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Une Lettre pour Laye : Il faut garantir l’inviolabilité des enceintes diplomatiques

 

 

Cher Wambi,

 

Avec l’essor des réseaux sociaux, il est très difficile, voire impossible de contenir les fuites d’informations même celles classées top secret. Et c’est là l’un des très mauvais côtés des réseaux sociaux qui ne font aucune différence entre ce qui doit demeurer confidentiel car relevant du domaine sensible et stratégique de la sécurité nationale et ce qui est du domaine public et sans enjeu majeur sur la marche de la Nation. Je dis cela parce que rien que le mercredi dernier, j’ai vu circuler sur la toile un document du Bureau central national Interpol. Ledit document exigeait, de par la loi, au directeur général de Orange-Burkina de communiquer « l’identité et l’adresse complète » des usagers d’une quinzaine de numéros Orange et ensuite de « suspendre toutes les opérations de transactions Orange Money desdits numéros jusqu’à nouvel ordre ». Le patron de Orange s’est dit disposé à jouer sa partition et a prêté serment de remplir cette mission qui vient de lui être confiée.

 

 

Cher cousin, je me suis dépêché de voir si mon numéro de téléphone y figurait ou celui de mon épouse ou de mes enfants. Heureusement que tous ces contacts m’étaient inconnus et ne figuraient pas dans mon répertoire.

 

Mais ce qui me dérange ici, comme je viens de te le dire, c’est la rapidité avec laquelle ce document s’est retrouvé sur la place publique et abondamment partagé sur la toile. Que reproche-t-on à ces personnes ? Est-ce une affaire liée au blanchiment de capitaux et au financement du terrorisme ? Difficile d’y répondre. Mais par ces temps qui courent avec l’insécurité ambiante il me semble que ce document devrait rester sous le sceau du secret. Mais hélas !

 

Cette façon de faire est contre-productive car si quelqu’un reconnaît son numéro dans le document, il a le temps de disparaître dans la nature ou de brouiller les pistes avant de se faire prendre par la police. Du coup, l’effet de surprise qui est très capital en pareille situation n’a plus lieu puisqu’on peut parier que bon nombre des personnes visées ont eu l’information et ont pu prendre des mesures en conséquence pour se soustraire de la loi. Mais comment un tel document sensible a pu se retrouver aussitôt sur le Net ?

 

A mon avis, cette fuite ne peut avoir que deux sources : Orange-Burkina ou la Police ou encore les deux mon colonel.

 

Heureusement qu’aujourd’hui, si vraiment les autorités veulent investiguer, tous les moyens techniques existent pour dire qui est à la l’origine de la fuite. En effet, c’est un jeu d’enfant aujourd’hui que de lire les métadonnées Exif d’une photo. En quelques clics, on a accès à l’ensemble des données relatives à chaque photo, lesquelles données sont générées automatiquement par l’appareil photo ou le smartphone lors de la prise de vue. Ainsi, on peut savoir la date et l’heure de la prise de la photo, le type d’appareil utilisé, la distance de la prise de vue, le temps d’exposition, l’usage ou non du flash, etc.

 

Il est vraiment temps de donner un coup de pied dans la fourmilière pour décourager la prolifération sur les réseaux sociaux des documents sensibles et stratégiques pour la sécurité nationale.

 

 

 

Cher Wambi, certaines organisations de la société civile projettent une marche-meeting ce vendredi 20 janvier 2023 à Ouagadougou. L’objectif estd’exiger le départ de l’ambassadeur de France Luc Hallade ainsi que des militaires français basés au Burkina Faso. Je ne sais pas si cette manifestation est autorisée ou pas et si elle aura lieu ou pas. Dans tous les cas, il faut espérer que si elle a vraiment lieu, qu’elle ne va pas dégénérer comme celles des 1er et 2 octobre et du 18 novembre 2022. On n’a pas encore fini de payer les conséquences de ces violentes manifestations.

