Mochichis de Mochichis tout est Mochichis

S’il avait parlé ainsi, tout avocat qu’il est je l’aurais assigné en justice pour déformation d’élucu, ce qui est un grave délit parce que susceptible de transformer un élucu en éculu. Je n’ai jamais dit qu’entendre le Moro comme témoin est un crime de lèse-majesté. Voilà ce que j’ai dit et je pèse mes mots. J’ai dit que si un Président de tribunal, d’ethnie Mochichi fait venir le Moro au Palais de justice accompagné de sa Cour impériale, à savoir les Naabas de ceci, les Naabas de cela, les Naballions de ceci, les Naballions de cela, les tam-bourineurs, les fusilleurs-bougdandouilleurs et tout ce qui s’en suit, là, cher Maître Yelkouny, ce serait un crime de lèse-majesté. Oui, faire  venir l’empereur des Mossés au Palais de justice avec ce spectacle millénaire qui a son origine depuis l’Egypte et le Gambaga, ça je persiste et je signe ce serait un crime de lèse-majesté, qui provoquerait immédiatement une ruée des koglwéogo sur la capitale.

Comment ? Vous ne me croyez pas ? Nul, n’est au-dessus de la loi dites-vous ? Oui, c’est ce qu’on apprend à l’école. Mais moi je connais mes Mochichis mieux que vous et je vais vous dire. Tous ces Mochichis en cravate, agrégés de machin et qui enseignent le droit à Ki-Zerbo…Les Filiga Michel, les Séni Ouédraogo et les autres, si on leur demande si pour le procès en cours il faut convoquer le Moro Naaba au Palais de justice parce que selon le droit nul n’est au dessus de la loi, ils répondront à coup sûr :

- Non, il vaut mieux pas…mais nul n’est au-dessus de la loi.

Et moi Toégui, j’ajouterai : « Il vaut mieux pas ». Et vraiment, il vaut mieux pas.

Je pense à Albert Tocsin…le Mochichi qui parle Mochichi avec l’accent de Saaba. Est-ce que vous  connaissez un Mochichi du Centre qui est plus du Centre qu’Albert Ouédraogo Tocsin ?

Maître Yelkouny, j’espère que nous nous sommes compris. Pour cela je vais vous faire une révélation. Savez-vous d’où vient le mot « bougdandouille » qui désigne le long fusil des koglwéogo ? Autrefois, lorsque les colons Gaulois fouettaient leurs Mochichis ils criaient sur eux en disant : « Bougre d’andouille ! ». Voilà, ça vient de là. Bougdandouille c’est  Bougre  d’andouille.

Je vais devoir redire la messe pour les bougdandouilles qui ne comprennent jamais rien du coup. La présence du Moro Naaba au procès du putsch ce n’est  pas une question de « nul n’est au-dessus de la loi ». C’est plus que cela. C’est une question de, une question de… Je ne sais pas comment vous faire comprendre. Mais comme diraient Filiga Michel, Séni Ouédraogo et Albert Tocsin, il vaut mieux ne pas convoquer le Moro Naaba Baongo à Ouaga 2000. Personne  n’y perdrait.

Mochichis du Centre…Il en a de bonnes Soumane Touré ! Mais, monsieur Soumane, il n’y a pas de Mochichis du Centre voyons. Il n’y a que des Mochichis, de partout partout. Des Mochichis qui ne voient pas plus loin que  le bout de leur nez. Des Mochichis avec leurs cases en chaume-entrer-coucher-cuisine, avec leurs greniers en paille.

Mochichis du Centre…Soumane Touré ne sait donc pas qu’en parlant de Mochichis du Centre il va rendre jaloux les Mochichis des autres  points cardinaux ? Les Mochichis du soleil levant, les Mochichis du soleil couchant ? Ils ne doivent  pas être contents de Soumane Touré qui a laissé croire que c’est uniquement  les Mochichi du Centre qui  gouvernent le Burkina Faso depuis la nuit des temps.

Soumane Touré ! Notre Soumane Touré !

Soumane Touré ne laisse personne indifférent. Soit on l’adule soit on le hait. Et je parle avec le sens propre des mots. Depuis qu’il est en politique, cela fait exactement 50 ans, Soumane Touré traine un grave  défaut : celui de croire qu’il faut toujours dire  haut et fort ce qu’on pense.  Non, en politique il faut parfois se taire, même lorsque ce qu’on aimerait dire est une vérité qui s’impose par son évidence. Se taire, garder pour soi et ses très proches amis ce qu’on aimerait clamer à la ronde. Même quand on est courageux, très courageux. Courageux au point de s’être attaqué aux colonels du CMPRN et aux CDR de la RDP.

Moi qui vous parle, j’ai été autrefois « le bon petit » de Soumane Touré avec d’autres travailleurs. Nous étions prêts à faire n’importe tout et n’importe quoi pour lui. En souvenir de ce lien, je ne voudrais pas le voir en conflit ouvert avec le Moro Naaba. Après tout,  le langage parlé à Diébougou ressemble bien au Mochichi des Mosstinga. Par conséquent, je vais entrer en rapport avec Emile Paré, Dieudonné Bonnanet, Saran Sérémé et le Pasteur Karambiri. Tous les 5, nous irons demander au Moro Naaba Baongo, Empereur des Mossés, d’accorder son pardon à Soumane Touré. Un pardon par contumace ou un pardon par délégation, appelez ça comme vous voulez mais nous irons voir le Moro.

Le Moro Naaba ne peut rien refuser aux Samos. Il sait ce qu’il nous doit. Chaque matin, l’Empereur  pense à nous. A cause de son joli chien qui se vautre en permanence à  ses pieds ou sous son trône. Ce chien est un cadeau des Samos.

Le Moro Naaba sait également, on le lui a dit, que la parcelle sur laquelle il bouffe son naam, et qui se trouve être la plus grande parcelle de Ouagadougou, la seule parcelle au monde dotée d’un terrain de football est un  don des Samos. Il y a mille ans de cela.

L’homme politique et écrivain Français, Alain Peyrefitte avait écrit il y a 45 ans un livre portant ce titre : «Quand la Chine  s’éveillera… le monde tremblera». Nous y  sommes.

Lorsque je me rappelle ce livre je pense au peuple mouton de Laurent Bado. Je devrais dire l’ancien peuple mouton de Laurent Bado parce que le nouveau peuple mouton ou peuple mouton nouveau  est en train  de s’éveiller à grande vitesse et ça pourrait arriver à notre argent et nous pourrions même faire caca.

Chaque matin, aux mêmes heures toutes les FM Mochichis s’emballent. Ça parle Mochichi mais ça parle de tout.

-  Ah bon !? Y a quelques centaines de fonctionnaires qui se partagent chaque année 55 milliards de francs et nous n’en étions pas informés !? Ça ne va plus se passer comme ça. Y a pas de raison que certains mangent comme des éléphants et d’autres  comme des fourmis.

L’autre matin ça discutaillait chaudement sur le procès du putsch. Ils veulent tout savoir et lorsqu’ils ne savent pas ils posent des questions. Comme ceci :

-      Comment s’appelle l’autre avocat là ? Celui qui parle beaucoup beaucoup, tous les jours et sans fin ?

Il reçut une réponse :

-      Il s’appelle Hervé Guy Kam

-      Woilàààà… c’est lui.

Et un autre de demander :

-      Comment s’appelle l’autre avocat là ? Celui qui parle beaucoup beaucoup, tous les jours et sans fin ?

Il reçut la réponse :

Il s’appelle Prosper Farama.

-      Woilàààà… c’est lui.

Charles Guibo