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Une Lettre pour Laye : Mon capitaine, allez-y donc franco !

 

Cher Wambi,

 

Dans deux jours, c’est-à-dire le dimanche 25 décembre 2022, les chrétiens du monde entier célébreront Noël, en souvenir de la naissance de Jésus-Christ. Communément appelée fête des enfants, la Nativité est précédée d’une effervescence sociale et d’un bouillonnement commercial, tant elle fédère de plus en plus les communautés, sans distinction d’appartenance religieuse.

 

 

Hélas, au Burkina, on peut dire que les Noëls se suivent mais ne se ressemblent pas. La raison : la crise sécuritaire et la vie chère qui, depuis quelques années, n’en finissent pas, l’une de ronger le pays, l’autre de laminer le pouvoir d’achat des consommateurs.

 

Et Noël 2022 n’échappe pas à cette sinistrose généralisée qui est à nos trousses depuis belle lurette.

 

En effet, exception faite des crèches préfabriquées et des arbres de Noël qui, exposées le long de certaines grandes voies, pas grand-chose ne vient annoncer la fête de l’enfant Jésus.

 

Aussi bien chez les tailleurs, les marchands d’habits, de chaussures et autres jouets que chez les vendeurs de volaille, c’est la grisaille. La clientèle se fait rare et chacun se démène pour au moins assurer l’essentiel : améliorer l’ordinaire avec quelques gallinacés et des boissons qui seront servis avec parcimonie.

 

Alors, cher Wambi, tâche d’expliquer à tante Gompoko, que si je ne parviens pas à sacrifier à la tradition en lui envoyant le pagne et la bouteille de vin de Noël, ce ne serait que partie remise. Car j’ai foi que le célèbre nazaréen, de là où il est au ciel, nous inondera d’années fastes après une si longue période de vaches maigres.

 

Cela dit, cher cousin, je reste scotché à la situation du pays pour te parler de cette information que j’ai apprise, comme bien des compatriotes, avec stupéfaction. Je veux parler de la révélation faite par l’Agence d’information du Burkina (AIB) dans sa dépêche du mercredi 21 décembre dernier.

 

En effet, il y est question de deux citoyens français qui ont été interpellés puis expulsés du territoire national dans la nuit du 17 au 18 décembre.

 

Selon notre confère, il leur est reproché des faits d’espionnage car ils auraient manifesté de « l’intérêt aux activités des Forces de défense et de sécurité (FDS) ».

 

Depuis la publication de cette information, chacun y va de ses commentaires d’autant plus qu’à l’heure où je t’écris la présente lettre, aucun communiqué officiel n’est venu situer l’opinion nationale et internationale sur ce présumé espionnage.

 

Mais j’espère qu’au regard de l’importance de cette question, qui touche aux relations, déjà pas au beau fixe, entre le Burkina Faso et la France, si elle n’en est pas la manifestation, le gouvernement sortira de son silence pour nous éclairer notre lanterne.

 

 

 

Cher Wambi, de l’actualité nationale, parlons-en toujours avec l’arrivée mardi dernier d’une délégation ghanéenne sur le sol burkinabè.

 

Une visite qui intervient dans un contexte de brouille diplomatique entre Ouagadougou et Accra. A l’origine de cette discorde, le propos du président ghanéen relatif à des  mercenaires russes qui se trouveraient déjà dans notre pays.

 

En effet, lors d’une entrevue avec le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken, Nana Akufo-Addo s’est dit inquiet de la présence de Wagner à la frontière nord du Ghana, c’est-à-dire au Burkina, avant d’ajouter : « Le Burkina Faso a désormais conclu un arrangement pour, comme le Mali, employer des forces de Wagner. Je crois qu'une mine dans le sud du Burkina leur a été allouée comme une forme de paiement pour leurs services ».

 

En réaction à cette déclaration, le gouvernement burkinabè a convoqué l’ambassadeur ghanéen pour exprimer sa désapprobation.

 

C’est sans nul doute cette situation qui a conduit Nana Akufo-Addo à dépêcher des missi dominici dans notre capitale.

 

Une visite que d’aucuns ont vite assimilée à un acte de contrition, sans qu’on sache si cette affirmation qui fâche est fondée ou relève plutôt d’une simple vue de l’esprit.

 

Mais pour sûr, cher cousin, ce ne serait pas un événement si Wagner avait atterri ou venait à atterrir au Burkina.

 

En effet, avec la détérioration de nos relations avec Paris, la communication gouvernementale est dominée par des éléments de langage qui sonnent comme des appels du pied à l’organisation paramilitaire russe.

 

Même l’actuel Premier ministre burkinabè, Apollinaire Joachim Kyélem de Tambèla, qui avant sa nomination ne voulait pas entendre parler de coopération avec le Kremlin dans la lutte contre le terrorisme, est devenu l’un des défenseurs inconditionnels du rapprochement avec l’Ours russe. Il s’est même rendu en catimini à Moscou, pour ne pas dire à Canossa.

