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Une Lettre pour Laye : Des VDP de luxe pour la guerre populaire

 

Cher Wambi,

 

Comme tu le sais, c’est ce vendredi 18 novembre 2022 que prend fin l’enrôlement des Volontaires pour la défense de la patrie (VDP). J’espère qu’au décompte final on aura les 50 000 volontaires, soit 15 000 nationaux et 35 000 communaux. Les autorités, tu te rappelles, avaient été obligées de proroger la période dédiée aux inscriptions car non seulement ce n’était pas l’affluence dans les lieux d’enrôlement, mais aussi parce que la fourniture de certains documents administratifs posait problème. J’espère donc que cette prorogation n’aura pas été vaine.

 

 

Cher cousin, sur cette dernière ligne droite des inscriptions, on a vu fleurir à côté des vrais volontaires, c’est-à-dire ceux qui remplissent toutes les conditions physiques, des personnalités qui, pour une raison ou une autre, ont rejoint les centres d’enrôlement pour s’inscrire sur les listes. Je peux citer par exemple le doyen Me Titinga Frédéric Pacéré, Me Stanislas Bénéwendé Sankara, le ministre des Sports, Issouf Sirima, et celui de l’Enseignement supérieur, Adjima Thiombiano, sans oublier Alouna Traoré, le seul survivant des évènements du 15-Octobre 87.

 

Concernant Me Pacéré, on se doute bien que du haut de ses 79 ans, il ne va pas aller au front et que sa décision de s’enrôler procède plus d’une volonté d’exhorter les jeunes à aller s’inscrire.

 

De prime abord, on ne peut que saluer l’engagement patriotique de toutes les personnalités qui sont allées s’enrôler. Mais on ne peut s’empêcher aussi d’y voir une forme de communication, de folklore et de marketing politique. Si c’est le cas, c’est ridicule et minable que des gens cherchent à faire leur propre marketing politique autour d’une cause si sérieuse. Et dans ce cas, ce marketing effréné est des plus indécents.

 

C’est pourquoi, cher Wambi, j’espère que ces VDP de luxe vont effectivement être appelés et incorporés dans les rangs des défenseurs de la patrie, sinon ce serait dénaturer l’idée de la guerre populaire généralisée prônée par les autorités.

 

En outre, cher cousin, il faut savoir que les vrais VDP ne clament pas sur tous les toits qu’ils se sont enrôlés et c’est ce qui fait qu’on ne peut s’empêcher de voir dans le geste de ceux qui ameutent la presse pour relayer en mondovision leur enrôlement un zeste de communication.

 

Mais, cher Wambi, au-delà de tout cela, j’ai l’impression que les agents recenseurs travaillent au mépris des textes lorsqu’ils acceptent d’inscrire certaines personnes. En effet, les dispositions de l’article 19 de la loi de 2020 sont claires : « L’exercice du droit syndical ou l’appartenance aux organes dirigeants d’un parti ou regroupement de partis politiques ou d’une association à caractère politique sont interdits au Volontaire pour la défense de la patrie.

 

Toute personne désirant s’engager comme VDP et appartenant à un organe dirigeant quelconque d’une organisation à caractère politique ou syndical est tenue de démissionner dudit organe avant son incorporation ».

 

Au regard de cette disposition, il n’y a plus de place pour la tergiversation. Certaines personnes savent à présent ce qu’elles doivent faire, c’est-à-dire renoncer à leur enrôlement ou alors démissionner de leurs strapontins politiques pour descendre dans l’arène conformément à ce que la loi dit.

 

 

 

Cher Wambi, s’il fallait classer les villes africaines suivant le niveau d’incivisme, sans nul doute que Ouagadougou, à défaut de trôner sur le haut du podium, ne serait pas en reste.

 

Cette indiscipline endémique dans laquelle nous nous enfonçons chaque jour davantage et qui fait le lit de plusieurs fléaux, dont le terrorisme, est certes imputable aux citoyens pris individuellement mais aussi à la puissance publique. Une puissance publique, si vraiment c’en est une, impuissante à se faire obéir et à faire respecter les règles élémentaires d’une vie en communauté.

 

En effet, par exemple, que vaut aujourd’hui l’arrêté municipal réglementant la circulation et le stationnement des véhicules poids lourds dans la capitale ?  Rien !

 

Que devient, par exemple, le texte relatif à l'occupation du domaine public dans la commune de Ouagadougou ? Pas grand-chose !

