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Interview télévisée d’Ibrahim Traoré : Commencez donc cette fichue guerre, mon capitaine !

 

Le chef de l’Etat, Ibrahim Traoré, était face à la presse vendredi dernier pour son premier entretien depuis son arrivée au pouvoir le 30 septembre 2022.

 

 

Il avait face à lui les journalistes Ruth Bini Ouattara de la Télévision nationale et Soumaila Rabo  de Savane Médias. Sur le plan de la forme, force est de reconnaître que le capitaine a confirmé la facilité d’élocution qu’on lui reconnaît volontiers, au point même d’être trop décontracté pour certains. On peut se féliciter qu’aucun sujet n’ait été éludé et même que certaines questions venaient comme autant de perches tendues, ou des fenêtres de tirs ouvertes, pour permettre au capitaine de bien se défendre.

 

 

Pour ce qui est du fond, c’est beaucoup plus compliqué, ce rendez-vous cathodique  intervenant alors que de l’avis général, la situation sécuritaire et humanitaire s’est dégradée et les quelques localités reconquises, à l’image de Solenzo (Boucle du Mouhoun) et de Falagountou (Sahel), apparaissant comme des hirondelles qui ne font pas le printemps sécuritaire tant espéré. Et pourtant, de l’avis du capitaine Traoré lui-même, nous avons maintenant du matériel conséquent qui nous permet même de balayer tous les coins et recoins  de notre territoire  occupé pour voir où se terre la vermine. Mais d’où vient donc que les résultats ne soient pas professionnels aux acquisitions ?

 

 

C’est que pour le chef de l’Etat, la guerre n’a même pas encore commencé. Morceaux choisis : « Dans la reconquête du territoire, il y a plusieurs phases. Actuellement, dans notre stratégie globale, le combat en tant que tel au sol n’a pas encore commencé. Nous avons une première phase qui est d’établir une base de données en matière de renseignements, parce qu’une bonne partie de la guerre, c’est le renseignement… Les VDP (Volontaires pour la défense de la patrie) sont une stratégie que nous avons expérimentée et la nouvelle donne est que nous n’agissions plus seul. Un processus a été lancé pour les équiper au fur et à mesure que de nouvelles vagues seront formées… C’est pour cela je dis que la guerre n’a pas encore commencé ».

 

L’artilleur venu de Kaya pour arracher le pouvoir des mains du lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba serait donc toujours en train de régler sa mire quatre mois  après pour la guerre populaire généralisée avec l’aide des 50 000 VDP récemment enrôlés  et dont certains sont déjà sur le terrain. Mais mon capitaine, il faut faire vraiment vite ! C’est vous-même qui l’aviez dit dès votre prise de pouvoir que tout est urgent. Certes, il fallait faire preuve d’un peu de naïveté pour penser que vous feriez en trois mois ce que votre prédécesseur n’a pas réussi en huit mois ; mais quand on voit la détresse de la population souffrir le martyre, on réalise à quel point la situation est plus que préoccupante.

 

 

Ce qui est gênant dans l’exercice présidentiel de vendredi dernier, c’est que le chef de l’Etat semble se défausser de ses propres responsabilités et de ceux de l’armée qui, quoi qu’on dise, sont les principaux acteurs de cette affaire, pour battre sa coulpe sur des poitrines extrêmement plus confortables. Si ce ne serait pas la faute de la France, ce serait celle du G5 Sahel, il est vrai en état de mort clinique, de la CEDEAO, qui ne ferait pas preuve de solidarité sous-régionale, des journalistes, qui saperaient la cohésion des troupes combattantes, ou même de ces « vampires» de commerçants qui renâclent à louer leurs camions-remorques à des prix sociaux pour le transport des vivres dans les zones sous blocus, comme oubliant que la précédente opération a donné lieu à des surfacturations  indécentes de la part de militaires  dont on n’a pas encore tiré au clair.

 

 

Quid de Wagner ? Foi d’IB, il n’a pas eu en tous cas connaissance de la présence sur notre sol de ces mercenaires russes comme l’ont annoncée certains médias et même le président ghanéen Nana-Akufo Addo. « Nos Wagner, ce sont nos VDP », a-t-il répliqué, même si on pourrait regretter au passage la comparaison faite entre les chiens d’Evgueni Prigojine et nos vaillants engagés volontaires qui tombent chaque jour sous les balles assassines des terroristes pour défendre les terres de nos pères.

 

 

En tout état de cause, sur cette situation sécuritaire préoccupante, on a vu une fois de plus un jeune capitaine de 34 ans toujours aussi déterminé et optimiste quant à l’issue finale de cette guerre. C’est bien pour le moral de la troupe et du peuple, mais il faut bien plus que des assurances cathodiques pour faire renaitre l’espoir chez les Burkinabè qui ont bien depuis longtemps le moral sous les chaussettes.

La Rédaction

Dernière modification lelundi, 06 février 2023 22:21

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