Une lettre pour Laye : Quand un colonel attaque deux généraux
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Cher Wambi,
Depuis le 27 février 2018, le procès sur le putsch manqué de septembre 2015 se déroule à la barre de la Chambre de première instance du tribunal militaire, délocalisée dans la salle de Banquets de Ouaga 2000. Un mois après le début du jugement, on n’est pas encore entré dans le fond du dossier car les préliminaires, les exceptions et incidents de procédure ont été abondamment soulevés par les avocats de la défense.
Du coup, la machine judiciaire peine à atteindre sa vitesse de croisière. Dans ce contexte, les passes d’armes entre les différentes parties sont légion et les débats auxquels on a pu assister jusque-là confirment ce que tout le monde savait déjà : c’est du droit de haut vol qui sera servi lors de ce procès.
Des incidents, il y en a toujours autour de ce procès. Que ce soit avec les « parkeurs » ou les agents de sécurité, il y a toujours un petit incident. Ainsi, le mardi 27 mars dernier n’a pas fait exception à cela. Mais cette fois, l’incident s’est déroulé dans la salle d’audience au moment d’une suspension.
Comme à son habitude, dès que le général Gilbert Diendéré arrive dans la salle, il salue tout le monde dans son entourage immédiat. Quant à ceux qui sont loin de lui, il leur fait signe de la main. Ce vendredi matin, le général Honoré Nabéré Traoré est allé saluer le général Gilbert Diendéré. Ce qui n’a pas du tout été du goût du colonel Sita Sangaré, le directeur de la justice militaire, qui trouve apparemment que cela n’est pas normal. «Je n’aime pas ça, je n’aime pas ça», a crié le colonel Sangaré. C’est alors que le général Diendéré lui fit signe de s’approcher, mais il se heurtera au refus de Sita qui lui lança à la figure : «Non, je ne viens pas là-bas, non je ne viens pas là-bas.»
Les avocats du général ont estimé que cet incident était suffisamment grave et qu’on ne pouvait pas passer l’épisode sous silence. Ils ont donc porté ce fait à la connaissance du président du tribunal par la voix de Me Olivier Yelkouny. «Nous ne pouvons pas tolérer que le directeur de la justice militaire (Ndlr : Sita Sangaré) vienne à l’audience et qu’il épie les faits et gestes d’un des accusés pour lui faire des remontrances. S’il reproche quelque chose à mon client (Ndlr : Gilbert Diendéré), qu’il vienne le dire à la barre. Nous souhaitons que ce soit la dernière fois qu’il fait des remontrances publiques à mon client.»
Le président du tribunal a pris acte de la supposée attitude désobligeante du directeur de la justice militaire. Mais il a déclaré : «Nous constatons que ces faits se sont déroulés pendant les pauses ou, du moins, avant l’entrée du tribunal. Nous allons, de concert avec les autres parties, éviter que ces choses se répètent. »
Cher cousin, tu l’auras remarqué, les avocats de la défense n’ont pas du tout apprécié le comportement du colonel Sita Sangaré. Ils estiment qu’il n’est pas le procureur militaire et qu’il n’a rien à faire au prétoire. Du reste, ils soutiennent, et cela est une évidence, que la police d’audience est assurée par le président du tribunal.
La loi, selon les avocats, n’interdit pas de saluer un accusé ou un prévenu avant le début d’une audience ou lors d’une pause. De plus, avant le début de l’audience ou lors d’une suspension d’audience, il n’est pas non plus interdit à l’accusé ou au prévenu de saluer, d’un signe de la main, des gens qu’il aurait reconnus dans le public.
Dans tous les cas, il faut espérer que cet incident est clos et que la page est tournée. On en saura un peu plus ce matin à la reprise de l’audience, qui avait été suspendue depuis mardi soir.
