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Manif des laïcs congolais : Pas de charité chrétienne pour les marcheurs en chasuble

L’interminable crise qui secoue la République démocratique du Congo et qui tarde à se dénouer aura au moins révéler un homme : Lambert Mendé.

 

Ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, on peut en effet tout dire de lui sauf qu’il n’a pas l’éloquence requise pour sa fonction. Véritable « voix de son maître », le verbe haut et parfois cassant, il est de la race du Gabonais  Jean-Claude Bilie-Bye Nzé ou, jadis, du Burkinabé Alain Edouard Traoré (le bagout en moins pour ce dernier), ces serviteurs zélés qui  défendent parfois les positions les plus indéfendables, quitte à déraper verbalement ou à verser carrément dans le cynisme.

On en a encore eu la preuve ce dimanche 31 décembre 2017 après la manifestation ( interdite ) du Comité des laïcs catholiques ( cornaqués ici et là par des prêtres ) qui exigent le respect de l’Accord de la Saint Sylvestre, laborieusement conclu il y a exactement un an par la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) puis minutieusement détricoté par le pouvoir, depuis juge et partie, imposant ses propres règles du jeu et divisant l’opposition pour mieux régner.

Il faut croire qu’ils n’ont même plus peur de Dieu. Messes dominicales perturbées et fidèles dispersées à coup de gaz lacrymogènes, violents heurts entre paroissiens et manifestants dans certains quartiers et, à la clé comme c’est souvent le cas, quelques cadavres sur le macadam dont le nombre, comme toujours également, varie selon les camps : huit avancent  les croquants, deux , tempèrent les autorités pour qui c’est sachant les troubles éventuels à l’ordre public que la municipalité de Kinshasa avait réservé une fin de non-recevoir à la demande des manifestants. L’inénarrable Lambert Mendé, interrogé par RFI,  n’est alors pas loin de dire aux macchabées qu’on les avait prévenus. Ce serait  bien fait pour leur gueule donc. Pas de charité chrétienne  pour les marcheurs en  chasuble.

Que des perturbateurs aient pu infiltrer les honnêtes manifestants pour semer la pagaille, c’est fort possible mais rien n’interdit de penser qu’ils ont pu être stipendiés par le régime pour discréditer les organisateurs. On peut certes s’interroger sur la pertinence de cette « marche pacifique » de la curaille et de leurs grenouilles de bénitier ;  se demander si les pasteurs, qui roulent ainsi ouvertement pour les  adversaires du régime, ne trahissent pas quelque part leur serment puisqu’ils sont censés guider toutes les brebis, même les plus galeuses, mais plutôt que d’interdire systématiquement le moindre mouvement d’humeur, Joseph Kabila Kabengué ne ferait-il pas mieux d’encadrer ces battages de pavé ?

2017 donc en RDC se termine comme elle  avait commencé : dans la douleur, les larmes et le sang sans qu’on ne sache quand prendra fin ce chemin de croix sans issue des Congolais, martyrisés par un petit Kabila incapable d’organiser des élections à bonne date et qui se maintient indûment au pouvoir au prix d’artifices juridiques depuis la fin de son mandat le 19 décembre 2016.

Mais aujourd’hui c’est aujourd’hui ou plutôt 2018 c’est 2018. La Commission électorale a en effet programmé les élections générales pour le  23 décembre de cette année et bien malin qui pourra dire dès son seuil si cette échéance pourra être enfin être respectée dans un pays sous la férule d’un clan prébendier qui n’a d’autre programme de gouvernement que de s’éterniser aux affaires.

 On devrait aussi avoir le fin mot de tous ces mis-macs politico-juridiques qui semblent n’avoir pour seul  et ultime but que de prolonger le bail de Mobutu Light au Palais de la Nation. Mais pour ça, il va bien falloir jeter bas le masque en sautant d’abord le verrou limitatif du nombre de mandats présidentiels. C’est dire si l’année 2018 promet d’être, hélas, encore plus tumultueux que ne le fut celle qui vient d’expirer dans la tourmente.

LA REDACTION       

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