 

Bien sûr, cher cousin, qu’on peut ne pas être d’accord avec la politique de tel ou tel pays, mais il faut savoir raison garder lorsqu’on veut montrer ce désaccord. Il faut d’autant savoir raison garder que les ambassades et les installations diplomatiques sont inviolables au regard du droit international. Et c’est pour cela que notre gouvernement doit prendre toutes dispositions utiles pour garantir la protection des enceintes diplomatiques pour ne pas les laisser à la merci de manifestants stipendiés par des officines qui y ont intérêt.

 

Il y va de la crédibilité de notre pays sur le plan international.

 

 

 

Cher Wambi, après des lieux déjà bien connus comme la Colline mariale de Yagma, ou Saint-Joseph de Nazouma à Kombissiri, où convergent des milliers et des milliers de catholiques du diocèse de Ouagadougou et d’ailleurs, à la recherche de Dieu et pour le raffermissement de leur foi, un autre sanctuaire ouvre ses portes demain samedi 21 janvier 2023 à la sortie Sud-Ouest de la capitale, précisément à Dayoubsi : c’est le Sanctuaire Sacré-Cœur de Jésus de Dayoubsi, initié par la famille Kafando, entendez par-là, celle de l’ancien président de la Transition affectueusement appelé M’Ba Michel.

 

L’ouvrage sera consacré demain samedi à partir de 9 heures par Son Eminence le cardinal Philippe Ouédraogo.

 

Du monde, du beau monde en perspective puisque, outre la grande famille Kafando, c’est aussi l’affaire du presbyterium diocésain de Ouagadougou, de la paroisse Christ-Roi de Pissy et de sa communauté chrétienne, de la coordination Saint-Augustin de Silmissin et de la communauté chrétienne de base Sacré-Cœur de Jésus de Dayoubsi. 

 

 

 

Cher Wambi, à présent je t’invite à feuilleter avec moi le carnet secret de Tipoko l’Intrigante.

 

- Cela fait plusieurs mois que les commerçants d’Arbinda attendent d’aller à Dori pour rapporter de quoi achalander les boutiques et autres étales. Après de multiples tractations et d’au moins une quinzaine de tentatives avortées, ils espéraient enfin prendre la route le mercredi 18 janvier 2023.

 

Mais ce fut un nouveau faux départ du convoi de ravitaillement d’Arbinda. Après une quinzaine de rendez-vous manqués, la longue file de camions et tricycles ne se mettra pas en branle.

 

En effet, le détachement avait annoncé un convoi pour Dori ce jour. Aux VDP (Volontaires pour la défense de la patrie), instruction avait été donnée de prendre position à la sortie de la ville, vers Liki, d’attendre le reste de l’escorte et l’arrivée d’un hélico. Alors qu’ils y étaient, aux environs de midi, l’ordre leur a été donné de replier, car le départ n’aura plus lieu. Cet énième report du convoi a fini par exacerber la colère d’une population qui crie famine depuis plusieurs jours. 

 

Très remontés, quelques habitants de la capitale des Gravures rupestres ont initié une manifestation de protestation dans les environs du détachement militaire. Mais cette révolte des ‘’affamés’’ sera réprimée à coups gaz lacrymogènes et de cordelettes.

 

Aujourd’hui c’est le ventre vide et la tête pleine d’interrogations que les populations se demandent : « Qu’est-ce qui coince alors ? » «Serait-ce cet élément sonore attribué au groupe terroriste GSIM (Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans) et devenu viral sur les plateformes qui dissuade les responsables du convoi ? »

 

En effet, dans un audio de 47 secondes en fulfuldé des voix appellent les combattants à barrer la route aux convois de ravitaillement de Djibo et d’Arbinda.

 

 

 

- Depuis mardi, un audio émanant d’un responsable de Paroisse de la province du Bam qui dénonçait l’inaction des militaires à Kongoussi et leur occupation de la colline mariale circule dans les groupes WhatsApp.

 

Une intervention diversement appréciée mais on sentait l’homme d’église très dépité, se disant même prêt à mourir plutôt que de perdre son âme. 

