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Une Lettre pour Laye : Kaya meurt de soif, Arbinda, de faim

 

Cher Wambi,

 

Comme tu le sais, Emmanuel Désiré Thiamobiga, l’ancien directeur général (DG) de la Loterie nationale burkinabè (LONAB), est poursuivi en justice pour les chefs d’accusation ci-après : détournement de deniers publics, enrichissement illicite et blanchiment de capitaux. Après plusieurs jours d’instruction à la barre, le dossier a été mis en délibéré pour le 16 février 2023.

 

 

Le 27 janvier 2023, le procureur du Faso a présenté ses réquisitions contre cet ex-patron de la nationale des jeux de hasard. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il n’y est pas allé du dos de la cuillère. En effet, il a demandé qu’il plaise au tribunal de condamner M. Thiamobiga à 11 ans de prison ferme et au paiement d’une amende ferme de 750 millions FCFA. Et ce n’est pas tout ! Le ministère public s’est aussi prononcé en faveur de la confiscation des biens mobiliers et immobiliers de l’ancien DG ainsi que du solde de ses comptes bancaires.

 

Tu le sais, cher cousin, comme c’est le cas dans tout procès, le tribunal n’est pas tenu par les réquisitions du procureur du Faso. Les juges ont en effet la latitude de suivre le parquet ou alors de minorer ou de majorer les peines réclamées ou même encore de ne pas prononcer de condamnation ferme ou avec sursis. Le jeudi 16 février prochain, on saura ce que le tribunal aura décidé comme verdict dans ce dossier.

 

Mais, cher cousin, on retiendra qu’au cours des débats, l’ombre du lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba n’a cessé de planer sur la salle d’audience. Le nom de l’exilé de Lomé est en effet revenu souvent comme une antienne. Et il a été question d’une lettre que l’ancien chef de l’Etat aurait envoyée pour éclairer la lanterne du tribunal. J’ai eu copie de cette missive et je te la propose ci-dessous :

 

«Je viens par cette correspondance porter à votre connaissance quelques éléments dont j’ai connaissance pour qu’ils puissent servir et valoir ce que de droit dans le cadre de la procédure judiciaire engagée contre monsieur Emmanuel T., ancien directeur général de la LONAB.

 

Les jours suivants sa nomination à ce poste, je l’ai reçu en audience après son ministre de tutelle et le Premier ministre, pour l’inviter à inscrire son action dans l’accompagnement des objectifs définis par la charte de la transition que nous conduisions dans le respect strict des valeurs qui nous définissaient.

 

La seconde audience que je lui ai accordée fut après son entrevue avec un groupe d’officiers qui m’assistait, dont l’actuel président de la transition. Face aux sollicitations et aux besoins qu’ils lui avaient exprimés, il avait jugé bon de recueillir mon avis. C’est à cette occasion que je lui ai donné les orientations spécifiques qui suivent :

 

• Soutenir les besoins urgents des forces de défense et de sécurité et ceux des auxiliaires civils engagés dans les opérations de sécurisation ;

 

• Accompagner les initiatives existantes allant dans le sens d’apporter une aide aux familles victimes et aux blessés des opérations ;

 

• Renforcer la contribution de la LONAB dans l’effort humanitaire au profit des populations déplacées ;

 

• Accompagner un projet d’aménagement du ministère de la Jeunesse au niveau du mémorial des héros à Ouaga 2000 ;

 

• Œuvrer à la modernisation et au rayonnement de la LONAB.

 

Les deux dernières audiences que je lui ai accordées portaient sur des points d’étape des initiatives qu’il avait prises. De ces différents entretiens avec monsieur Emmanuel T., j’ai pu mesurer son engagement à œuvrer pour donner à la LONAB une plus grande envergure nationale et régionale mais également à soutenir au mieux la dynamique patriotique de restauration de l’intégrité du territoire national du MPSR.

 

Ayant été personnellement avisé des possibilités réglementaires d’accompagnement financier de la LONAB et au regard des défis sécuritaires et humanitaires particuliers qui devaient être relevés, j’ai recommandé et instruit à monsieur Thiamobiga les mesures avec incidences financières suivantes :

 

• La mise à disposition d’une enveloppe de 400 millions de francs pour les Forces armées nationales (pour répondre aux besoins urgents en motocyclettes des forces et des VDP) ;

 

• Le financement de monsieur Ouédraogo à hauteur de 50 millions (pour la relance d’une usine de production de farine dans la perspective d’accroître la disponibilité en vivres pour soutenir les populations vulnérables) ;

 

• La mise à la disposition de la présidence du Faso d’une enveloppe de 250 millions (pour la prise en charge de certaines opérations d’influence entrant dans le cadre des initiatives particulières pour affaiblir les réseaux extrémistes) ;

 

• Le financement à hauteur de 300 millions (pour les travaux d’aménagement du mémorial des héros) ;

 

• L’accompagnement des initiatives au profit des victimes du terrorisme à hauteur de 50 millions pour chacune des entités suivantes (camp de Bobo, camp de la Gendarmerie, Police, Armée de l’air, Brigade des sapeurs-pompiers, etc.).

