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Référendum constitutionnel au Tchad : Querelles entre « unionistes’’ et « fédéralistes »

 

Environ 8 millions de Tchadiens étaient appelés aux urnes ce 17 décembre pour un référendum constitutionnel. C’est assurément la première étape vers le retour à une vie constitutionnelle normale après la succession dynastique à Idriss Deby Itno, enrobée de bruits de bottes, le 20 avril 2021. Autrement dit, Mahamat Deby Itno fait, avec ce référendum, de grands pas vers la légitimation républicaine de son pouvoir.

 

 

Les résultats à ce référendum seront sans surprise, le oui étant sûr de l’emporter. Les apparences seront donc sauves pour la volonté du Conseil militaire de la Transition (CMT) d’ériger un Etat de droit sur les ruines du règne sans partage de Deby père (1990-2021). Pour le reste, notamment la sincérité du scrutin, le sérieux des acteurs politiques éparpillés dans 216 partis, la réalité de l’exercice démocratique du pouvoir avec le clan Deby Itno encore et toujours à la manœuvre, il faudra repasser.

 

 

Les enjeux du scrutin d’hier résident donc dans l’ampleur des contradictions entre ‘’unionistes’’ et ‘’fédéralistes’’, classe politique et société civile, leaders de l’opposition, notamment entre Succès Masra et ses camarades du parti ‘’Les transformateurs.’’ En effet, sans être une nouveauté pour ce géantissime pays de plus 1,28 million de km2, l’idée d’un Tchad, Etat unitaire décentralisé, est désapprouvée par la presque totalité des partis d’opposition, soutenue par une multitude d’organisations de la société qui appellent à voter non à ce référendum, ou à le boycotter. Ces opposants militent pour un Tchad construit sur le modèle d’un Etat fédéral. En face, le Mouvement patriotique du salut, parti au pouvoir hérité de Deby père, le CMT, faîtière de la junte pro Mahamat Itno Deby, appuyés par une kyrielle d’associations de chefs traditionnels appellent à voter oui et soutiennent l’idée d’un Tchad Etat unitaire.

 

 

Mais comme toujours en pareilles circonstances, l’unanimité fait défaut dans les camps opposés. Ces divergences bien contenues dans le camp présidentiel, dérivent en fractures ouvertes au sein de l’opposition. Ainsi, Succès Masra qui était vent débout contre une prolongation de la transition au point d’avoir été obligé de fuir le pays en octobre 2022 après une manifestation de ses partisans durement réprimée dans le sang, s’est totalement transformé dans la campagne référendaire. Il milite ouvertement pour le oui au projet de nouvelle Constitution. Au grand dam de ces lieutenants qui appellent au boycott du scrutin, il a fait des tournées dans plusieurs régions du pays avec visiblement de grands moyens pour appeler les électeurs à sortir nombreux et à voter Oui. De là à dire que le principal parti d’opposition à Mahamat Deby Itno est poche de l’implosion, on n’est pas loin. A l’inverse, ce dernier, en un mois de campagne électorale, renforce ses tentacules de contrôle des partis, OSC et associations, partisans de son pouvoir.

 

 

Avec une opposition divisée qui n’a pas eu les moyens de battre campagne, face à un camp présidentiel qui roule carrosse et amasse mousse, le oui à la nouvelle Constitution va passer comme une lettre à la poste. Un boulevard s’ouvre donc pour Mahamat Deby Itno pour légitimer son pouvoir à la tête d’un Tchad où les 216 partis et les cellules dormantes des factions rebelles seront à surveiller comme du lait sur le feu.

 

 

Pour un Etat de droit nouveau avec des institutions aménagées à l’aune des réalités sociologiques et territoriales du Tchad, les querelles de la campagne référendaire pourraient n’avoir été que pures conjectures circonstancielles.

 

La Rédaction

 

  

 

Dernière modification lelundi, 18 décembre 2023 22:21

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