 

Quelques quarante-huit heures après, deux attaques viennent confirmer la situation sécuritaire dans la zone notamment de Kongoussi cernée par les groupes armés.

 

En effet, après l’action repoussée à la mine de Bouly dans la commune de Sabcé le mardi 17 janvier, les terroristes ont encore fait parler d’eux dans la commune de Zimtenga à Rakoegtanga hier jeudi 19 janvier 2023. Le bilan provisoire,  de sources locales, fait état de 6 vaillants VDP tombés et dix autres blessés. On déplore également la mort d’une femme. Une trentaine de motos ont été emportées. C’est en principe aujourd’hui que les victimes seront inhumées sur leur terre qu’elles ont défendue au prix du sacrifice suprême. 

 

 

 

- Stupéfaction, consternation, incompréhension.

 

C’est avec ces sentiments que la grande foule de patients, venue aussi bien des quatre coins de la capitale que de l’intérieur du pays, ont appris l’interruption brusque de la campagne humanitaire de soins bucco-dentaires organisée à l’institut privé supérieur de santé « Sainte-Edwige ».

 

En effet, initialement prévue du 4 au 16 janvier 2023, afin d’améliorer le niveau de santé bucco-dentaire des populations démunies, l’opération, initiée par l’ONG « Mission dentistes du monde », dont le siège est à Bruxelles,  n’est pas arrivée à son terme.

 

En cause : une notification de l’Ordre des chirurgiens-dentistes demandant la suspension de cette campagne bénévole conduite par deux dentistes venus de la Belgique. 

 

Au regard de la qualité des prestations (traitement contre la carie dentaire, pose d’amalgame ou de prothèses dentaires…) et surtout de leurs coûts sociaux, c’était une véritable marée humaine qui convergeait chaque jour vers les locaux de l’institut « Sainte-Edwige ».

 

Compte rendu en a été fait par notre journal dans sa rubrique «Carnet de santé» du mercredi 11 janvier 2023.

 

C’est donc dire que l’injonction de l’Ordre des chirurgiens-dentistes a produit un effet de douche froide chez toutes celles et tous ceux qui espéraient bénéficier de consultations et de soins dentaires à titre humanitaire.

 

 

 

- L’actualité nationale reste dominée par l’enlèvement d’une soixantaine de femmes dans le Soum. Suite à cet événement, le parquet du procureur du Faso annonce l’ouverture d’une enquête dans le communiqué ci-joint :

 

« Le 14 janvier 2023, mon parquet a été informé par les officiers de police judiciaire du ressort de cas d'enlèvement d'une soixantaine de femmes et de nourrissons par des hommes armés non identifiés dans les encablures de la commune d'Arbinda.

 

Ces enlèvements auraient été effectués les 12 et 13 janvier 2023 respectivement dans les villages de Liki-Boukouma avec une quarantaine de victimes et de Sirigni avec une vingtaine de victimes.

 

Des premiers éléments relatifs aux circonstances desdits enlèvements, il ressort que les victimes étaient à la recherche de feuilles et de fruits sauvages comestibles lorsqu'elles ont été appréhendées et conduites vers les localités de Gasseliki et Gorguel.

 

Au reçu de ces informations une enquête a immédiatement été ouverte à l'effet d'identifier et d'interpeller les auteurs.

 

En ces circonstances douloureuses, mon parquet voudrait traduire sa solidarité aux parents des victimes et leur assurer que des efforts sont consentis par tous les acteurs pour la libération des victimes. »

 

 

 

Djibo, le 19 janvier 2023

 

 

 

Le procureur du Faso

 

 

 

Tipoko l'Intrigante n'apprend rien d'elle-même, elle n'invente jamais rien. Tipoko l'Intrigante est un non-être. Elle n'est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l'intuition c'est la faculté qu'a une femme d'être sûre d'une chose sans en avoir la certitude..."

 

 

 

Ainsi va  la vie.

 

Au revoir.

 

 

 

Ton cousin

 

 Passek Taalé

 

 

 

 

Dernière modification lelundi, 23 janvier 2023 22:47

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