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ANC : Ça casse… ou ça casse

 

Partira ? Partira pas ?

 

Hier au moment où nous tracions ces lignes, on ne savait plus quoi penser du bras de fer qui oppose le chef de l’Etat sud-africain, Jacob Zuma, à son parti, l’ANC, tant chaque jour la crise n’en finit pas de charrier son lot de questionnements.

 

 

Il y a une semaine, jour pour jour, le compte à rebours semblait déclenché après que le discours annuel du président devant la Parlement a   été reporté.

 

La démission anticipée de Zuma, qui semblait n’être plus qu’une question de jours, se révèle sinon impossible, du moins difficile à négocier.  

 

Alors qu’on croyait les carottes cuites  pour celui qui avait survécu à sept motions de défiance, à une batterie de procès et à d’innombrables injonctions de rembourser des sommes indument dépensées, voilà que la partie commence à tirer en longueur. Car, contrairement à son prédécesseur, Thabo Mbeki, qui a vite rendu les armes dès les premiers sons du cor  de l’ANC, Jacob Zuma entend marchander sa  démission au prix fort. Et il n’en démord pas. Au point que les 107 membres du Conseil national exécutif de l’ANC, la plus haute instance du parti,  se sont réunis d’urgence hier lundi 12 février 2018 dans un hôtel de Pretoria  pour trancher le nœud gordien.

 

Mais parviendront-ils à défénestrer celui qui qui refuse de sortir par la porte, soit-elle petite ?

 

Certes, plus que jamais, l’étau se resserre autour de Jacob Zuma, mais ce dernier tient à définir les modalités de son départ anticipé. En mettant sur la balance une immunité pour sa propre personne et des garanties pour toute sa famille. Et ce n’est pas tout : il exige aussi une prise en charge de ces frais de justice, et Dieu seul sait qu’ils sont proportionnels au nombre de chefs d’inculpation, 783,  sous lesquels il croule. 

 

Ce serait comme une prime à l’impunité si l’Etat sud-africain venait à accéder aux désidératas de l’un de ses plus gros prédateurs.

 

Qui sait si tout cela ne relève pas d’une subtilité stratégique de la part de Zuma conscient que ses exigences sont moralement irrecevables et politiquement désastreuses pour son remplaçant, Cyrille Ramaphosa, et l’ANC tout entière à un an de la présidentielle de 2019 ?  Cela, d’autant plus que quand bien même le Conseil national exécutif aurait décidé de le rappeler, il n’a aucune obligation constitutionnelle à se soumettre à cette intimation.     

 

Comme on le voit, le vieux guerrier zoulou est certes encerclé, mais il est loin d’avoir dit son dernier mot, car avec ses nombreux supporters qui continuent de scander son nom, il peut,  à défaut de sauver sa peau, mettre à mal la cohésion au sein de l’ANC déjà en proie à des dissensions internes.

 

Autant dire que quelle qu’en soit l’issue, c’est toute la famille politique de Mandela qui va trinquer. Ça casse ou ça… casse !

 

Avec cette crise qui s’installe dans une durée plus longue que prévue, c’est toute l’Afrique du Sud qui se retrouve otage du parti au pouvoir et c’est peu dire que ça commence à agacer tout le monde, surtout l’opposition qui  fait monter les enchères.

 

La semaine dernière, elle avait laissé entendre que, si l’ANC ne parvenait pas à régler la situation, elle s’en chargerait. C’est pourquoi elle demande désormais la dissolution pure et simple du Parlement et l’organisation d’élections anticipées pour sortir de l’impasse.

 

En attendant, elle exige que l’examen de  la motion de défiance initialement prévu pour le 22 février prochain se tienne cette semaine.

 

Ces menaces de l’opposition viendront-elles à bout de l’obstination de Zuma ? Rien n’est moins sûr.

 

En tout cas, si avec ce navire qui prend l’eau de toutes parts le capitaine parvenait à s’en sortir, il aurait mérité son surnom d’ « insubmersible ». Alors, ses adversaires devraient en tirer les conséquences et le laisser terminer son mandat en paix.

 

Alain Saint Robespierre   

Dernière modification lemardi, 13 février 2018 22:40

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