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Démocratie en Afrique : Une pépite nommée Cap-Vert

Et c’est reparti pour un tour de piste, ou plutôt pour un nouveau mandat. Denis Sassou  N’Guesso, qui capitalise déjà 37 ans de règne, a en effet prêté serment le vendredi 16 avril 2021 en présence d’une vingtaine de chefs d’Etat. Celui qui a été élu le 21 mars 2021 avec un score de 88,57% promet, tenez-vous bien sans rire, entre autres, de  lutter (enfin) contre la corruption et l’insécurité alimentaire.

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Génocide rwandais: « L’irrepenti »  Balladur

C’est un nouveau pavé dans la mare rwandaise déjà glauque. Un gros projectile jeté par l’ancien Premier ministre français Edouard Balladur, locataire de l’hôtel Matignon entre 1993 et 1995. Autant dire qu’il a été un acteur de premier choix dans la tragédie qui s’est jouée entre avril et juillet 1994.

Depuis, la responsabilité de la France dans la gestion de ce drame absolu a régulièrement été mise en exergue, notamment par Kigali, qui accuse pratiquement Paris de connivence avec les génocidaires hutu. Une thèse plus ou moins confirmée ces derniers temps par le fameux rapport Duclerc, du nom de l’historien Vincent Duclerc, président de la commission éponyme. Remis le 26 mars dernier, ce document revient sur le rôle de l’Hexagone dans cette barbarie innommable et pointe « les responsabilités lourdes et accablantes » des autorités françaises. Des conclusions qui avaient eu l’air de plaire à Paul Kagamé, qui n’attendait plus que les excuses officielles de Paris, dont on se demande si elles auront lieu un jour.

En tout cas, ce ne sera pas avec « Ballamou », comme l’avait surnommé le Canard enchaîné. Dans un entretien accordé à RFI et à France 24, il reconnaît que son pays «  n’a pas tout bien fait » et qu’il aurait été « heureux que l’opération Turquoise se fasse plus vite ». L’ancien Premier ministre de la seconde cohabitation de François Mitterrand affirme par contre son désaccord avec le contenu du document. « N’attendez pas de moi la moindre repentance », conclut, catégorique, celui qui dit ne pas partager « les blessures et les regrets » de son ministre des Affaires étrangères Alain Juppé. Il faut dire qu’à 91 ans, « Sa courtoise suffisance », autre sobriquet de l’homme, fait un plaidoyer pro domo et n’est sans doute pas tout à fait objectif dans cette affaire. Car admettre que la France a pataugé dans le bourbier rwandais, ce serait reconnaître sa propre responsabilité puisqu’à cette époque, c’est lui qui dirigeait le gouvernement. Qu’il se défende, certes, mais là où ça devient gênant, c’est quand « l’irrepenti » Balladur fait parler le mort Mitterrand qui aurait reconnu que lui, Balladur, avait vu juste quand il prônait une intervention militaire à but humanitaire limitée dans le temps et l’espace. «  Vous avez été restrictif et vous avez eu raison », lui aurait lancé Tonton qui, hélas, n’est plus en mesure de confirmer ses dires.

Mais il a beau ne plus être la voix officielle de la France depuis belle lurette, on imagine aisément que cette sortie aura le don de hérisser le poil de l’homme mince de Kigali qui a quasiment fait de l’acte de contrition français la quête de sa vie. Kigali avisera sans aucun doute. Mais bien plus que la réaction des autorités rwandaises, celle que tous attendent viendra de l’actuel locataire de l’Elysée, à qui a été remis le fameux rapport. Et on est bien curieux de savoir si Jupiter va s’inscrire dans cette logique du repentir ou s’il formulera de simples regrets.

 

H. Marie Ouédraogo

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Démocratie en Afrique : Quand le Tchad et le Bénin se retrouvent dans la même classe

Qui aurait cru que le Tchad et le Bénin se retrouveraient un jour dans la même classe, démocratiquement parlant ? Pourtant, c’est  bien  qui est en train de se passer. Hier, les deux pays ont organisé leurs élections présidentielles. Au Tchad, Idriss Déby brigue un 6e mandat, face à dix adversaires  dont sept  réels puisque trois de ces candidats ont décidé, in fine, de boycotter le scrutin en raison des conditions d’organisation. Les Tchadiens vont faire semblant d’attendre des résultats qui sont connus d’avance  comme c’est souvent le cas.

