Procès putsch manqué : Sitôt lancé, sitôt calé
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On se doutait bien que le procès tant attendu ne démarrerait pas sur les chapeaux de roues. Mais on était loin d’imaginer qu’à peine mis en route, le moteur calerait. C’est en effet un faux départ qui a eu lieu ce mardi 27 février dans la salle des Banquets de Ouaga 2000 où l’audience sitôt ouverte a été suspendue sine die par le président Seydou Ouédraogo qui, après avoir fait le constat d’une série d’obstacles aussi rédhibitoires les uns que les autres, n’a pu empêcher le retrait des avocats de la défense. Au nombre de leurs griefs :
- le choix des assesseurs, car selon le Code de justice militaire, «la désignation des juges militaires est soumise au respect de la hiérarchie dans les forces armées. Le juge de même grade que le prévenu doit être plus ancien. Si cette condition ne peut être remplie, il est désigné un juge du grade immédiatement supérieur. S’il y a plusieurs inculpés de différents grades ou rangs, le grade ou le rang le plus élevé détermine la désignation des juges».
- la légalité du tribunal lui-même, car le décret nommant son président a été publié au Journal officiel le 22 février 2018 et n’entrera en vigueur que 8 jours francs après cette date et pas avant ; en outre, les membres du tribunal doivent avoir prêté serment au cours d’une audience solennelle dont procès-verbal est dressé.
Que de péripéties pour une petite matinée ! Il faut dire que de tels griefs apportent de l’eau au moulin de ceux qui qualifient le tribunal militaire de juridiction d’exception. Dans une procédure où les 305 parties civiles et tout le peuple des insurgés sont pressés de conduire les coupables à l’échafaud, certains ont vite fait d’y voir des manœuvres dilatoires dans lesquelles les avocats seraient passés maîtres, voire une stratégie de blocage pour retarder l’échéance à défaut d’éviter d’aller au fond.
Mais plutôt que de s’en prendre à la défense qui, quoi qu’on en dise, est dans son rôle, n’est-ce pas l’accusation que l’on doit incriminer pour avoir prêté le flanc, donnant une fois de plus l’impression d’un amateurisme coupable comme on en avait eu l’aperçu pendant la longue instruction du dossier ?
Vraiment, ce qui s’est passé hier n’honore pas l’institution judiciaire et la Justice militaire en particulier. Déjà que son impartialité et son indépendance sont sujettes à caution, fallait-il en plus fermer les yeux sur ces flagrants délits d’illégalité dans lesquels elle s’est laissé prendre alors qu’un procès équitable suppose avant tout l’observance stricte de la règle de droit ? Les juristes ne disent-ils pas que la forme tient le fond en l’état ? Si donc dès les préliminaires on devait violer la loi pour juste plaire à une partie de l’opinion, que se serait-il passé quand le moment d’aller au fond des choses serait venu ?
En vérité, on n’est pas au bout de nos surprises, car rien ne dit qu’à la reprise effective des débats, ceux dont la raison d’être est d’abord et avant tout de tirer leur client d’affaire et non de se mettre au service de la vérité ne trouveront pas d’autres défauts dans cette cuirasse qui désormais ne semble pas si invulnérable que ça.
H. Marie Ouédraogo
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Commentaires
Euh ben, vous en avez la preuve. Comment peut-on faire une erreur pareille concernant la nomination du président du tribunal?
A quoi servent-ils les conseillers juridiques et autres experts qui pilulent dans nos ministère et à la présidence du Faso?
Le ministre de la justice est dans le box des témoins, pourquoi ne démissionne-t-i l pas? Il y a pour moi une confusion des rôles même si nous nous trouvons devant le ministère de la défense.
C'est quoi cette histoire d'interdiction de prise d'image et d'enregistrement?
Savent-ils simplement que pendant la survenance des événements, c'est grâce justement aux journalistes et autres images que la mobilisation à permise de déjouer le coup d'état?
Bref, j'ai comme l'impression que tout est fait pour retarder le procès et que les différentes parties ont déjà signé un deal. Ces différentes parties connaissent déjà l'issue du procès et dans cette affaire, c'est plutôt le peuple qui est prisonnier.
Vive les juridictions d'exception, celles qui ont été appliquées à Lingani Boukary, Zongo Henry etc. pour un faux coup d'état
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