 

Quid de la réglementation en matière de nuisances sonores ? De la simple garniture !

 

Sur ce dernier cas, il faut dire que la capitale est devenue une discothèque à ciel ouvert où les « maquis » rivalisent de décibels sans le moindre respect de la législation ou des droits des populations riveraines.

 

Pourtant, cher cousin, c’est connu, les  lieux de cultes, les écoles, les centres de santé et les habitations sont censés être protégés des désagréments liés aux activités des bars et autres bistrots : nuisances sonores, obstruction de la voie publique, insécurité, dépravation des mœurs et j’en passe.

 

Si j’évoque cette question, c’est que, cher Wambi, il est aujourd’hui cas d’un véritable calvaire que vivent des résidents du quartier Tampouy qui, de guerre lasse, ont fini par toucher le journal de ton oncle Nakibeuogo dans l’espoir que leur cri du cœur trouvera enfin une oreille attentive auprès des autorités compétentes.

 

En effet, tout est parti de l’ouverture du « maquis Galaxy Paillotte » qui trouble la tranquillité, nuit et jour, des populations riveraines.

 

Réunies en « Collectif des personnes résidant et affectées par les nuisances du « maquis Galaxy Paillotte », elles ont d’abord adressé en mai 2022 une plainte au secrétaire général de l’arrondissement 3 pour dénoncer, entre autres, « les tapages extrêmes du matin au soir », « l’occupation anarchique de la voie et de la devanture des domiciles », « les atteintes aux mœurs » et même des cas « de menaces et d’intimidations par armes des clients ».

 

Par voie de conséquence, le Collectif a appelé à la fermeture pure et simple du « maquis Galaxy Paillotte ».

 

La requête étant restée lettre morte, une autre correspondance est adressée cette fois-ci au secrétaire général de la commune de Ouagadougou pour les mêmes méfaits. Mais une fois de plus, rien n’y fit.

 

Une troisième démarche a été  entreprise auprès du ministre de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et de la Sécurité en mi-août. Alors que la police de Sig-Noghin s’est engagée à mener une enquête, le propriétaire du débit de boissons s’est lancé dans des travaux de réalisation d’une boîte de nuit « en face et en plein milieu des concessions », selon les plaignants.

 

Saisi à son tour, le président de la délégation spéciale de Ouagadougou, dans une lettre adressée au tenancier de « Galaxy Paillotte », relève d’abord l’illégalité de l’ouverture du « maquis » et le met « en demeure de procéder à la fermeture du débit de boissons dans un délai de soixante-douze (72) heures après » réception  de la correspondance.  

 

Après deux rencontres dans les locaux de la police municipale entre les personnes affectées et l’ensemble des propriétaires des « maquis » de la zone concernée, recommandation a été faite à ces derniers de diminuer la sonorisation de leurs établissements. Mais cette proposition n’est pas du goût des populations riveraines.  Début novembre, elles adressent alors  au président de la délégation spéciale de Ouagadougou leur souhait de voir appliquer la mise en demeure de fermeture.

 

Cher Wambi, à l’heure où je t’écris la présente lettre, les pauvres victimes de « Galaxy Paillotte » n’ont toujours pas été entendues et rien ne laisse présager la fin de leur souffrance.

 

Faut-il croire, comme certains, à une quelconque complicité entre le tenancier du débit de boissons et les autorités municipales qui font la sourde oreille face au cri du cœur des plaignants en échange de dessous de table ? 

 

En tout cas si rien n’est rapidement entrepris pour mettre fin à la situation, il faut craindre des lendemains explosifs. Car il m’est revenu que les jeunes de la zone concernée menacent de se faire entendre autrement que par la voie administrative.

 

 

 

Cher Wambi, c’est le journal « Africa Intelligence » qui a donné l’information dans son édition du mercredi 16 novembre 2022 : le Burkina Faso et le Togo auraient conclu un accord militaire en vertu duquel les soldats de chaque pays ont le droit de poursuivre les terroristes au-delà de la frontière jusqu’à 40 km sur le territoire de l’autre pays. En clair, si les Togolais pourchassent des terroristes et que ceux-ci parviennent à franchir la frontière, l’armée togolaise peut pénétrer sur le sol burkinabè pour les traquer mais sur une distance n’excédant pas 40 km après la frontière.