Restons dans le volet judiciaire pour te rappeler, cher Wambi, que le 28 mars 2018, François Compaoré comparaissait devant la chambre de l’instruction de la Cour d’appel de Paris dans le cadre de l’examen de la demande d’extradition formulée contre lui par le Burkina Faso dans l’affaire Norbert Zongo. Le « petit président » avait été arrêté fin octobre 2017 à l’aéroport Roissy Charles-de-Gaulle en vertu d’un mandat d’arrêt émis le 5 mai 2017. A l’audience, ses avocats, dont Me Olivier Sur, ont dénoncé les failles de cette demande d’extradition et demandé qu’il plaise à la cour de rejeter la requête du Burkina Faso. A propos de l’existence de documents retrouvés au domicile de François Compaoré à Ouagadougou et qui l’incrimineraient, son avocat Olivier Sur a déploré que ces fameux documents n’aient pas encore été transmis à la justice française. Il a soutenu : «Si vous n’avez pas ces documents au bout de dix mois, c’est que ces documents n’existent pas.» Les avocats ont également plaidé le risque de voir la peine de mort appliquée à leur client puisque cette disposition existe dans notre ordonnancement répressif.
Me Anta Guissé, avocat de l’Etat burkinabè, a déclaré à la Cour que «ce qui vous est demandé, c’est que la justice burkinabè puisse faire son travail» et elle a expliqué que François Compaoré s’était «soustrait» à la justice en quittant le Burkina Faso.
Pour sa part, cher cousin, l’avocat général avait demandé un complément d’informations, relevant un manque de pièces dans le dossier pour pouvoir statuer.
A la fin des débats, le délibéré a été renvoyé au 13 juin 2018. Ce jour-là, la justice française dira si elle accepte la demande d’extradition formulée contre François Compaoré par l’Etat du Burkina Faso dans le cadre de l’instruction du dossier du drame de Sapouy. Au regard de ce qui précède, faut-il croire que ça ne sent pas bon pour le Burkina ?
Cher Wambi, au terme du Conseil des ministres du mercredi 28 mars 2018, le gouvernement a procédé à la dissolution pure et simple de la « Sécurité islamique », inquiétante trouvaille de l’association islamique Nachroul islam de Pouytenga.
Le journal de ton oncle Nakibeuogo est particulièrement heureux de cette mesure gouvernementale, car il ne demandait rien d’autre que la mise à mort de ce monstre en puissance dont les premiers pas indiquaient qu’il aurait vite pu échapper à ses créateurs qui professent leurs bonnes intentions. Ne dit-on pas à ce propos que l’Enfer est pavé de bonnes intentions ?
En effet, dans sa livraison de lundi dernier, L’Observateur Paalga, par le titre : « Ainsi naissent les milices » tirait la sonnette d’alarme en voyant des membres de « Sécurité islamique » vêtus d’uniformes proches de ceux de paramilitaires et coiffés de bérets bleus venus du Nigeria.
Le président de l’association Nachroul islam, Saydou Sana, a beau tenter de rassurer l’opinion publique dans le même numéro de L’Obs., il y avait toujours de quoi avoir peur. En atteste le flot de réactions venu de toutes parts et de toutes les confessions pour condamner et désapprouver la création d’une telle police.
En portant l’affaire sur la table du Conseil des ministres qui a mis le holà à la « Sécurité islamique », le ministère de la Sécurité, qui s’était contenté d’un communiqué laconique annonçant qu’il suivait l’affaire de près, semble enfin avoir pris l’exacte mesure du péril naissant.
Mais, cher Wambi, s’il faut se féliciter de cette décision du gouvernement, on ne peut manquer de déplorer cette espèce de tâtonnement et de manque d’anticipation dont fait souvent preuve la puissance publique.
En effet, s’il est vrai, comme le soutient le président de Nachroul islam, que la police et la gendarmerie de Pouytenga, et bien avant eux, celles de Cinkansé et de Fada, préalablement informées de la création et de l’organisation de cette police islamique, n’ont pas trouvé à redire, alors il y a problème. A moins que leurs éléments n’aient pas reçu d’instructions de la part de l’autorité politique !
Si je dis cela, cher cousin, c’est que du côté de la police, le fameux communiqué du ministère de la Sécurité est tombé comme une trique sur la tête des « poulets ». Selon une source policière, en annonçant que « sur les réseaux sociaux, des informations persistantes font état de l’installation d’un groupe d’autodéfense dénommé "Sécurité islamique" à Pouytenga dans la province du Kourittenga », l’autorité de tutelle sous-entend que c’est par lesdits réseaux sociaux qu’elle a appris l’existence du groupe. Pourtant, confie la même source, les services de renseignement de la police ont bel et bien alerté le ministère qui n’a pas, en son temps, prescrit la conduite à tenir face à la situation.
