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Demande d’extradition de François Compaoré: 4 mois pour convaincre

 

Encore un nouveau report, et cette fois, il va falloir attendre 4 bons mois.

La Chambre de l’instruction de la Cour d’appel de Paris, qui devait  rendre hier son délibéré sur la demande d’extradition de François Compaoré, formulée par le Burkina, a en effet décidé de renvoyer sa décision au 3 octobre 2018.

Alors que tout le monde était accroché à son verdict, elle aura donc finalement décidé  de ne pas décider en optant pour la 3e des possibilités qui s’offrait à elle,  puisqu’elle avait le choix entre donner une suite favorable à la requête burkinabè, la rejeter ou alors demander des informations complémentaires.

Les juges français ont de ce fait  requis que  la justice burkinabè  leur fournisse  des « éléments matériels et précis » susceptibles de prouver l’implication  de François Compaoré dans l’assassinat de Norbert Zongo et ses 3 compagnons d’infortune le 13 décembre 1998 en rade de Sapouy.

Comme on le sait, celui qu’on affuble du surnom de « Petit président » avait été interpellé à l’aéroport  Roissy-Charles-de-Gaulle le 29 octobre 2017 en vertu d’un mandat d’arrêt international émis contre lui par les autorités de son pays pour « incitations à assassinats ». Il avait ensuite été brièvement gardé à vue sur la plateforme aéroportuaire parisienne puis placé sous contrôle judiciaire avant d’être entendu pour la première fois le 13 décembre 2017, jour anniversaire du drame de Sapouy, comme si le calendrier judiciaire se plaisait à lui faire un clin d’œil malicieux. Sa deuxième comparution, initialement prévue le 7 mars 2018, a finalement lieu le 28 mars 2018.  Audience au cours de laquelle les juges avaient déjà demandé au Burkina un complément de pièces et ont  renvoyé le délibéré à ce 13 juin. Rendez-vous manqué donc. Et l’attente devient longue, de quoi mettre les nerfs à rude épreuve d’un côté comme de l’autre.

Dans ce dossier où chaque partie voit midi à sa porte, pour le frère cadet de l’ex-président Blaise Compaoré et ses conseils, le fait que les juges aient demandé de fournir des éléments complémentaires prouve ce qu’ils ont toujours claironné : le dossier est vide.

Voici d’ailleurs à ce propos ce qu’ils ont écrit dans un communiqué publié tout de suite au sortir de l’audience : « Il est pour le moins surprenant qu’après un an de procédure, et deux renvois, l’Etat burkinabè n’ait pas été en mesure de produire le moindre élément matériel précis. Dès lors, on voit mal comment ce qui a été impossible hier pourrait l’être demain… »

Pour l’avocat des requérants, Me Anta Guissé, la Chambre de contrôle de l’instruction aurait tout simplement rejeté la demande burkinabè s’il n’y avait vraiment rien.

Une chose est sûre, ce nouveau renvoi montre à tout le moins que quand bien même il y aurait quelque chose dans ce dossier, les magistrats français ne sont pas convaincus de leurs pertinences juridiques et donc que ce qu’ils ont pour le moment entre les mains n’est pas suffisant pour expédier le précieux colis vers Ouagadougou. Il faut donc espérer que la justice burkinabè saura saisir cette seconde chance que lui offre sa collègue hexagonale en mettant à profit les 4 prochains mois pour convaincre en apportant enfin des « éléments matériels précis » qui feront basculer la balance judiciaire du côté du peuple insurgé.

4 mois, ça ne paraît pas une éternité mais on imagine combien pour les ayants droit de Norbert Zongo et des 3 autres suppliciés de Sapouy la déception doit être grande dans la mesure où le bûcher   avait été déjà dressé pour recevoir celui qui dès les premiers instants a toujours été considéré comme le commanditaire de ce crime innommable.

 Espérons enfin pour eux et pour toutes les parties que la date du 3 octobre sera enfin la bonne pour  voir ce dossier vidé et libérer ainsi quelque part tout le monde qui s’y est accroché tel à un feuilleton.

 

Hugues Richard Sama

 

 

Dernière modification ledimanche, 17 juin 2018 17:05

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