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Rentrée parlementaire : Discours sankariste du président Bala

 

Gravé dans le marbre de la Constitution, le premier mercredi du mois de mars est la date fixée pour l’ouverture de la première session ordinaire de l’Assemblée nationale. Ce 7 mars 2018, c’était l’occasion pour le président de l’Assemblée nationale, Alassane Bala Sakandé, de prononcer un discours aux accents sankaristes et de couper court aux rumeurs sur son état de santé.

 

 

Au lendemain des attaques terroristes à Ouagadougou, la sécurité était poussée à un niveau plus haut que d’habitude à la représentation nationale sise au quartier Baoghin. A l’escouade de policiers conséquemment plus armée et plus importante que d’habitude s’est ajoutée à la guérite la palpation manuelle en lieu et place de l’habituel détecteur de métaux. Une fois à l’intérieur de la cour, la fouille était tout aussi minutieuse, même si l’ambiance était celle des grands jours. Y attendaient de faire leur entrée dans la salle des éléments d’une fanfare militaire en tenue d’apparat ainsi que de nombreux militants venus souhaiter la bienvenue au patron des lieux, Alassane Bala Sakandé, qui, une fois dans l’hémicycle, a été accueilli comme il se doit par des acclamations nourries d’une bonne partie des invités. Ont suivi l’hymne national, le temps de recueillement, la vérification des présences, la minute de silence en hommage aux victimes des récentes attaques terroristes.

 

Une note gaie s’est glissée dans ce cérémonial réglé comme du papier à musique. C’était à l’appel nominatif des députés, quand celui de Bachir Ismaël Ouédraogo, qui était du côté de la place  réservée aux membres du gouvernement, a été prononcé, lui qui est désormais ministre depuis le dernier remaniement. A l’appel de son nom, ll était cependant obligé de répondre « Présent », ce qui a eu l’heur de provoquer l’hilarité générale dans la salle. Si tous les cœurs étaient à l’unisson dans l’hémicycle, il s’en trouvait qui palpitaient encore plus par l’émotion très prochaine qui allait les envahir, au moment de leur faire porter l’écharpe de parlementaire pour la toute première fois : ceux de Salamata Ouédraogo et de Phèbe Dorcas Ouédraogo, qui remplacent respectivement à l’hémicycle les désormais anciens parlementaires que sont Bachir Ismaël Ouédraogo (ministre de l’Energie) et Hélène Marie Laurence Ilboudo/Marshall (ministre de la Femme, de la Solidarité nationale et de la Famille).

 

 A été enfin servi le plat de résistance de la soirée : l’adresse de l’occupant du perchoir aux invités, devant le regard impassible du ministre d’Etat Simon Compaoré, qui représentait le Premier ministre. Abordant l’actualité nationale, Bala Alassane Sakandé a prononcé un discours aux accents sankaristes, insistant sur la fonction de représentation du député, sa redevabilité et la nécessité d’une responsabilité individuelle de chaque ministre, lequel doit rendre compte.  «La confiance ne peut régner tant que la classe politique en général et la représentation nationale en particulier continueront d’être perçues, à tort ou à raison, comme une noblesse d’Etat rompue aux petits arrangements, loin des préoccupations réelles des masses populaires. Comme le disait le capitaine Thomas Sankara le 2 janvier 1983 dans son discours d’investiture comme Premier ministre du CSP 2,  « nous ne devons pas tenir le peuple en respect mais réserver tout le respect au peuple ».

 

Revenant sur les récentes épreuves qu’a traversées notre pays, il a battu le rappel des troupes en ces termes. « Plutôt que de nous lamenter, nous frapperons ; plutôt que de courber l’échine, nous resterons debout, plutôt que de nous résigner, nous traquerons la nébuleuse terroriste et ses cellules dormantes jusqu’à leur dernier souffle… A tous ces ennemis de la démocratie et de la liberté je dis ceci : vos jours sont comptés. Le Sahel, qui a été pendant longtemps votre repaire, deviendra bientôt votre enfer ». La fin de son propos, il l’a réservée à l’autre moitié du ciel, célébration  du 8-Mars oblige, réitérant la disponibilité de l’Assemblée à légiférer chaque fois que de besoin pour favoriser la pleine participation de la femme aux affaires publiques, en apportant toutefois ce bémol : « Il faut convenir que cette participation de la femme, tant souhaitée, ne se décrète pas. Elle doit être la résultante de la détermination des femmes d’abord ».

 

Issa K. Barry

 

 

 

Encadré

 

De la « longue » absence de Sakandé…

 

 

 

L’absence, jugée longue par une certaine opinion, du président de l’Assemblée en fin janvier et courant mars a fait véhiculer de folles rumeurs, notamment sur son état de santé. La blogosphère s’en est saisie et chacun, se faisant expert en la matière, y allait de son bulletin médical concocté pour l’occasion, du plus alarmiste au plus invraisemblable. Ça bruissait si fort que, courant février, le député Abdoulaye Mossé du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) avait été contacté sur la question par notre confrère Wakat Séra. Il avait répondu, visiblement un peu étonné : «Rien que ce matin, j’ai échangé avec le président Bala Sakandé sur l’actualité nationale. Si quelqu’un est malade, ce n’est pas sûr qu’il puisse lire les journaux et faire des commentaires. Les députés sont en intersession et il est naturel et normal que certains s’absentent pour une affaire ou une autre. Il y a plus de 30% des députés qui sont hors du pays actuellement. Pourquoi les autres députés vont en vacances et Bala Sakandé n’irait pas aussi en vacances ?»

 

L’occasion de l’ouverture de la première session de l’Assemblée était donc plus que rêvée pour avoir la version de l’intéressé et s’enquérir de son état de santé. Sans faux-fuyant et avec le sourire, il fera remarquer : « C’est à vous de constater si je suis en pleine forme. Est-ce qu’il y a une assurance qui dépasse vos yeux et vos caméras ? C’est durant l’intersession que j’ai été absent du pays. J’en ai profité pour me reposer, faire quelques missions et aussi un check-up. De toutes les façons, je n’étais pas obligé d’être à l’hémicycle pendant cette période. Du reste, l’Assemblée nationale a bien fonctionné en mon absence. C’est vous dire qu’il est plus important d’avoir des institutions fortes que des hommes forts. De ces vacances j’ai fait ce que je veux. La rentrée est là et je suis de retour. »

 

Dernière modification ledimanche, 11 mars 2018 22:00

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