Affaire 46 soldats ivoiriens à Bamako :Chronique d’une libération avortée
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Rendez-vous manqué au bord de la Lagune Ebrié. En effet, la date du samedi 8 octobre 2022 était annoncée comme celle de la libération de 46 soldats ivoiriens toujours détenus à Bamako, accusés, depuis le 10 juillet dernier, de « tentative d’atteinte à la sûreté de l’Etat ».
Mais la ferveur des Ivoiriens pour réserver un « Akwaba » (1) à leurs militaires est retombée comme un soufflet. Espoir douché donc au moment où tout laissait entrevoir la fin du bras de fer entre Abidjan et Bamako. En effet, plusieurs sources diplomatiques ont annoncé l’éventualité de cette libération, de même que le chef de l’Etat ivoirien, Alassane Dramane Ouattara. Celui-ci, au cours d’un point de presse avec son homologue togolais Faure Gnassingbé, facilitateur et médiateur dans ce dossier de 46 militaires, déclarait : « nous pensons que très rapidement nous aurons sans doute un heureux aboutissement ».
Qu’est ce qui est donc à l’origine de ce nième rebondissement dans cette guerre des nerfs qui n’en finit pas d’empoisonner les relations entre les autorités ivoiriennes et les colonels de Bamako ? Selon certaines sources, la pierre d’achoppement serait à rechercher sur le lieu de la libération des militaires ivoiriens, alors que certaines confidences indiquaient par contre, que c’est Lomé qui devait servir de zone de transit. Mais pour certains, la cause véritable de ce rendez-vous manqué est à rechercher du côté de la palinodie dont ont toujours fait montre les autorités maliennes dans la gestion de cette crise. En effet, après avoir renoncé à l’extradition d’opposants maliens en exil à Abidjan en guise de contrepartie de l’élargissement des 46 éléments des Forces de défense et de sécurité ivoiriennes, le colonel Assimi Goïta en ferait de nouveau une condition. Mais cette fois-ci par des moyens détournés : aller jusqu’au bout de la judiciarisation de l’affaire par une condamnation de ceux qu’il qualifie de mercenaires et par la suite faire miroiter la grâce présidentielle. Ce qui reviendrait à une forme de chantage dans l’espoir qu’Abidjan se résignerait enfin à extrader Karim Kéita, le fils de l’ancien président IBK et ses camarades d’exil dans la ligne de mire de la junte militaire.
Ainsi donc, ni la médiation togolaise, ni l’intervention de la CEDEAO dont une délégation de haut niveau a séjourné le jeudi 29 septembre et encore moins les appels de l’ONU ne sont parvenus à assouplir la position de Bamako. Pourtant, il faut bien qu’une solution négociée dans les meilleurs délais soit trouvée afin de circonscrire une crise qui, si elle est mal gérée, pourrait avoir des conséquences désastreuses sur la stabilité déjà fragile dans la sous-région ouest-africaine.
Lévi Constantin Konfé
(1) Qui signifie bonne arrivée, bienvenue.
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