 

Voilà, d’une manière ramassée, les éléments d’informations que je voudrais porter à votre connaissance et souhaiter que la présente correspondance puisse éclairer la décision des hommes et des femmes qui auront en charge le jugement sur cette affaire ».

 

Cher Wambi, c’est avec un bruyant ouf de soulagement que j’ai appris la reprise, le 20 janvier dernier,  des vols humanitaires du PAM afin de ravitailler en vivres les localités du Sahel en proie à une crise alimentaire du fait du blocus imposé par les groupes terroristes.

 

Selon un communiqué de cet organisme onusien, ce sont 3 500 tonnes de farine de maïs, de légumineuses et d’huile végétale qui seront acheminées aux 14 zones concernées à travers ce pont aérien sur une période de trois mois.

 

Vivement qu’après cet intermède de « problèmes de communication et de coordination » entre le gouvernement et le PAM qui avait cloué au sol les trois mastodontes Chinook la collaboration entre les deux parties ne soit plus émaillée de pareils incidents.

 

Cela est d’autant souhaitable que nombreuses sont les populations qui sont prises au piège du blocus et se trouvent ainsi en situation d’urgence alimentaire.

 

Cher cousin, c’est le cas, par exemple, des habitants d’Arbinda, qui claquent littéralement du bec depuis plusieurs jours.

 

En atteste cette alarmante déclaration de l’Association pour le soutien et l’inclusion des parents et enfants en situation de détresse dans la province du Soum (ASIEPD/PSOUM).

 

« La population d’Arbinda vit un calvaire inqualifiable. Cela fait plus de trois semaines qu’il n’y a plus de vivres alimentaires dans les boutiques. Tout est vide, il faut le dire sans peur, puisque c’est vérifiable.

 

L’Etat avait envoyé des vivres par voie aérienne mais cela date de deux semaines. Nous profitons ici lui dire merci. Merci d’avoir répondu aux besoins alimentaires de 60% de la population, car ce sont plus de 300 000 âmes qui y vivent.

 

Actuellement, nos mamans sont obligées de faire bouillir des feuilles d’oseille trois (3) fois, mettre du sel (faute d’huile) pour que les enfants mangent.

 

De nos jours, 10 000 francs de viande équivalent à 1 000 francs de viande dans les périodes normales.

 

Arbinda est à bout de souffle. Si rien n’est fait, dans les heures qui suivront, ce sera la catastrophe.

 

Venez à notre secours ! Nous ne voulons que de la nourriture pour manger.

 

Nous demandons à l’Etat de sauver la commune d’Arbinda, une première commune résistante, prête à combattre l’ennemi, mais à l’étape actuelle, l’arme de la faim risque de prendre le dessus.  

 

Nous demandons également à toutes les bonnes volontés, surtout à nos opérateurs économiques, de nous aider car nous avons épongé tous nos avoirs ».  

 

 

 

Le président de l’ASIEPD/PSOUM

 

Issouf Maïga  

 

 

 

Cher wambi, à présent, je t’invite à feuilleter avec moi le carnet secret de Tipoko l’Intrigante.

 

 

 

- Le SIAO, c’est aussi ces soirées d’ambiance qui donnent au Salon ce supplément de saveur festive dont raffolent les Ouagalais. 

 

C’est ainsi que depuis le lancement de cette 16e biennale de l’artisanat africain, des artistes-musiciens se succèdent pour des prestations en live. Ces derniers ont été choisis à la suite d’un appel à candidatures. Et à ce propos, il nous est revenu que certains d’entre eux ne répondaient pas aux critères du live. Si beaucoup ont été recalés par le comité de sélection, d’autres ont dû jeter l’éponge face aux exigences du comité d’organisation du SIAO.

 

Par contre, l’une des stars de la musique burkinabè qui avait accepté au départ les conditions financières s’est finalement rétractée au motif que le cachet proposé, l’un des plus consistants du plateau artistique, ne lui convenait pas. La commission artistique a donc acté ce forfait et est passé à autre chose.

 

Mais quelques jours plus tard, notre star, l’une des plus célèbres du pays, est revenue sur sa décision en marquant son accord pour l’offre qui lui avait été faite. 

 

Mais le comité d’organisation lui opposera une fin de non-recevoir. Les raisons invoquées par celui-ci ? Programme déjà bouclé et « manque d’esprit de résilience ».

 

Une manière, pourrait-on dire, de renvoyer cet artiste-musicien au thème du présent SIAO : « Artisanat africain, levier de développement et facteur de résilience des populations ».

