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Présidentielle Sierra Leone : 16 joueurs pour un match qui s’annonce serré

 

C’est en principe aujourd’hui 9 mars que les Sierra-Léonais connaîtront les résultats partiels du scrutin de ce mercredi : ils ont été, en effet, un peu plus de 3 millions à glisser leur bulletin dans la fente d’une urne pour départager les 16 prétendants à la succession du président sortant, Ernest Bai Koroma, élu pour la première fois en 2007 et qui achève son dernier mandat à la tête de l’Etat.

 

 

Seize impétrants, dont deux femmes et seulement trois favoris, pour la quatrième élection depuis la fin de la guerre civile en 2002. Il y a d’abord le ministre des Affaires étrangères, Samura Kamara, le dauphin désigné par Ernest Bai Koroma lui-même pour défendre les couleurs de leur parti, le Congrès de tout le peuple (APC), au pouvoir depuis 10 ans : diplomate expérimenté, ancien directeur de la banque centrale et ancien ministre des Finances, Samura Kamara est assez peu connu du grand public. Mais il peut toujours compter sur la puissante machine de guerre du parti qui lui garantit au moins les suffrages du nord.

 

Face à lui, le populaire Julius Maada Bio dans les starting-blocks après son échec à la présidentielle de 2012 : investi par le Parti du peuple de Sierra Leone (SLPP), principale formation d’opposition, ce vétéran de la guerre civile et ancien chef de la junte de 1996 qui rendit le pouvoir aux civils n’a cessé de surfer sur la vague de la grogne sociale qui a marqué le second mandat du président sortant. En effet, si l’administration Koroma s’est attachée à faire revenir les investisseurs pour reconstruire le pays, ravagé par la guerre civile, son bilan est entaché par la précarité des services publics de base, un taux de pauvreté parmi les plus élevés au monde et une très forte corruption. On se souvient encore des millions de dollars d’aide humanitaire purement et simplement détournés pendant l’épidémie d’Ebola qui avait fait plus de 4000 morts. Comme on pouvait s’y attendre dans un pays où la corruption est endémique, l’affaire a été enterrée et cet argent n’a jamais été retrouvé, faute de poursuites judiciaires.

 

Un match qui s’annonce donc serré entre ces deux mastodontes du paysage politique sierra-léonais qui pourraient fort bien se retrouver dans un mouchoir de poche pour un plus que probable second tour. Il faut dire en effet que, selon la loi électorale, un candidat doit réunir au moins 55% des suffrages pour rafler la mise dès le premier tour. Et c’est là que le rôle d’un troisième homme peut avoir toute son importance : et ce faiseur de rois pourrait être Kandeh Yumkella, ancien directeur général de l’Organisation des Nations unies pour le développement industriel (Onudi). Ce dissident du Parti du peuple de Sierra Leone (SLPP), à la tête de la Grande coalition nationale (NGC) et populaire chez les jeunes, pourrait créer la surprise dans un match qui est loin d’être plié d’avance.

 

En tout cas, on ne peut que souhaiter qu’à l’instar du Liberia voisin, la Sierra Leone passe sans encombre le cap de l’alternance démocratique. Elle semble en avoir déjà pris le chemin après une journée de scrutin décrite par les observateurs comme « sans incident majeur ». Pourvu que cette impression de départ se confirme comme cela a été le cas au Liberia.

 

 

 

H. Marie Ouédraogo

 

Dernière modification ledimanche, 11 mars 2018 21:24

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