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Reconnaissance du CNT : L’UA tourne enfin la page Kadhafi Spécial

Enfin, le pas est franchi ! L’Union Africaine, toute honte bue, a décidé de reconnaître le Conseil National de Transition comme le «représentant légitime du peuple libyen» ; le communiqué en a été rendu mardi, à Johannesburg ; ironie du sort, cette ville est la capitale économique d’un Zuma qui pèse de tout son poids sur l’instance panafricaine et qui n’a jamais voulu entendre parler d’une quelconque reconnaissance de ces insurgés libyens qui, au final, auront réussi à déboulonner l’homme fort de Tripoli. L’UA, histoire de sauver les apparences, sans doute, justifie cette reconnaissance tardive en affirmant qu’elle a reçu des engagements écrits de l’organe politique des insurgés libyens ; dont acte.

 

Mais il se pourrait aussi que cette forme de reddition de l’organisation trouve explication ailleurs : il y a juste quelques jours, à l’ONU, le siège de la Libye était accordé au CNT ; et dans la foulée, leur drapeau était hissé et acclamé au siège des Nations Unies à New York ; pour le dire tout net, l’UA était désormais mise devant un fait accompli ; désormais dos au mur, l’instance panafricaine  se sera résolue, et forcément à contrecœur, à consentir à la seule solution qui lui restait : capituler et reconnaître à son tour ce CNT qu’elle a jusqu’alors formellement abhorrée.

La pilule n’a peut-être pas présenté l’amertume que l’on croit, d’ailleurs, tant les Etats membres qui composent l’instance panafricaine, au sujet de la question libyenne, avaient des positions divergentes. On aura perçu dans l’attitude formelle de l’UA, la mainmise d’un Jacob Zuma tenant à assumer au sein de l’organisation, le rôle supposé ou réel de leader accordé à l’Afrique du Sud. Car, enfin, on l’aura vu, cette reconnaissance intervient, après moult d’atermoiements et hésitations ;  et surtout on voudrait savoir pourquoi ladite reconnaissance intervient maintenant et pourquoi maintenant ; on se rappelle que fin août 2011, la même UA déclarait urbi et orbi qu’elle refusait de reconnaître le CNT : à l’époque, elle jugeait la situation militaire sur le terrain incertaine ; et comme pour édulcorer ses propos, elle ajoutait que pour le faire, elle attendait que le CNT que l’on donnait pour vainqueur par anticipation, si un jour, il sort réellement vainqueur de la guerre libyenne, que ce CNT fasse connaître la liste de son gouvernement. A ce jour si ladite liste a été annoncée, nul ne la connaît encore puisque ledit gouvernement rester à être formé : on l’aura noté au passage, la décision de reconnaissance des insurgés libyens par l’Union Africaine se sera faite sans que cette condition qu’elle-même jugeait primordiale ne se fît. Pour tout dire, l’UA aura cédé à l’évidence de la realpolik pour se rendre, sans doute à son corps défendant, à Canossa.

Et, ce faisant, elle tourne à son tour, la page et l’ère Kadhafi. Ce même Kadhafi qui aura signé de sa propre main l’acte de  naissance de cette même UA  à Syrte, ce Guide qui se sera proclamé Roi des rois traditionnels d’Afrique, devra désormais faire sans le soutien de cette instance panafricaine si chère à son cœur, à laquelle il aura consacré beaucoup de son temps  et pour laquelle il aura dépensé des liasses de billets craquants. Reste à savoir en quoi cette reconnaissance officielle de l’UA pourra être de quelque apport appréciable à la résolution de la crise libyenne. Car, jusqu’à présent, demeurent des bastions du Guide qui se révèlent imprenables ; tout comme Kadhafi lui-même dont on ignore jusqu’à la localisation exacte mais qui continue de narguer les combattants du CNT par ses messages diffusés à  intervalles réguliers. Et il se peut que l’on mette encore du temps avant de lui mettre le grappin dessus : le Guide libyen disposerait d’un véhicule de fabrication allemande que des experts français ont transformé en une véritable merveille de technologie, au point de le rendre quasiment indétectable. Ledit bijou ne lui  rendra peut-être pas le trône qu’il a perdu, mais au moins l’homme  peut toujours se faire entendre ; pour quelqu’un qui a toujours adoré les discours et les diatribes, ça compte énormément. Reste à savoir si ses prochaines invectives, Kadhafi  les lancera contre cette Union Africaine qui, à son tour, aura choisi de lâcher son Guide pour épouser la cause de ses ennemis.

 

Jean Claude Kongo

Dernière modification lemercredi, 21 septembre 2011 22:50

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