 

 

 

- Outre les multiples difficultés dans la prise en charge des milliers de Personnes déplacées internes (PDI) dont le nombre croît de jour en jour, Kaya, la capitale régionale du Centre-Nord, est confrontée depuis mi-septembre à une grande pénurie d’eau. Et cela, en raison de la destruction le 15 septembre 2022 du centre de production d’eau de l’ONEA à partir du lac Dem par des individus armés. Implanté dans le village de Zorkoum, à une dizaine de kilomètres du centre-ville, le centre de production et de traitement de l’ONEA approvisionnait à plus de 70% en eau potable la commune de Kaya et d’autres localités environnantes. Depuis mi-septembre, plusieurs secteurs et cités de Kaya sont privés d’eau de l’ONEA. Pour éviter de payer des redevances, certains abonnés de l’ONEA ont préféré débrancher leurs compteurs. Face à la situation de détresse des populations, plusieurs voix ne cessent d’appeler le gouvernement de la Transition à prendre des mesures urgentes de sécurisation de la zone afin de permettre à la nationale de l’eau de réparer ses installations de Zorkoum et d’accroître sa production d’eau. Cela permettra sans doute de soulager les populations hôtes et les milliers de PDI avant la période de chaleur qui s’annonce.

 

 

 

- L’intensification des opérations antiterroristes conjointement menées ces derniers mois sur le terrain par les FDS et les VDP a permis de ravitailler par voie terrestre certaines localités des régions du Centre-Nord et du Sahel qui étaient sous blocus des forces du Mal depuis plus d’une année. Afin de soutenir les actions de nos forces combattantes, les autorités administratives locales ont, avec le soutien d’organisations de la société civile, initié des travaux d’intérêt commun d’assainissement des bordures de certains axes sur la RN3, notamment les axes Korsimoro-Ziniaré et Kaya-Pissila. En plus de renforcer la sécurité sur cet important axe routier, ces initiatives visent à éviter que des individus de mauvaise foi  profitent des arbustes et hautes herbes aux abords de la voie pour troubler la quiétude des honnêtes usagers.

 

Malgré l’engagement des FDS et des VDP au prix de leur vie sur le théâtre des opérations de la lutte contre les groupes armés terroristes, le nombre de PDI continue d’augmenter dans certaines grandes villes de la région du Centre-Nord dont Kaya, Kongoussi et Boulsa. Cela, en raison des incessantes incursions et menaces des individus armés dans des villages des communes de Kaya, de Mané, de Tikaré, de Kongoussi, de Zimtanga, de Pibaoré et de Boala. Les secteurs les plus touchés par cette situation d’insécurité sont l’éducation, la santé et l’économie informelle du fait de la nouvelle fermeture d’établissements scolaires, de centres de santé et marchés ruraux.     

 

 

 

- Dans le cadre de la mobilisation des ressources, l’Etat a institué la Taxe sur les véhicules à moteur (TVM) pour le financement des régions et des communes. Un impôt dont le montant à acquitter dépend de la puissance du véhicule taxé. Mais en cas de contrôle, tout conducteur qui n’est pas à jour devra payer la taxe en sus d’une pénalité.

 

Justement au sujet de cette taxe, la semaine dernière, un usager de la route a été contrôlé. Il a montré son document de la TVM 2022 qu’il avait payé en début janvier 2022. Les policiers ont estimé qu’il était en infraction car, selon eux, en début janvier 2023, il aurait dû avoir déjà payé pour la nouvelle année en cours. Du coup, ils lui ont appliqué une pénalité.

 

Mais au juste, quand faut-il payer la TVM ?

 

Selon les termes de la loi, et cela a toujours été ainsi depuis l’institution de cette taxe, la date limite de paiement de la TVM est fixée au 31 mars de l’année d’imposition. Et si tel est le cas, un automobiliste à jour de sa TVM 2022 ne peut être condamné à payer une pénalité qu’à partir du 1er avril 2023 s’il ne présente pas sa TVM 2023. C’est en tout cas notre compréhension des choses.

 

Alors si les services des impôts pensent le contraire, il serait bon qu’ils communiquent sur le sujet pour éviter les tiraillements entre automobilistes et policiers. Vivement que les « gens des impôts » viennent éclairer la lanterne des citoyens !

 

 

 

- En raison d’importants travaux portant sur ses ouvrages de production, l’ONEA annonce des perturbations dans la fourniture d’eau sur une partie de son réseau le samedi 4 février 2023. Le retour à la normale est prévu pour le lendemain dimanche 5 février.

 

L’interruption de la desserte concernera les localités de Ouagadougou, Ziniaré, Loumbila et Pabré. 

 

C’est dire donc que les abonnés de la nationale de l’eau sont invités à faire des provisions nécessaires afin de minimiser les désagréments liés à ces perturbations.

 

 

 

Tipoko l'Intrigante n'apprend rien d'elle-même, elle n'invente jamais rien. Tipoko l'Intrigante est un non-être. Elle n'est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l'intuition c'est la faculté qu'a une femme d'être sûre d'une chose sans en avoir la certitude..."

 

 

 

Ainsi va  la vie.

 

Au revoir.

 

 

 

Ton cousin

 

 Passek Taalé

 

Dernière modification lelundi, 06 février 2023 22:22

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