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Retrait contingent ivoirien du Mali : Quand l’Eléphant bat en retraite

Pour le gouvernement malien, ça doit même être un bon débarras. La Côte d’Ivoire par une lettre adressée à Jean-Pierre Lacroix, secrétaire général adjoint aux opérations de paix des Nations unies, a annoncé le départ de ses troupes du Mali.

 

La Mission permanente de la Côte d’Ivoire auprès des Nations unies a en effet confirmé le retrait graduel des militaires et policiers ivoiriens déployés auprès de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA).

A l’horizon 2023, il ne devrait plus avoir sur le sol malien des soldats venus de la Lagune Ebrié. Première conséquence de cette décision, note la correspondance, « La relève de la compagnie de protection basée à Mopti ainsi que le déploiement des officiers d’état-major et des officiers de police prévus respectivement en octobre et en novembre 2022 ne pourront plus être effectués ».

A l’évidence, ce retrait est la résultante de la tension politico-diplomatique entre les deux pays au sujet de l’affaire dite des 49 mercenaires. En rappel, en juillet 2022, une quarantaine de soldats ivoiriens ont été arrêtés au Mali, accusés d’être des mercenaires. La Côte d’Ivoire, elle, affirme que lesdits soldats font partie d’un contingent de sécurité et de logistique travaillant dans le cadre de la mission de maintien de la paix.

Si trois femmes soldats sur les 49 du contingent avaient été libérées suite à l’entregent du médiateur, le président togolais, Faure Gnassingbé, le plus grand nombre de la troupe est encore incarcéré à Bamako, malgré les tractations souterraines pour dégeler l’axe Bamako-Abidjan.

C’est donc bien 900 Casques bleus en moins pour la Mission au Mali. Il faut croire d’ailleurs qu’il y a comme une débandade généralisée des troupes extérieures au Mali, qui fuient littéralement le pays comme un radeau en perdition.

Pas plus tard que le lundi 14 novembre dernier, le Royaume-Uni avait également annoncé le départ des sujets de Sa Majesté, le roi Charles III, dont le concours dans la lutte contre le terrorisme était pourtant bien apprécié. Ce départ des Britanniques intervient, rappelons-le, après ceux de la Suède, de la Force européenne Takubaet… et… bien sûr de la France.

L’opération Barkhane dont la fin officielle a été annoncée le mercredi 9 novembre 2022 à Toulon par Emmanuel Macron, a en effet été littéralement poussée à la sortie par le colonel Assimi Goïta, qui a préféré tourner le dos à Paris pour se jeter à corps perdu dans les bras des mercenaires russes de Wagner, dont l’impact sur le terrain est pour le moins sujet à caution.

A côté de ceux qui ont définitivement fait leur paquetage, il y en a d’autres, comme l’Allemagne qui a suspendu ses opérations militaires au Mali dans le cadre de la coopération entre les deux pays. Une coopération matérialisée par un déploiement de près de 300 hommes, une implication dans les domaines de la reconnaissance, de la protection des points sensibles et du soutien opérationnel. Outre cela, l’Allemagne met à disposition des capacités de transport aérien pour le ravitaillement des forces armées maliennes ainsi que du matériel de reconnaissance au sol et dans les airs, afin de fournir une image globale de la situation.

Tout se passe donc comme si la coopération entre le soutien extérieur et la Transition devient impossible. Et au rythme où les rangs sont en train de se clairsemer, il ne restera guère plus que les FAMA et les chasseurs de primes de Wagner. Après donc ces défections tous azimuts, on se demande bien à qui le tour.

On sait que la défense de la sécurité et de l’intégrité du Mali est l’affaire des Maliens eux-mêmes, mais en travaillant à faire le vide autour d’elles, les autorités maliennes compliquent un peu plus une situation qui n’est déjà pas bien reluisante. Surtout que malgré leur « montée en puissance », si l’on croit la vulgate officielle de Koulouba, l’armée malienne n’est pas en mesure de combler le vide laissé par ses différents partenaires.

Or c’est bien connu, le terrorisme comme la nature, a horreur du vide, qui pourrait être rapidement comblé pour le malheur du Mali, mais aussi de ses voisins nigériens et burkinabè.      

 

D. Evariste Ouédraogo

Dernière modification lemercredi, 16 novembre 2022 21:31

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