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France et rébellion touarègue : Quand on a sa main dans la gueule d’AQMI … Spécial

Depuis que le candidat Sarkozy est sorti du bois le 15 février 2012 au journal de TF1, la campagne présidentielle bat son plein en France.  Dans ce pays à la démocratie rodée, l’heure est aux grandes questions économiques et politiques sur la marche du monde. Et comme presque toujours, l’Afrique sera la grande absente du débat ; mais ce n’est pas pour autant que le Continent noir ne fait pas partie des préoccupations de l’Hexagone. Bien au contraire.

Le temps d’un week-end, Alain Juppé, ministre des Affaires étrangères, a effectué un séjour dans notre sous-région, mettant entre parenthèses la bataille de tranchées qui a lieu entre candidats pour visiter le Bénin, le Burkina Faso  et la Mali, le plat de résistance de la tournée ayant été la rébellion qui sévit dans la patrie de Modibo Kéita, celle du MLNA (Mouvement national de libération de l’Azawad). La preuve que même s’il s’agit d’une affaire malo-malienne, Paris suit le dossier de très près.

Sur la question, officiellement en tout cas, la position de la France ne semble pas prêter à équivoque : intangibilité du territoire malien, opposition à l’indépendance de la zone revendiquée par les Hommes bleus (un espace qui fait les 2/3 du pays) et respect de la date prévue pour l’élection présidentielle.

Une chose est cependant certaine : en dehors du flonflon diplomatique, le pays de Sarkozy est dans une position délicate dans cette affaire. Ce n’est pas pour rien qu’il a toujours prôné le dialogue avec la rébellion malienne. Attitude curieusement aux antipodes de la posture va-t-en-guerre prise lorsqu’il s’agissait de la Libye. Là-bas, la France a été le premier pays étranger à faire parler la poudre. Au Mali, il en est tout autrement et elle semble faire plutôt profil bas.

Comme on le dit en Afrique, lorsque l’on a sa main dans la gueule du chien, mieux vaut le caresser dans le sens du poil avec la main restée libre pour ne pas retirer l’autre, ou ce qui en reste, avec des séquelles irréparables. Dans ce no man’s land où sévissent les rebelles touarègues, font également la pluie et le beau temps avec une plus grande capacité de nuisance hors normes les combattants d’Aqmi, la terrible branche d’al-Qaeda au Maghreb, qui détient depuis le 16 septembre 2010 quatre otages français enlevés à Arlit au nord du Niger. Alors, quand on prête certains liens entre cette branche et le MNLA, autant rester modéré dans ses actes et dans son langage.

On mesure donc toute la délicatesse de la position française. Si on a sa main dans la gueule de la nébuleuse terroriste, l’on est en devoir de se comporter d'une certaine façon. Dans ce grand écart difficile à réaliser, une nouvelle répercutée par certains médias, notamment la Lettre du Continent, a jeté un pavé dans la mare. Que raconte-t-elle ?

Que Paris armerait les rebelles touareg pour combattre les éléments de la nébuleuse terroriste. Si c’est avéré, ses conséquences devraient faire frémir. Ne s’agirait-il pas là d’un couteau à double tranchant, sachant que ces armes pourraient être retournées contre l’armée malienne ? En effet, ceux qui empêchent aujourd’hui le président sortant Ahmadou Toumani Touré de dormir sur ses deux oreilles ont déjà, avec une souplesse digne de gymnastes chinois, retourné contre l’armée malienne des armes qu’ils utilisaient en Libye.

Issa K. Barry

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