Il faut dire que le Guinéen, particulièrement la classe politique, est attachée au symbolisme, pour ne pas dire au fétichisme des dates. En effet, quand on évoque le 28 septembre, ça renvoie à plusieurs dates dans la mémoire collective, notamment l’année 1958 où la Guinée a voté par référendum au « Non » retentissant au rattachement à l’Afrique française proposé par le président Charles De Gaulle. Ce jour renvoie également au plus grand stade du pays au nom éponyme, qui sera hélas le théâtre du plus grand massacre dans l’histoire politique de ce pays le… 28 septembre 2009. Le 28 septembre 2023, c’est également le jour de l’ouverture du procès de cette hécatombe avec comme principal accusé Moussa Dadis Camara.
Après le 28 septembre, commence à se dessiner une autre date symbole, celle du 21 septembre, qui nous renvoie à la fois au 21 septembre 2021, date de la promulgation de la Charte de la transition suite au coup d’Etat perpétré le 4 septembre contre Alpha Condé, et, quatre années plus tard, c’est-à-dire hier 21 septembre 2025, à une journée au cours de la laquelle les Guinéens se sont rendus aux urnes pour un referendum constitutionnel.
S’il est adopté, et on ne voit pas comment ce ne serait pas le cas, la nouvelle loi fondamentale ouvrira ainsi la voie à un retour de l’ordre constitutionnel et également le retour de la Guinée dans le concert des nations, notamment au sein des organes et institutions sous régionales et régionales dont elle était exclue.
Pensé et voulu par le nouvel homme fort de Conakry, le projet de texte introduit comme nouveauté un prolongement de la durée du mandat présidentiel, qui passe de cinq à sept ans, l’introduction de candidatures indépendantes à la présidentielle, la création d’un Sénat dont le 1/3 des membres sera nommé par le chef de l’Etat et la création d’une Cour spéciale de justice dotée du pouvoir de juger le président, le Premier ministre et les membres du gouvernement pour des crimes commis dans l'exercice de leur fonction.
Mais plus que ces réformes, ce qui intrigue est que la nouvelle Constitution n’aborde pas la question de la candidature des militaires. En effet, dans la Charte de la transition, l’article 46 interdisait aux membres du gouvernement de se présenter à la présidentielle, mais le nouveau texte n’en dit plus mot. Et comme on le sait, ce qui n’est pas interdit par la loi, est autorisé.
Ce qui fait dire aux observateurs de la scène politique guinéenne que la candidature du général Mahamadi Doumbouya ne fait plus de mystère. Pour ses contempteurs, l’ancien légionnaire de l’armée française entend légitimer son pouvoir à travers les urnes d’ici la fin de l’année selon le calendrier électoral et l’ambiance qui a régné tout au long de la campagne pour le referendum en disait long sur les velléités de l’ancien chef des forces spéciales de rester au palais Sekhoutereya.
Une campagne marquée par la suspension de plusieurs partis politiques de l’opposition qui n’ont de cesse de critiquer les procédures d’élaboration du projet de Constitution et dont certains ténors ont appelé au boycott pur et simple du scrutin référendaire à l’instar de Cellou Diallo et d’Alpha Condé.
Seront-ils entendus par les 6,7 millions d’électeurs ? Rien n’est moins sûr. Et plus que l’issue de la consultation, c’est surtout le taux de participation et le score du « Oui » qui peut relever du suspense. Sans nul doute que le nouveau texte sera adopté à hauteur de général qui entend troquer son treillis contre des boubous empesés pour deux septennats officiellement, et qui sait, plus si le bon peuple guinéen suppliait le guide éclairé, le grand timonier de bien vouloir terminer ses chantiers comme il est de coutume sous nos cieux.
La Rédaction