A en juger par le ton de mon interlocuteur, ce communiqué ministériel est resté en travers de la gorge des « poulets ». Et pour cause !
Cher Wambi, j’ai été séduit par le nouveau visage qu’a pris l’avenue Dimdolobsom, une des toutes premières à porter le nom d’un Voltaïque à l’occasion de l’accession de notre pays à l’indépendance. Le bitume y a été effectivement bien enrobé, les voies bien marquées par la signalisation horizontale.
Il en est de même d’autres artères de nos grandes villes, Ouagadougou et Bobo-Dioulasso. C’est qu’Eric « Bulldozer », ainsi qu’on nomme affectueusement le ministre des Infrastructures, est passé par là.
Bravo et félicitations donc au ministre Bougouma et aux deux maires Armand Béouindé et Bourahima Sanou !
Mais, cher cousin, tous ces efforts de réhabilitation des voies sont enlaidis par le désordre qui se poursuit de plus belle dans l’occupation anarchique des espaces publics.
Dans la capitale, par exemple, on constate que dès qu’il y a un espace de quelques centimètres carrés où deux à trois véhicules peuvent être parqués, les vendeurs de voitures d’occasion bondissent sur l’aubaine. A telle enseigne que si on n’y prend garde, les abords immédiats de nos mosquées et églises seront envahis par les marchands du temple.
C’est le lieu de se demander où on en est avec le projet qu’avait caressé Simon de délocaliser tous les professionnels de l’occase dans les parages de Bassinko.
Si je ne m’abuse, un terrain d’accueil avait été identifié et sa viabilisation annoncée.
Alors, qu’est-ce qui coince ?
Cher Wambi, à présent, je t’invite à feuilleter avec moi le carnet secret de Tipoko l’Intrigante.
-Le navire MPP est-il en train de prendre l'eau au Zoundwéogo ?
En tout cas de sources bien informées, une centaine de militants venus de différents départements de la province se sont rencontrés le lundi 25 mars au domicile d'un haut responsable du parti à Manga. Trois heures durant, il s'est agi, semble-t-il, de procéder à l’évaluation du bilan de leur adhésion au MPP depuis sa création en 2014 et d'en tirer les conséquences.
De l'avis d'un participant que nous avons pu joindre au téléphone, de nombreuses voix se sont élevées pour stigmatiser « le mépris et les humiliations quasi quotidiennes » dont font l'objet des personnes au sein du parti. Elles ont alors appelé à la démission collective et immédiate.
Plus conciliants, des participants à la réunion ont proposé de rencontrer d’abord le bureau provincial du parti en vue de faire part du mécontentement généralisé et de recueillir des propositions de solutions. Si à l’issue de cette « rencontre de la dernière chance » rien n’est fait pour mettre fin aux comportements désobligeants, les « méprisés » du MPP/Zoundwéogo menacent de présenter leur démission collective dans les jours ou semaines à venir.
Affaire à suivre donc…
-Crise à la tête de la Baoré Tradition d’épargne et de crédit (BTEC). Cette institution de microfinance de l’Union des groupements Naam de Boussé est en proie à des querelles de leadership depuis l’assemblée extraordinaire du 27 février 2018 qui a évincé et exclu définitivement le président du conseil d’administration. Le 13 mars dernier, c’est une autre Assemblée extraordinaire qui a porté un des pères fondateurs à la tête de la BTEC. Mais son prédécesseur n’entend pas s’en laisser conter. Au regard de la gravité de la situation, des voix s’élèvent déjà pour interpeller les autorités du Kourwéogo, le Trésor public, le ministère de l’Economie et des Finances pour qu’ils s’impliquent le plus tôt possible pour aplanir ces divergences et permettre le bon fonctionnement de la structure dont l’importance socio-économique n’est plus à démontrer dans la province.
