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Résultats partiels présidentielle Liberia : Carton jaune pour la réélection de Georges Weah

Jamais élection présidentielle n’avait été aussi disputée au Liberia ! Après un premier tour qui a tenu toutes ses promesses en matière de suspense, le décompte des suffrages au second tour n’en finit pas de stresser les partisans de Georges Weah, le président sortant, et ceux de son challenger, Joseph Boakai.

 

Mercredi soir, la présidente de la Commission électorale nationale (NEC) a annoncé des résultats provisoires portant sur environ 22,5 % des votants, desquels se dégage une légère avance de Joseph Boakai, 50,71%, sur Georges Weah, 49,29%.

Ces résultats portant sur moins d’un quart des électeurs inscrits sont très partiels mais donnent une tendance qui confirment le score serré du premier tour. Il avait vu le président sortant devancer d’une courte tête son adversaire : 49,83 % des suffrages exprimés, contre 49, 44 %. En valeur absolue, c’est moins de 5000 voix des 2,4 millions d’électeurs qui avaient séparés ces deux candidats arrivés en tête du scrutin. Ces résultats partiels confirment aussi que cette présidentielle s’éloigne du scénario final de 2017 qui avait vu la victoire de l’ancienne star du football international avec une large majorité de près de 61% des suffrages exprimés au second tour. Au contraire, c’est véritablement un feu orange qui est allumé pour sa réélection, car le troisième du premier tour, Edward Appleton, et deux autres des six candidats arrivés en tête ont appelé à voter pour son anniversaire.

Avec ces reports possibles de voix, le score serré annoncé mercredi dernier, même s’il porte sur moins d’un quart des votants, est comme un carton jaune pour la réélection de Georges Weah. Au contraire, il donne à espérer aux partisans de Joseph Boakai que leur candidat est en pole position pour prendre sa revanche dans ce match retour contre le lauréat du Ballon d’or 1995. Des militants de l’opposition ont alors, dès hier matin, manifesté bruyamment leur joie dans certains quartiers de Monrovia. De quoi transformer le stress des partisans du président sortant en colère, lesquels dénoncent la lenteur de la NEC dans le décompte des suffrages et des irrégularités dans la centralisation des résultats.

On n’est donc pas loin d’une contestation du résultat final de cette élection comme cela s’est vu, du reste, à l’annonce de celui du premier tour. Ces contestations avec des exigences de recompte des voix portées par des candidats de l’opposition avaient entraîné des recomptes partiels des suffrages avec des annulations de votes et surtout le report d’une semaine du 2e tour de cette élection.

Jusqu’où iront ces manifestations prématurées de joie des uns et cette colère impulsive des autres ? Question légitime quand on sait que même si le processus électoral a globalement été paisible, il y a eu des incidents graves ayant occasionné des blessés et la mort d’une personne durant la campagne pour le 1er tour du scrutin. Des incidents isolés et mineurs ont de nouveau été signalés durant la campagne pour le second tour et la centralisation des résultats des votes.

Ce sont là des indices qui font craindre par certains observateurs qu’une victoire étriquée de l’un ou l’autre des 2 candidats n’entraîne une contestation des résultats avec des probabilités de violences ici et là. En tout cas l’équipe d’observateurs que la CEDEAO a dépêchée dans le pays ne cache pas ses appréhensions. Elle a exprimé, par la voix de son chef de délégation, sa « profonde inquiétude face à des déclarations provocatrices et des conférences que prévoiraient certains acteurs politiques pour crier prématurément victoire». Il va plus loin en mettant à l’index « les individus ou groupes responsables d’agissements qui conduiraient à des actes de violence ou saperaient une paix et une stabilité durement conquises au Liberia… »

On ne peut être plus clair. Ce coude-à-coude au score dans ce match de revanche n’est pas seulement un carton jaune pour la réélection de Georges Weah, il est aussi un feu orange pour l’acceptation des résultats finaux du scrutin et la paix sociale dans le pays. On croise donc les doigts pour que le pays de William Tolbert ne renoue pas avec ses vieux démons de 1989 à 2003.

 

Zéphirin Kpoda

Dernière modification ledimanche, 19 novembre 2023 19:31

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