 

Les terroristes, comme tu le sais, préfèrent s’installer dans les zones frontalières et commettre leurs basses besognes. Ainsi, dès qu’ils sont en difficultés face à l’armée, ils franchissent la frontière tout en sachant que les soldats ne vont pas pénétrer sur le territoire étranger. Un tel accord, s’il est avéré, va quand même embêter un peu les fous d’Allah. Et Lomé ne peut que se frotter les mains car c’est du Burkina que les terroristes sont arrivés au Togo.

 

Cet accord serait aussi le signe de l’excellence des relations entre Ouagadougou et Lomé. Et sur ce point, on peut le dire, notre pays n’a pas de relations difficiles avec ses voisins : Mali, Niger, Côte d’Ivoire, Ghana, Bénin et Togo. C’est donc pour cela que ce droit de poursuite devrait être conclu avec tous les pays qui nous entourent. Le succès dans la lutte contre le terrorisme passe aussi par de tels accords qui font voler en éclats le paravent de la frontière dont nos ennemis se servent pour nous échapper lorsqu’ils sont traqués et mis en difficulté.

 

 

 

Cher Wambi, le samedi dernier, on a vu sur les réseaux sociaux une vidéo virale qui a vite fait le tour de la toile. Ce «court métrage » de 2,50 minutes, met en scène quelques agents de BYRNECUT SARL, la société sous-traitante de la mine de zinc de Perkoa, en train de broyer des véhicules de type 4X4 double cabine.

 

Rapidement l’émotion a gagné les internautes puis les populations quand on sait que le président du Faso, le capitaine Ibrahim Traoré, avait appelé tous les ministères à transmettre à l’armée tous les véhicules 4X4 qu’ils n’utilisent plus parce qu’en panne. L’idée est de les faire réparer afin de les  mettre au service des troupes engagées dans la lutte contre le terrorisme.

 

Du coup, le gouvernement a rapidement dépêché une mission à Perkoa pour savoir les tenants et les aboutissants de ce broyage de véhicules. Lors du dernier Conseil des ministres, le ministre des Mines a fait une communication orale sur le sujet. Ainsi, on a appris que 6 véhicules ont été effectivement détruits suivant la politique de la société en matière de gestion des véhicules hors d’usage, selon les responsables de la mine. Le Conseil a donc instruit le ministre en charge du dossier de diligenter des investigations sur la situation fiscale de ces véhicules en vue de situer les responsabilités, conformément à la réglementation en vigueur.

 

Cher cousin, moi aussi j’ai cherché à en savoir davantage sur cette destruction de véhicules. Pour cela, j’ai approché l’un des conseils de BYRNECUT SARL, société sous-traitante de la mine.  Il m’a assuré que les véhicules en question sont totalement amortis et que l’option de démolition procède de la  crainte qu’en cas de vente ou de donation ils se retrouvent un jour entre les mains d’individus peu recommandables en ces temps d’insécurité ou qu’ils soient impliqués ultérieurement dans des accidents.  

 

Sinon du point de vue du droit, il m’a affirmé qu’on ne peut rien reprocher au sous-traitant. Juridiquement donc la société ne court aucun risque puisqu’elle a disposé de son bien.

 

Maintenant, il reste à vérifier la situation fiscale des véhicules concernés. C’est sans doute pour cela que le gouvernement a visé cet aspect. Mais ici aussi, selon des informations qui m’ont été données, il n’y aurait pas de quoi fouetter un chat puisque ces moyens roulants auraient été acquis en TTC. Le seul couac qui peut advenir, c’est si BYRNECUT SARL, dans ses états financiers, mettait ses véhicules au niveau de ses charges. Et ici, les impôts vont seulement rejeter cette charge.

 

Comme tu le vois, d’un point de vue juridique on ne peut rien reprocher au sous-traitant. Cependant, il faut savoir que ce qui est légal n’est pas forcément juste.  Mais n’aurait-on pas pu, en concertation avec l’Etat ou ses démembrements, trouver une autre destination des voitures que la casse ?

 

 

 

Cher Wambi, connais-tu bien le palais du Baloum Naaba à Ouagadougou, bâti dans le style colonial sous Naaba Tanga ?

 

Eh bien, sache que mois pour mois, jour pour jour, il aura 100 ans ce mardi 22 novembre 2022.

 

Sous le très haut patronage de Sa Majesté le Mogho Naaba Baongo et de Son Altesse le Baloum Naaba Tanga II, ce centenaire sera célébré par une série d’activités qui ont déjà débuté le 15 novembre par une opération de salubrité et la commémoration officielle aura lieu le samedi 26 novembre. Journée portes ouvertes et visite guidée du palais sont aussi au programme. 

