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Vote Burkinabè de l’étranger : «La Côte d’Ivoire seule ne peut pas décider de l’issue du scrutin (Lassina Ouattara, président du groupe parlementaire MPP)

 Au lendemain de l’adoption controversée du nouveau code électoral, les députés des groupes parlementaires de la majorité, MPP et Burkindlim notamment, étaient face à la presse  pour une séance d’explication alors que l’opposition tenait presque au même moment une conférence de presse dont le compte rendu est à lire en page 4.  Le président du groupe parlementaire du parti au pouvoir, Lassina Ouattara, a, au cours de leur sortie, déclaré qu’il ne s’agit pas d’exclure une partie des Burkinabè de l’étranger, en particulier ceux de Côte d’Ivoire, comme le soutien l’opposition. D’ailleurs, a-t-il défendu, « l’électorat de ce pays ne peut pas à lui seul faire basculer la balance dans un camp comme dans l’autre ».

La dernière session extraordinaire en date de l’Assemblée nationale a été pour le moins marathon avec ses 8 projets de loi adoptés en 15 jours. Elle aura également viré au combat de boxe avec cette foire d’empoigne entre opposition et majorité au sujet du nouveau code électoral dont la disposition phare reste l’utilisation de la CNIB et du passeport comme seuls documents de votation. Ce texte, qui fait des gorges chaudes, a finalement été adopté le 30 juillet 2018 à l’unanimité des députés de la mouvance et leurs « alliés » de l’UPC/RD, les seuls présents au moment du vote, puisque les élus nationaux de l’opposition ont jeté l’éponge quelques instants plus tôt en se retirant de l’hémicycle.  Un acte qualifié d’ « inconséquent » par les députés de la majorité qui étaient face à la presse pour une séance d’explication. Objectif : tenter de démontrer que la polémique sur le code électoral répond à des « calculs politiciens » et à un débat « d’arrière-garde ».

 

Le principal argument avancé par Lassina Ouattara, président du groupe parlementaire MPP, et ses camarades est que le pouvoir n’a pas effectué un passage en force contrairement aux allégations de leurs adversaires politiques. « Nous y sommes allés en douceur et je dirai même à la Roch », a déclaré le patron des députés MPP en faisant allusion à la magnanimité supposée ou réelle de l’actuel locataire de Kosyam. Le président de la commission des affaires générales, institutionnelles et des droits humains, Maxime Koné du MPP, s’est donc échiné à démontrer que les débats avant le passage de la loi en plénière ont été des plus démocratiques possible. Toutes les colorations politiques ont été associées aux travaux en commissiona eu lieu l’essentiel des débats, a-t-il défendu.  Et même que « des propositions de l’opposition ont été acceptées et intégrées dans le texte final ».  C’est donc, pour lui, « jeter le discrédit sur la procédure parlementaire » que de parler de passage en force. Sans compter, a encore avancé  l’orateur, le fait que plusieurs  acteurs, allant des organisations de la société civile comme Diakonia, la CODEL, le CGD, le Mouvement burkinabè des droits de l’homme aux politiques en passant par des enseignants d’université et la CENI  ont été entendus par sa commission. « L’ensemble de ces acteurs ont été favorables à la démarche et aux conclusions abouties, excepté deux ou trois structures qui ont émis des réserves », a-t-il assuré.

 

Pourquoi la carte consulaire biométrique a-t-elle été retirée des documents de vote pour les Burkinabè de l’extérieur ?   A cette question, qui revient de façon lancinante, Maxime Koné  a répondu par un principe juridique : « La loi a un caractère impersonnel et général ». Or en l’état actuel, seuls les Burkinabè de Côte d’Ivoire et du Gabon disposent des cartes biométriques. Ailleurs, comme au Congo, les cartes consulaires sont mêmes manuscrites, a indiqué le député MPP pour qui cette carte n’offre pas partout les mêmes garanties de sécurité.

 

L’élection présidentielle étant dans deux ans, la majorité a donc invité les compatriotes de la diaspora à « prendre leurs dépositions » pour se munir d’une CNIB ou d’un passeport avant l’échéance. Le gouvernement, pour sa part, a déclaré le parti au pouvoir, a assuré qu’il ferait diligence pour que ces documents soient facilement accessibles.

 

C’est la même prudence, selon le président de la commission des affaires générales, qui a commandé la limitation, pour une première, des lieux de vote aux représentations diplomatiques et aux consulats.

 

Et si l’opposition martèle que ce vote a minima de la diaspora vise à exclure en particulier les électeurs de Côte d’Ivoire qui ne seraient pas, a priori, favorables au pouvoir en place, Lassina Ouattara, lui, estime que c’est un mauvais procès qu’on leur fait. « C’est une fuite en avant. L’électorat de Côte d’Ivoire n’est la chasse gardée de personne On fait une fixation sur ce pays comme si c’était la Côte d’Ivoire seule qui allait décider de l’issue du scrutin. Le gros lot des électeurs se trouve à l’intérieur du Burkina et c’est ici que la bataille doit se mener », a-t-il développé.

 

 

 

Hugues Richard Sama

 

 

 

 

 

Encadré

 

Chiffres sur le vote des Burkinabè de l’étranger

 

 

 

Potentiels votants au total : 2 500 000 

 

Potentiels votants en Côte d’Ivoire : 1 700 000 

 

Burkinabè ayant la carte consulaire biométrique en RCI : 985 000.  Dont :

 

- 300 000 ayant  la CNIB 

 

- 100 000 ayant le passeport 

- 300 000 ayant l’acte de naissance

Dernière modification lemercredi, 01 août 2018 19:53

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