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Remaniement ministériel : Du sang neuf pour «donner un coup d’accélérateur»

 

Certains espéraient un grand chambardement, finalement le gouvernement Thiéba III ne compte que neuf nouveaux visages. Suffisamment en tout cas pour donner un coup d’accélérateur à la mise en œuvre du PNDES, selon le Premier ministre. Nouveaux entrants ou repêchés de Thiéba II, pour tous, c’était la rentrée des classes le 1er février 2018 au palais de Kosyam.

 

 

 

 

Les calebasses, les noix de colas, les grains de petit mil, les œufs, éléments habituels de ce qu’on appelle couramment « sacrifices », se seraient fait plus nombreux aux carrefours de Ouaga 2000 depuis quelque temps. Certains, persuadés qu’un remaniement ministériel ne se joue pas seulement dans les cabinets politiques mais aussi dans les officines occultes, ont vite fait le lien avec les persistantes rumeurs qui couraient depuis le début de l’année sur un changement de l’équipe gouvernementale. Un communiqué lu à la télévision nationale mercredi vers 22 h a mis fin au suspense. Et c’est à croire que le « wack » de certains était vraiment fort : seulement neuf personnes ont fait leur entrée dans le saint des saints de l’exécutif, contre sept départs, pour former une équipe forte de 33 membres, dont 6 femmes. Tous, dont les téléphones ont dû chauffer juste après l’annonce, étaient attendus hier matin à 11h à la présidence pour une prise de contact, ce qui a donné lieu à un ballet ministériel sur le perron de Kosyam. Le cérémonial d’arrivée est le même pour tous : accueil par le protocole et séance photo sur le perron avec la presse. Les néo-ministres arboraient le flambant Faso Dan Fani, qu’ils ne manquaient pas d’ajuster, comme Abdoul Karim Sango du PAREN, pour se tirer le portrait. Seul le nouveau ministre d’Etat auprès de la présidence ne se plie pas à l’exercice. Contrairement à beaucoup, heureux d’avoir sauvé leur tête, il avait une mine déconfite et s’est engouffré dans le bâtiment sans piper mot. L’ancien premier flic sera d’ailleurs le premier à quitter le palais après la fin de cette prise de contact qui aura duré une quarantaine de minutes, toujours muré dans le silence malgré l’insistance des journalistes. Le nouveau ministre « honoris causa » affiche tout de même un léger sourire (forcé ?) à la gauche du Président du Faso dans la photo de famille prise un peu plus tôt sous le hall. Le cas Simon avec son portefeuille incongru sera d’ailleurs l’un des points abordés par le chef du gouvernement lors d’une déclaration à chaud après cette première réunion des membres de l’exécutif. Et à l’entendre, même s’il ne le dit pas explicitement, le poste de ministre d’Etat auprès de la présidence du Faso, qu’occupe désormais « Tebguéré », est un garage pour l’ancien maire de Ouagadougou qui, à 65 ans, est relégué à un rôle de vieux routier dont les conseils peuvent toujours être utiles. « Le ministre d’Etat pourra mettre toute son expérience au service du Président du Faso afin qu’il puisse lui confier des missions spécifiques. Il pourra aussi donner des éclairages importants pendant les Conseils des ministres sur des sujets divers et variés », a souligné Paul Kaba Thiéba. Qu’en est-il de la création du département plein et entier pour les Burkinabè de l’étranger ? Il s’agit, selon le chef du gouvernement, de prendre en compte les préoccupations de cette partie de la population burkinabè.

 

Le coup de neuf apporté au gouvernement est dicté, a souligné le PM, par la seule volonté d’« accélérer la mise en œuvre des réformes et des chantiers dans le cadre du PNDES et du programme présidentiel ». Avant de prendre congé des journalistes et d’aller au pied du mur où il est très attendu, l’ancien cadre de la BCEAO a eu ces mots concernant les sept victimes de ce lifting : «Les ministres qui ont quitté le gouvernement n’ont pas démérité. Chacun a donné le meilleur de lui-même. Il fallait qu’il y ait un changement de rythme en recherchant beaucoup plus d’efficacité que par le passé. C’est la raison principale qui a motivé ce remaniement ministériel. »

 

 

 

Hugues Richard Sama

 

Akodia Ezékiel Ada

 

 

 

 

 

Encadré

 

Propos de nouveaux ministres

 

 

 

Abdou Karim Sango, ministre de la Culture, des Arts et du Tourisme

 

« Il y a un temps pour tout. »

 

 

 

« Les livres saints disent qu’il y a un temps pour tout. La vie a voulu que je fasse autre chose et c’est ce que je vais tenter de faire. On m’a connu critique et je souhaite ne pas perdre ce sens critique. Par conséquent, je compte le porter à l’interne, dans le gouvernement. Si ça peut aider à faire avancer les choses, je le ferai. »

 

 

 

Bachir Ismaël Ouédraogo, ministre de l’Energie

 

« Nous allons valoriser l’énergie solaire. »

 

 

 

« Je tiens à remercier Son Excellence Roch Marc Christian Kaboré et le Premier ministre, Paul Kaba Thiéba, pour cet honneur qui a été fait à ma personne et à l’ensemble de la jeunesse burkinabè. Il me revient maintenant de tout faire pour être à la hauteur de la tâche. Il s’agira pour nous de faire de telle sorte que l’énergie, qui est à la base de tout développement, soit accessible à la majorité de la population. Nous avons un des kilowattheures les plus chers de la sous-région. Nous allons donc travailler à en réduire le coût. En outre, nous allons travailler à valoriser le soleil, qui est une ressource inépuisable d’énergie dans notre pays. » 