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Génocide des Tutsi au Rwanda: L’Afrique sans mémoire

Le 7 avril 1994 débutait le dernier génocide du 20e  siècle qui allait faire plus d’un million de morts. Cette horreur est commise dans l’indifférence de la communauté internationale. On découvrira l’ampleur du désastre plus tard, avec les charniers à ciel ouvert, et toute l’étendue de l’horreur avec les récits des survivants. Vingt-sept  ans après, existe-il une mémoire de ce génocide hors du Rwanda ?

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Réconciliation ivoirienne: ADO déroule le tapis rouge à Gbagbo

Les portes de la Côte d’Ivoire sont donc officiellement ouvertes pour Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé, pour qui les bonnes nouvelles se succèdent. Hier mercredi 7 avril 2021 au cours du premier Conseil des ministres du nouveau gouvernement Patrick Achi, le président Alassane Ouattara a déclaré qu’ils « sont libres de rentrer en Côte d’ivoire quand ils le souhaitent ». Cette annonce intervient une semaine après leur acquittement définitif par la Cour pénale internationale, devant laquelle ils étaient poursuivis depuis une dizaine d’années pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité perpétrés au cours des violences postélectorales de 2010-2011. Hasard sans doute du calendrier, il y a 10 ans presque jour pour jour, soit le 11 avril 2011, l’enfant terrible de Mama, son épouse Simone et le dernier carré de ses fidèles étaient arrêtés en mondovision avant que l’ex-président soit transféré aux Pays-Bas quelques mois plus tard.

Après tant de galères, c’est donc l’heure du retour qui a sonné pour le Oudy, dont les frais de voyage et ceux des membres de sa famille seront pris en charge par l’Etat ivoirien. Et une fois sur la Perle des lagunes, il pourra bénéficier de sa liste civile d’ancien chef d’Etat, notamment d’une allocation viagère ainsi que de personnel (sécurité, collaborateurs et domestiques) défrayés par le budget de la présidence.

Sans même avoir attendu cette annonce, la galaxie Gbagbo, dès son acquittement, avait commencé à préparer ce retour au bercail dont on imagine qu’il ne pourra être que triomphal. Les négociations y relatives avaient commencé, rappelons-le, entre le secrétaire général du FPI (canal historique) Assoa Adou et le défunt Premier ministre Hamed Bakayoko.

Aux septiques qui pensent que ce tapis rouge déroulé par le locataire du palais de Cocody à son ennemi juré pourrait être une souricière qui se refermerait sur l’ancien pensionnaire de Scheveningen, Amadou Coulibaly, le nouveau porte-parole du gouvernement, a donné la réponse suivante « a moins que vous pensiez que le chef de l’Etat soit particulièrement cynique, çà me paraît un peu gros d’offrir les frais de voyage à quelqu’un qu’on a envie de mettre derrière les barreaux ». En tout cas, cynisme ou pas, il faudra bien plus qu’une simple annonce, fût-elle présidentielle, pour que les deux hommes puissent rentrer en toute quiétude, l’un comme l’autre ayant été condamnés par contumace à 20 ans de prison, Gbagbo dans l’affaire dite du casse de la BCEAO et l’ancien ministre de la rue publique pour des faits commis lors de la crise post-électorale. Autant dire qu’il leur faudrait une loi d’amnistie pour qu’à leur descente d’avion ils n’aillent pas directement de l’aéroport Félix Houphouët-Boigny à la MACA. Et si au bout du compte tout devait se passer sans la moindre anicroche, se serait un pas décisif dans le sens de la réconciliation nationale que tous les Ivoiriens appellent de leurs vœux.

Certes, comparaison n’est pas raison, les deux situations étant fondamentalement différentes. Ce new deal ivoirien pourrait et même peut-être devrait inspirer les Burkinabè engagés eux aussi dans un délicat processus de réconciliation dont le retour de Blaise Compaoré (avec ou sans procès) n’est pas le moindre des enjeux. Ce disant, on se rend compte qu’on est déjà dans la 2e moitié du premier semestre que le candidat président avait fixé à Ziniaré pour esquisser une solution à cette équation.

 

H. Marie Ouédraogo

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Madagascar : « L’Amiral Rouge » a levé l’ancre pour l’au-delà

C’est un dimanche des Rameaux endeuillé que les Malgaches ont vécu ce 28 mars : en effet, un baobab du landerneau politique s’est écroulé sous le poids de l’âge dans la matinée d’hier ; Didier Ratsiraka, puisque c’est de lui qu’il s’agit, avait 84 ans.  Il  n’a pas survécu à un malaise général, qui avait causé son internement dans  un hôpital de la Grande Île pour un contrôle de routine.

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