 

Alors que le déplacement du chef du gouvernement a été frappé du sceau du secret, celui-ci s’est prêté à une interview quasiment en mondovision, au cours de laquelle il a invité les médias russes à venir s’installer dans son pays qui n’en peut plus de la presse française.

 

Cher Wambi, que l’on se comprenne bien : je ne suis pas contre ce qui est devenu une rengaine dans certains milieux, à savoir la diversification des relations de partenariat ; pas du tout. Mais en ce qui concerne Wagner, tu connais ma position et je ne me renierai pas, même pour tout le Rouble de la banque centrale russe.

 

Pour moi, il n’est pas question de sous-traiter la lutte contre le terrorisme avec un groupe privé, pour ne pas dire une société de gardiennage qui plus est n’a pas d’existence légale.

 

Si le capitaine Ibrahim Traoré, habité par la tentation de Moscou, entend se jeter dans la Volga, eh bien, qu’il y aille franco, en toute connaissance de cause avec tout ce que cela comporte comme risques et périls pour tout le pays.

 

 

 

Cher Wambi, à la surprise générale, parce qu’on ne l’avait pas vu venir, Maître Bénéwendé Stanislas Sankara a démissionné de son poste de président de l’Union pour la renaissance-Mouvement patriotique sankariste (UNIR-MPS). Il a rendu publique sa décision par une déclaration de démission datée du 21 décembre 2022 et dans laquelle il indique qu’en vertu des textes de l’UNIR-MPS, c’est le Professeur Augustin Loada qui assure désormais l’intérim du président du parti. J’en ai eu copie et je m’empresse de te la faire lire ci-dessous :

 

« Je soussigné, Maître Bénéwendé Stanislas Sankara, déclare par la présente rendre, à compter de ce jour 21 décembre 2022, ma démission de mes fonctions de président de l’Union pour la renaissance-Mouvement patriotique sankariste (UNIR-MPS).

 

En conséquence de quoi, et vu les dispositions des articles 27 et 28 du règlement intérieur, le camarade Professeur Augustin Loada assure désormais l’intérim du président du parti.

 

Par ailleurs, en ce jour béni de la date anniversaire de la naissance du Président Thomas Sankara et de la naissance officielle du parti le 21 décembre 2000, je renouvelle tout mon engagement indéfectible à rester acquis à la cause de notre peuple, avec lequel je fais toujours le serment de faire chaque pas avec lui en tant que militant sankariste.

 

Enfin, je lance un appel à tous les camarades militants et militantes à rester soudés et mobilisés autour de la direction du parti pour les batailles présentes et à venir ».

 

Comme tu l’auras remarqué, cher cousin, à aucun moment Me Sankara n’a motivé sa démission, si bien qu’on ignore pourquoi il quitte la tête de son parti. Du coup, on se perd en conjectures. Est-ce parce qu’il est lessivé par les 22 ans passés à la direction du parti ? Est-ce parce qu’il milite pour l’alternance au sommet de l’UNIR-MPS ? Est-ce parce qu’il est allé s’inscrire comme Volontaire pour la défense de la patrie (VDP) ? De toutes les hypothèses évoquées et même non évoquées, cette dernière me semble la plus crédible. En effet, la loi instituant les VDP interdit l’incorporation des premiers responsables des partis politiques sans que ces derniers aient d’abord démissionné. Souviens-toi que lorsque Me Sankara était allé s’inscrire, ils étaient nombreux, ceux qui n’y avaient vu qu’une opération de communication politique mal placée, surtout concernant un sujet très sensible et très sérieux qu’est la défense de la patrie en ce moment où les fous d’Allah contrôlent des pans entiers du territoire national et où l’existence même de la nation burkinabè est menacée.

 

Alors pour montrer qu’il était sérieux, l’avocat a dû satisfaire aux formalités nécessaires pour être en règle et incorporer le contingent des VDP.

 

Autre point qui conforte cette hypothèse, c’est que dans la déclaration de démission de l’intéressé, nulle part la durée de l’intérim n’est précisée ni la convocation d’un congrès pour l’élection du nouveau président du parti. Je ne sais pas ce que disent les textes de l’UNIR-MPS sur la question, mais on peut raisonnablement penser que le Pr Loada va garder la maison, le temps que Me Sankara aille au front casser du terroriste avant de revenir reprendre sa chose.

 

Dans tous les cas, le démissionnaire, qui était injoignable au moment où je traçais ces lignes, sera bien obligé, tôt ou tard, d’abattre ses cartes et tout le monde comprendra alors le but de cette manœuvre.

 

 

 

A présent, cher Wambi, je t’invite à feuilleter avec moi le carnet secret de Tipoko l’Intrigante.

