako qui a été le menu principal du sommet de New York. En effet, c’est le président Alassane Ouattara, qui à l’issue d’une réunion du Conseil national de sécurité de Côte d’ivoire, avait décidé de s’en remettre à la CEDEAO pour cette question.

Cette saisine de l’organisation régionale par la partie ivoirienne qui a eu des mots durs contre les autorités maliennes, accusées ouvertement de menacer plus que le bon voisinage mais aussi la paix régionale est une preuve que l’option diplomatique reste celle privilégiée par Abidjan. Jusqu’à quand ? Car le communiqué final du Conseil national de sécurité ivoirien avait donné des indications sur l’agacement des autorités devant ce qu’elles ont qualifié de « chantage », « de prise d’otages », exigeant « la libération immédiate » des 46 soldats encore détenus.

Peine perdue pour Alassane Ouattara car Assimi Goïta persiste et signe dans la détention des soldats ivoiriens, invoquant les poursuites judiciaires à leur encontre et appelant à la poursuite des négociations bilatérales. Mais la CEDEAO, par la voix de son président en exercice, Emballo Cissoko de la Guinée Bissau, corrobore les déclarations des autorités ivoiriennes et du secrétaire général des Nation unies, qui ont affirmé que les soldats arrêtés ne sont pas des mercenaires. Le sommet extraordinaire de l’organisation régionale s’est engagé dans la brèche ainsi ouverte en sommant le Mali de libérer immédiatement les prétendus mercenaires sous peine de « sanctions lourdes.»

Lourdes sanctions, Mamadi Doumbouya et sa junte poussent aussi la Guinée dans cette galère des mauvais élèves de la CEDEAO. Ils se sont défini un agenda de sortie de la transition élastique de 36 mois. Ce n’est pas acceptable pour la CEDEAO qui les raisonne en vain de s’en tenir à 24 mois. Pas sûr que le médiateur de la CEDEAO, l’ancien président Boni Yayi, ait fait un rapport favorable sur la volonté de Mamadi Doumbouya de respecter les exigences de l’organisation commune.

Au demeurant, comme deux complices qui se rient de leurs détracteurs et se murmurent à l’oreille des bottes secrètes pour leur résister victorieusement, c’est à la veille de la réunion de leurs homologues à New York, que Doumbouya rendait visite à Goïta. On peut comprendre cette solidarité entre pays voisins sans accepter leur intransigeance au-delà du diplomatiquement correct vis-à-vis de l’organisation communautaire. A deux, le Mali et la Guinée ne seront jamais plus forts que les 13 autres pays de la CEDEAO.

Qu’importe ! Pour l’instant, Assimi Goïta et Mamadou Dombouya ne sont que des poils à gratter d’une solidarité régionale vieille de presque 50 ans.       

 Zéphirin Kpoda

Dernière modification ledimanche, 25 septembre 2022 19:13

Ajouter un Commentaire

Code de sécurité
Rafraîchir

Retour en haut