 

 

 

Stanislas Ouaro, ministre de l’Education nationale et de l’Alphabétisation

 

« Le plus important, c’est la mise en œuvre du protocole d’accord signé avec les syndicats. »

 

« Je remercie le président Faso et le Premier ministre qui m’ont accordé leur confiance. Il y a un certain nombre de défis à relever au niveau du département de l’Éducation en rapport avec la mise en œuvre du programme présidentiel, le PNDES. Mais le plus important actuellement, c’est la mise en œuvre du protocole d’accord signé récemment entre les syndicats de l’éducation et le gouvernement. A l’intérieur de ce protocole d’accord, il est consigné le suivi des engagements du gouvernement. Nous souhaitons donc que toute l’équipe du ministère se mette à pied d’œuvre pour que nous puissions assurer à l’ensemble du peuple burkinabè que notre système éducatif retrouvera ses lettres de noblesse. » 

 

 

 

Marie Laurence Ilboudo née Marchal, ministre de la Femme, de la Solidarité nationale et de la Famille

 

« On n’invente pas les roues, on les améliore. »

 

 

 

« On n’invente pas les roues, on les améliore. Le PNDES a déjà tracé les sillons, nous allons seulement suivre le chemin. Pour ce qui est de la polémique sur le pagne du 8-Mars, je reste convaincue que le dialogue arrange toujours les choses. Etant nouvellement nommée, je n’ai pas encore toutes les cartes en main. Mais très rapidement, je vais demander à entrer en contact avec les uns et les autres afin d’y trouver une solution idéale pour tous. Avec la bonne foi de tous, c’est sûr, nous allons nous en sortir. » 

 

 

 

Clément Pengwindé Sawadogo, ministre de la Sécurité

 

« Je vais inscrire mon action dans le cadre déjà tracé par mon prédécesseur. »

 

 

 

« La sécurité est un domaine prioritaire du gouvernement. Nous allons donc faire en sorte, face aux différentes menaces qui nous assaillent, de pouvoir relever le défi. Je n’ai pas encore toutes les cartes en main pour définir un plan d’action, mais je vais inscrire mon action dans le cadre déjà tracé par mon prédécesseur. Celui-ci s’est battu de jour comme de nuit pour que la sécurité soit à la hauteur des défis actuels. Nous pensons notamment à la lutte contre le terrorisme qui, certainement, va occuper notre temps. Nous pensons aussi à différents défis en rapport avec la sécurité sur nos voies et dans nos villes. C’est donc dire que nous mesurons l’ampleur de notre tâche. »

 

 

 

Propos recueillis par

 

H.R.S. et A.E.A.

 

Dernière modification ledimanche, 04 février 2018 20:39

Commentaires   

0 #2 Megd 03-02-2018 09:32
Quand est-ce que les nouveaux ministres se mettront-ils au travail avant que 2020 ne les surprennent?

Chacun voudra renouveler son personnel et cela est de bonne guerre car l'on préfère travailler qu'avec des personnes dont on accorde la confiance.

Au finish, ce remaniement ne correspond pas à la situation sociopolitique de notre pays.

Dans un premier temps, c'est le premier ministre qui devait partir car il est en partie responsable de l'amateurisme de son équipe. Tout le monde sait qu'il n'a aucune emprise sur ses ministres car chacun émane d'un clan au sein du MPP.

Dans un second temps, tous les ministres dont les départements ont été cités pour des cas de corruption devaient partir. C'est le cas du ministre des transports, mais comme il est le neveu de l'autre, il est "inbouge".

Enfin, le volet sécuritaire me semble-t-il n'est pas la priorité du chef de l'Etat. Il reste scotché à cette histoire de G5 Sahel sans aucune stratégie ni vision.

Cela ne fait ni chaud ni froid au cœur du premier des burkinabè de savoir qu'il y a des zones dans ce pays où les enfants ne peuvent plus aller à l'école, où des fonctionnaires de l'Etat sont interdits de cités, etc...

Que Dieu protège le Faso.

NB: Avec ces attaques à répétition au Mali, il est fort probable que nous ne soyons pas à l'abri d'une surprise au cœur de la capitale ou dans une ville comme Bobo ou Ouahigouya.
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-1 #1 Le Fils du Pays Réel 02-02-2018 11:09
Le remaniement tant souhaité et tant attendu est enfin là et suscite déjà de nombreux commentaires.
A la nouvelle équipe, que chaque membre voit à travers cette nomination, une interpellation, une invite à se défoncer pour le bien-être de la population burkinabé. Nous n'avons pas besoin de ministres complaisants, mais plutôt de ministres habités par le fighting spirit.
Au peuple burkinabé, arrêtons les critiques inutiles (dès hier, de nombreuses personnes critiquent la faible amplitude du séisme car ils auraient voulu voir la grande majorité balayée, d'autres évoquent le cas Sango -mais on s'en fout, même s'il milite dans un parti politique de la planête Mars l'essentiel est qu'il puisse apporter des réponses aux préoccupations des Burkinabé. Accompagnons l'équipe gouvernementale par nos actes et nos prières afin que les défis qui se présentent à nous soient relevés.
Dieu bénisse le Burkina Faso
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