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Guillaume Soro à Ouaga : Gare aux liaisons dangereuses !

Guillaume Kigbafori Soro est arrivé hier mardi 21 novembre 2023 à Ouagadougou où il a été reçu par le président Ibrahim Traoré. A la surprise générale, il avait décidé, dans une déclaration, le dimanche 11 du mois courant, de mettre fin à son exil en France, en Belgique, à Dubaï et jusqu’aux confins du continent asiatique.

 

En effet, avait-il dit : « Je refuse d’être un fugitif, d’autant plus que, devant Dieu et les hommes, je ne suis coupable d’aucun forfait qui mériterait un tel châtiment. C’est pourquoi, ici et maintenant, j’annonce qu’à partir d’aujourd’hui je mets fin à mon exil ».

Première étape, Niamey où il est arrivé le même 11 novembre, selon le responsable de la communication de son mouvement, Génération et peuples solidaires (GPS), Moussa Touré. Et Guillaume Soro de dire qu’il tournerait essentiellement au Mali, au Burkina et au Niger, les trois pays qui forment aujourd’hui l’Alliance des Etats du Sahel (AES).

Retour donc de Guillaume Soro à Ouaga, pour ne pas dire sur le lieu du crime qu’il a quitté depuis une bonne décennie, c’est-à-dire  depuis la chute de Blaise Compaoré en 2014, et le coup d’Etat du général Gilbert Diendéré un an plus tard. Beaucoup y avaient vu la main de l’enfant de Ferkéssédougou, et le nom du général Djibril Bassolé en son temps avait circulé. Des mandats d’arrêt avaient même été émis dans le cadre du putsch de septembre 2015, mandats d’arrêt contre le président de l’Assemblé nationale ivoirienne et le président du Faso, Blaise Compaoré, qui avaient par la suite été annulés le 28 avril 2016 par la Cour de cassation pour vice de forme.

Une décennie après, voici l’enfant de Ferké de retour dans la capitale burkinabè. Depuis lors, beaucoup d’eau a coulé sur les bords du Kadiogo et de la lagune Ebrié. Pour s’être frontalement attaqué à Ouattara, Guillaume Soro a dû prendre  le chemin de l’exil. Après l’insurrection de 2014, l’accession de Roch Marc Christian Kaboré à la magistrature suprême, suivie plus tard de sa chute, le Burkina vit au rythme de coups d’Etat successifs.

C’est aujourd’hui un secret de Polichinelle que l’axe Abidjan-Ouaga n’est pas au beau fixe. Ce qui l’est d’ailleurs pour Bamako et Niamey. Choisissant le Mali, le Burkina et le Niger comme terre d’accueil pour le moment, Guillaume Soro fait sien le dicton qui soutient que « l’ennemi de mon ami est mon ennemi ». Mais jusqu’où ira cette amitié ? Là est la question.

Quand on voit comment il est reçu, avec les honneurs dus à son rang, on se demande bien si cela ne constitue pas une provocation à l’endroit d’Alassane Ouattara, ou si ce n’est pas une entente pouvant conduire à autre chose. En tous les cas, avec le pedigree qu’il a, c’est risqué pour le Burkina. Gare donc aux liaisons dangereuses pour ne pas se laisser embarquer par celui qui est aujourd’hui en délicatesse avec ses anciens compagnons de route. La sous-région ouest-africaine est, pour ainsi dire, déjà assez crisogène pour qu’on en rajoute.

Pourquoi d’ailleurs continuer à errer comme une âme en peine, lui qui disait il n’y a pas très longtemps à ses compatriotes en exil de rentrer au pays s’ils n’ont rien à se reprocher. A lui maintenant le tour de rentrer à Abidjan pour affronter courageusement son destin, surtout que comme dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux, il affirme : « Il m’est pénible de vivre loin de ma terre ancestrale et natale d’Afrique. Je veux vivre dans la quiétude avec ma famille, mes proches ».

 

D. Evariste Ouédraogo

Dernière modification lemercredi, 22 novembre 2023 20:47

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