 

Le programme des manifestations prévoit, entre autres, une prière dans les deux mosquées de Bilbalgho aujourd’hui vendredi à partir de 13h, une messe d’action de grâce demain samedi à 11h, un match de football dimanche à 15h qui opposera une équipe de Bilbalogho à celle de Koulouba au terrain de l’école Bilbalogho. 

 

 

 

Cher Wambi, à présent je t’invite à feuilleter avec moi le carnet secret de Tipoko l’Intrigante.

 

 

 

- Des migrations qui interrogent ! Depuis quelque temps, ils sont des vagues de jeunes Burkinabè à embarquer régulièrement à partir de la gare de l'Est à bord de cars d'immatriculation étrangère à destination du Mali voisin, selon des sources concordantes. La plupart des mineurs, ils se rendraient là-bas pour être employés sur des sites aurifères. Et nombreux sont les citoyens à se demander comment ils réussissent, au regard de leur âge, à franchir les barrières de contrôle et si leur destination  est  effectivement les sites miniers, surtout au regard de la conjoncture sécuritaire actuelle dans les deux pays. De quoi en tout cas jeter un coup d'œil du côté de cette gare qui ne ressemble pas aux autres.

 

 

 

- Le dossier du président de la Commission nationale des droits humains (CNDH) avec sept autres personnes poursuivies, entre autres, pour fraude en matière de commande publique ; de complicité d’usage de faux en écriture privée et de blanchiment de capitaux sera examiné ce vendredi 18 novembre 2022 devant le Pôle économique et financier du tribunal de grande instance de Ouaga I. C’est la procédure de flagrant délit qui est engagée contre les accusés. Appelé une première fois, le dossier avait été renvoyé à la demande des différentes parties au procès afin de mieux se préparer. Peut-être qu’on saura ce soir même quel verdict sera prononcé par les juges dans ce dossier. En rappel, ce dossier est né de la mauvaise gestion des marchés passés par la CNDH avec des fournisseurs. Il s’agit d’un ensemble de contrats passés dont la valeur cumulée est de 60 millions de francs CFA. Outre le président, 2 DAF de l’institution ainsi que 5 fournisseurs sont poursuivis dans ce dossier.

 

 

 

- La 7e édition des Journées culturelles de Korsimoro (JCK)  se tient du 19 au 21 novembre 2022, évidemment à Korsimoro. Contexte national oblige, cet évènement se tient sous le thème « Insécurité au Burkina Faso : quelle dynamique culturelle pour une sortie de crise ? »

 

La cérémonie d’ouverture des JCK aura lieu ce samedi sur le terrain communal.

 

Au programme des 72 heures, il y aura des prestations de troupes et d’artistes traditionnels ; une exposition-vente d’œuvres artisanales ; des compétitions sportives ; des conférences thématiques et un défilé de mode.

 

Cette 7e édition des JCK est organisée avec le soutien du ministère de la Culture et sous le haut parrainage de Rasmané Bobodo Sawadogo, directeur pays de Bissa Gold.

 

 

 

- Un après-midi de partage d’expériences, c’est ce que le Réseau international des femmes avocates, section Burkina (RIFAV-Burkina), organise pour l’ensemble des femmes du Barreau de notre pays à la maison de l’Avocat, au sein du tribunal de grande instance de Ouaga I, à partir de 15h. Cette rencontre est la première après la mise en place du RIFAV-Burkina en juillet 2022. A cette occasion, les aînées du Barreau vont partager leurs expériences avec leurs jeunes consœurs sur la pratique professionnelle, les difficultés mais aussi les écueils à éviter pour arriver à une pratique correcte du métier et exceller dans la profession. C’est dire que les jeunes avocates pourront avoir des conseils avisés pour mener à bien leurs carrières.

 

Lors de cette rencontre également, le RIFAV-Burkina va exhorter toutes les femmes à adhérer au réseau. On joindra l’agréable à l’utile grâce à un cocktail qui sera offert.

 

 

 

Tipoko l'Intrigante n'apprend rien d'elle-même, elle n'invente jamais rien. Tipoko l'Intrigante est un non-être. Elle n'est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l'intuition c'est la faculté qu'a une femme d'être sûre d'une chose sans en avoir la certitude..."

 

 

 

Ainsi va  la vie.

 

Au revoir.

 

 

 

Ton cousin

 

 Passek Taalé

 

Dernière modification lelundi, 21 novembre 2022 11:30

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