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Alpha Condé : Le professeur à l’épreuve des travaux pratiques Spécial

21 décembre 2010 - 21 décembre 2011 : un an jour pour jour que le professeur Alpha Condé, grand vainqueur de ce que l’on s’accorda à qualifier de «premier scrutin libre de la Guinée»,  préside aux destinées de son pays, devenant ainsi le 4e président (le 5e si on inclut l’intérim de Sékouba Konaté)  de ce pays qui opta pour l’indépendance déjà en 1958.

 


L’homme, avant de gravir les marches du palais, était présenté sous les traits de l’opposant historique qui tint tête à tous les régimes qui, avant le sien, tinrent les rênes du château d’eau de l’ouest-africain ; ce qui lui valut d’ailleurs de connaître, en matière de rigueur et de maltraitance, des vertes et des pas mûres ; Sékou Touré et Lansana Conté, successivement, ne s’embarrassèrent nullement de faire des cadeaux au sempiternel esprit critique qui ne prenait pas de gants pour leur empoisonner la vie et les empêcher de gouverner en rond. De fait, c’est à plusieurs reprises que l’universitaire guinéen subit dans sa chair les affres des geôles de son pays ; par moments, il ne dut son élargissement qu’à l’intervention remarquée de personnalités étrangères européennes et américaines.

Tantôt présent dans son pays, tantôt choisissant la voie difficile de l’exil, le professeur était cependant habité par le sentiment qu’un jour la vocation d’opposant qu’il s’était tracée ne pouvait que s’achever par la consécration du magistère ; elle dessina ses prémices, en février 2010, lorsque Condé annonça sa candidature au scrutin présidentiel de juin ; arrivé second du premier tour de la présidentielle derrière Celou Dalein Diallo et crédité de 18,25%, le professeur sera déclaré vainqueur au second tour de ladite présidentielle, le 7 novembre 2010, avec… 52,52% des voix ! Il y eut bien sûr des échauffourées qui se produisirent, mais elles ne furent pas de nature à entacher la tenue de la cérémonie d’investiture, qui eut lieu le 21 décembre 2010 et fit de l’opposant universitaire le nouveau chef de l’Etat guinéen. D’emblée, Condé afficha la couleur : il promit une «ère nouvelle» et rêva tout haut de devenir «le Mandela de la Guinée».


Une année après, à supposer que l’on tienne ses promesses pour des repères, et sans intention aucune de faire le procès de tout un mandat au bout de juste une année, force est de reconnaître cependant  que tout ou presque est à faire en Guinée ; car l’aube de l’ère nouvelle, désespérément,  tarde à poindre.
Le professeur qu’il est donne l’impression qu’il redoute la réalité des travaux de terrain que lui impose la pratique du gouvernement d’un pays.

Conté donne souvent la désagréable impression qu’il lui faut se comporter dans l’exercice de ses fonctions comme le ferait un professeur en chaire qui domine un parterre de pauvres étudiants ignorants ; péremptoire, méprisant, il est volontiers cassant ; plus, certains des actes qu’il pose laissent penser qu’il existe sous l’ère Condé deux Guinée qui se juxtaposent sans vraiment fusionner : la première regroupant ceux qui sont pour le président élu ; ce sont ceux que l’ont voit, qui se trouvent toujours sous les feux des projecteurs, qui sont toujours illuminés par les feux de la rampe ; la deuxième renferme, elle, ces autres qui eurent la malencontreuse idée d’opter pour l’autre choix, celui de se mettre sous la bannière du rival malheureux ;

car, force est de le reconnaître, le professeur élu a du mal à revêtir les habits d’un président de tous ses compatriotes. Visiblement, le courant ne passe toujours pas entre lui et Cellou Dalein Diallo ; à tel point que l’homme du jour a tendance à ostraciser jusqu’aux  amis de son malheureux rival. Condé ne s’est jamais défait de la conviction que l’attentat qui visa son domicile, le 19 juillet 2011, a été commandité par des proches de son ennemi politique.

A la place d’une main tendue appelant à l’union pour une renaissance d’une Guinée qui tarde à se tirer des cendres de l’engourdissement d’un demi-siècle, Condé préfère sans doute le panégyrique que lui chantent volontiers des griots toutes les fois que l’occasion leur est offerte de franchir les portes du palais présidentiel. Il faut le dire tout net, ce ne sont pas les refrains flatteurs des laudateurs du jour qui tireront la Guinée des brumes de l’engourdissement pour la projeter dans l’avenir prometteur de la prospérité économique.

Car le pays, et tout le monde en convient, est un véritable scandale géologique. Ses deux premiers présidents, économiquement parlant,  auront échoué sur toute la ligne. Dadis Camara n’en aura pas eu le temps : une balle incapacitante l’aura bien vite mis hors jeu ; quant à Sékouba Konaté, en bon intérimaire, il avait pour feuille de route de préparer la transition pour ensuite, en bon précurseur qui annonce un messie, s’effacer.

C’est dire si tout converge et clame que c’est à  Alpha Condé que revient la redoutable tâche de propulser le pays vers l’avenir radieux ; du reste, c’est bien lui qui avait promis, la main sur le cœur, qu’il lui offrirait une «ère nouvelle». Mais alors, une année entière après l’engagement, on reste sur l’expectative ; l’homme peut mieux faire, à supposer qu’en toute humilité il accepte une certaine introspection et consente à  soumettre sa ligne de conduite à certains petits réglages. On ne devrait pas en attendre moins de lui.

 

Jean Claude Kongo

Dernière modification lemercredi, 21 décembre 2011 21:53

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