-Le Burkina Faso, on le sait, est en proie à des attaques terroristes depuis un certain temps. Si bien que les grands rassemblements aussi bien dans la capitale que dans les autres villes du pays ont toujours donné lieu à des dispositifs sécuritaires impressionnants. La Semaine nationale de la culture qui se déroule à Bobo-Dioulasso n’a pas dérogé à la règle avec l’impressionnant déploiement de forces de défense et de sécurité, aussi bien sur les sites de manifestations qu’au niveau des principaux carrefours de la ville. Une chose est sûre, cette 19e édition de la biennale de la Culture est sous très haute surveillance. En témoigne la promptitude avec laquelle la sécurité a réagi après l’explosion intervenue au bureau des douanes, lundi en début de matinée. A peine la déflagration a retenti que tout le périmètre de la zone a été quadrillé par des éléments de sécurité prêts à intervenir au cas où. C’est bien la preuve que les FDS veillent au grain et sont promptes à réagir à toute situation susceptible de compromettre le bon déroulement de la SNC.
-Ils sont neuf commissaires sur les 11 à avoir prêté serment devant la Cour d’appel de Ouagadougou le lundi 25 mars dans le cadre de la Commission nationale des droits humains. Les syndicats et les médecins n’ayant pas encore élu leurs représentants pour diverses raisons, ce sont, dans les domaines respectifs :
- Associations et ONG nationales œuvrant dans le domaine des droits humains : Kalifa Yemboado Rodrigue Namoano et Salamata Ouédraogo
- Associations et organisations des personnes en situation de handicap : Wamarou Traoré
- Associations et organisations de médias : Touwendinda Zongo
- Associations de jeunesse : Mme Pegdwendé Antoinette Savadogo/Pouya
- Associations féminines : Gonta Alida Henriette Da
- Enseignants-chercheurs en droit : Valérie Edwige Soma/Kaboré
- Enseignants-chercheurs en sociologie : Augustin Palé
- Ordre des avocats : Adrien Marie Sosthène Zongo
-L’Eglise des Assemblées de Dieu de Kougrin Louda organise la 6e édition du FESTICAD/KL les 6, 7 et 8 avril 2018 dans l’enceinte de ladite église à Kaya, province du Sanmatenga.
Cette célébration de la culture d’obédience chrétienne est placée sous le patronage du pasteur Dieudonné Sawadogo, président du conseil régional des Assemblées de Dieu de Kaya, et sous le parrainage de Mme Claudine Kaboré, présidente nationale de l’Association des servantes de Christ de l’Eglise des Assemblées de Dieu du Burkina Faso (ASC/AD/BF).
Le thème de cette 6e édition, «Louange et pentecôtisme biblique », inspiré du livre des actes 16 : 25, sera explicité par l’éminent orateur pasteur Delwendé Jacques Compaoré, vice-président du conseil régional des Eglises AD de Bogodogo/Ouagadougou et pasteur principal de la première Eglise des AD de la Patte-d’Oie.
Des chorales et groupes prestigieux de tous les horizons du Burkina viendront communier en louange et adoration pour la seule gloire de Dieu, au nom de Jésus-Christ et par la puissance du Saint-Esprit.
L’ouverture de la foire du FESTICAD/KL 2018 est une innovation du comité d’organisation pour satisfaire, voire combler dans les moindres détails, les attentes des festivaliers.
-Les anciens élèves de toutes les promotions du lycée Zinda-Philippe-Kaboré de 1951 à 1970 et suivantes sont invités par la « Coordination provisoire » à bien vouloir se rendre disponibles en participant activement à l’assemblée constitutive de l’Amicale faîtière de toutes les associations de ce noble et grand établissement « AMI-ZINDA » le samedi 31 mars 2018 à 10h au réfectoire du lycée Zinda. Ordre du jour :
1- Adoption des statuts et règlement intérieur de l’Amicale ;
2- Mise en place de la Coordination ;
3- Propositions d’activités de l’année
4- Divers.
La présence de tous est vivement souhaitée.
Tipoko l'Intrigante n'apprend rien d'elle-même, elle n'invente jamais rien. Tipoko l'Intrigante est un non-être. Elle n'est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l'intuition c'est la faculté qu'a une femme d'être sûre d'une chose sans en avoir la certitude..."
Ainsi va la vie.
Au revoir.
Ton cousin
Passek Taalé
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