 

 

 

- Dans la soirée du mercredi 21 décembre 2022 des informations insistantes ont circulé sur les réseaux sociaux, selon lesquelles Ousmane Nacro, premier vice-président du Parti panafricain pour le salut (PPS) et ancien ministre de l’Eau et de l’Assainissement sous Roch Marc Christian Kaboré, aurait été déposé à la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou (MACO). Mais dans la matinée d’hier, Abdoulaye Mossé, le président du PPS, a publié un communiqué dans lequel il démentait ces informations. Il a éclairé par la même occasion l’opinion nationale sur le fait qu’Ousmane Nacro n’est pas à la MACO mais a été interpellé par la gendarmerie nationale. L’évolution de la situation serait suivie de près par la direction de ce parti, qui invite les militants à rester sereins et à faire confiance à la justice de notre pays.

 

Ousmane Nacro ne serait donc pas à la MACO mais en garde à vue à la maréchaussée. Même si rien n’a filtré sur ses ennuis judiciaires, le numéro 2 du PPS serait poursuivi pour sa gestion au moment où il était directeur général de l’Agence d’exécution des travaux de l’eau et d’équipement rural (AGETEER). Ses soucis auraient commencé suite à une dénonciation faite contre lui auprès de l’ASCE-LC pour enrichissement illicite. Ce serait dans ce cadre qu’il serait entendu aujourd’hui à la gendarmerie.

 

Selon des informations, les limiers ont été à l’AGETEER faire des perquisitions et interroger les gens afin de se faire une idée des revenus de Nacro pour les comparer à ses biens aujourd’hui. Ousmane Nacro a dirigé l’AGETEER durant près d’une décennie.

 

Malheureusement aucun communiqué officiel de l’ASCE-LC ou du parquet n’a été fait pour situer l’opinion nationale sur le sujet. Mais lorsqu’une personnalité est dans une telle situation, pour couper court aux rumeurs et aux désinformations, il serait bon que les autorités compétentes produisent un communiqué, ne serait-ce laconique, pour informer le public.

 

 

 

- Mamadou Kabré, le président du parti politique PRIT-LANAYA, est poursuivi en justice pour diffamation. Dans ce cadre, une citation directe par-devant la Chambre correctionnelle du Tribunal de grande instance Ouaga 1 lui a été notifiée le 20 décembre 2022. Le procès est programmé pour le mardi 27 décembre 2022.

 

Cette procédure a été engagée car le 8 octobre 2022, lors d’une émission sur Savane TV et Savane FM, « 100 minutes pour comprendre », Mamadou Kabré aurait affirmé disposer de preuves sur l’implication du président du PPS dans l’affaire des "800 millions" que le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba aurait remis à des leaders politiques pour faire échouer le coup d’Etat du capitaine Ibrahim Traoré et donc se maintenir au pouvoir.

 

Abdoulaye Mossé, par le soin de son avocat, a porté plainte contre le président du PRIT-LANAYA pour diffamation.

 

 

 

- Dans le cadre de la réforme de l’éducation qui est en cours, le Burkina Faso a décidé de changer le programme d’enseignement, donc les manuels scolaires. C’est ainsi qu’au niveau du primaire, le livre de lecture « Lire au Burkina » a été remplacé cette année par un nouveau manuel. Le problème, c’est la disponibilité de cet ouvrage. En effet, l’Etat n’a pas pu disponibiliser le document en quantité suffisante pour que chaque élève puisse en disposer. Etant interdit à la vente, le livre est introuvable sur le marché dans les librairies. Alors que nous sommes à la fin du premier trimestre, il est inconcevable que certains élèves et parents soient encore à la recherche de cet ouvrage. C’est le lieu pour nous d’inviter le gouvernement à prendre les dispositions idoines pour que le nouveau livre de lecture de la classe de CP1 soit disponible gratuitement pour les élèves mais également en vente pour les parents qui voudraient l’acheter pour leurs enfants.

 

 

 

- « Waogdgo, Rifiung afi natefinga » ou « Eléments d’histoire d’une capitale de Royaume » : c’est le nouvel ouvrage que vient de publier le Dr Lassina Simporé, professeur d’archéologie.

 

« Ecrit dans un langage simple », l’œuvre constitue un véritable voyage dans l’histoire de notre capitale, tant les questions liées à sa fondation, à son peuplement, à son évolution spatiale et aux faits marquants des empereurs qui se sont succédé à sa tête y trouvent des réponses à la lumière de recherches académiques. Disponible auprès de l’auteur au prix de 7500 FCFA, le livre sera dédicacé en mi-janvier.

 

 

 

- De l’effervescence, des retrouvailles familiales et amicales ce week-end à Boassa. La raison ? Demain samedi 24 décembre, aura lieu la fête coutumière ou basga du Naaba Boulga, chef de Boassa.   

 

 

 

Tipoko l'Intrigante n'apprend rien d'elle-même, elle n'invente jamais rien. Tipoko l'Intrigante est un non-être. Elle n'est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l'intuition c'est la faculté qu'a une femme d'être sûre d'une chose sans en avoir la certitude..."

 

 

 

Ainsi va  la vie.

 

Au revoir.

 

 

 

Ton cousin

 

 Passek Taalé

 

Dernière modification lelundi, 26 décembre 2022 22:48

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