Menu

Nouvelle loi sur le code électoral : L’opposition dénonce une logique d’exclusion

 

Les députés de l’opposition politique burkinabè ont donné une conférence de presse, hier 31 juillet 2018 à Ouagadougou, dans le but de faire comprendre les raisons qui ont motivé leur retrait de l’hémicycle à l’occasion de l’examen et du vote du projet de loi portant modification du code électoral. L’opposition a refusé de donner quitus à ce qu’elle a qualifié de «tripatouillage de ce code qui exclut de facto un bon nombre de Burkinabè des consultations électorales à venir, notamment ceux de la diaspora». Elle a estimé que le pouvoir en place est en train «d’institutionnaliser une logique d’exclusion instaurée par la loi Chériff».

 

 

 

 

Le siège du chef de file de l’opposition politique (CFOP) a été le lieu de convergence de journalistes, militantes et militants de partis de l’opposition qui voulaient en savoir plus sur l’attitude des députés ayant claqué la porte de la Représentation nationale le 30 juillet dernier. Les députés de l’Union pour le progrès et le changement (UPC), du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) et ceux du groupe parlementaire Paix, justice et réconciliation nationale (PJRN) ont justifié leur position par le refus de la majorité parlementaire de prendre en compte leurs observations sur le nouveau texte.

 

Les points de divergence, si besoin était de les rappeler, portent sur les documents de vote. La loi modifiée, qui a été adoptée, «impose comme documents de vote la Carte nationale d’identité burkinabè (CNIB) et le passeport, excluant la carte consulaire». Or ce dernier document (la carte consulaire) était bel et bien prévu dans la loi 005-2015/CNT : il s’agit d’un document administratif délivré par des mandataires attitrés du gouvernement, selon le député Zilma François Bacye, président du PJRN. Ses pairs et lui étaient alors surpris de la mise à l’écart de cette pièce bien qu’à la rencontre trimestrielle entre ambassadeurs, consuls généraux et consuls honoraires le 20 octobre 2017 à Abidjan, le diplomate Mahamadou Zongo ait affirmé que ce document est biométrique et sécurisé. «Mieux, au verso, il est clairement mentionné qu’elle tient lieu de CNIB », a ajouté le parlementaire. Son collègue de l’UPC Moussa Zerbo fera savoir que c’est du français : ‘’Tenir lieu’’, selon ses explications, signifie que la carte consulaire remplace valablement le document délivré par l’Office national d’identification (ONI). Pour sa part, le député Alphonse Nombré, président du groupe parlementaire du CDP, a ajouté que 985 000 Burkinabè possèdent déjà une carte consulaire et que ce serait 5000 documents qui ne sont pas biométriques. Pour lui, ce nombre ne devrait pas remettre en cause la fiabilité des 980 000 autres cartes. Par rapport à la polémique sur la fiabilité de ladite carte, qui serait entretenue par le gouvernement lui-même, Justin Compaoré de l’UPC ajoutera que : «Le peuple burkinabè ne doit pas être perdant dans une bagarre entre amis. Il ne doit pas être victime d’inimitié entre anciens camarades. Ce sont eux qui entretenaient des relations privilégiées avec Adama Bictogo ». Il fait allusion à l’homme d’affaires ivoirien Président-directeur général du groupe SNEDAI (Société nationale d’édition de documents administratifs et d’identification). C’est ce groupe qui avait été chargé de la confection des cartes consulaires au profit des Burkinabè vivant sur les bords de la lagune Ebrié. Justin Compaoré a profité du micro pour lancer un cri du cœur au président de l’Assemblée nationale, Alassane Bala Sakandé : « Je suis écœuré par ce qui se passe à l’Assemblée nationale, je voudrais demander au président d’arrêter d’utiliser nos mères, nos femmes, nos filles avec leurs bébés. Vous l’aurez remarqué au vote de la loi sur les PPP et, hier encore, du code électoral, des bébés en pleurs à l’hémicycle, c’est dommage». 

 

Zilma François Bacye a conclu qu’une autre analyse sur la loi querellée est une manière pour le gouvernement d’institutionnaliser une logique d’exclusion, instaurée par la loi dite ‘’loi Chérif’’. Et Alphonse Nombré de relever «un faisceau d’indices graves et  concordants montrant la volonté du pouvoir en place de contrôler les élections de 2020 : selon ses propos, tout a commencé par le vote de la loi sur les PP/P (Partenariat public/privé).  «Une loi source de corruption afin d’amasser des trésors de guerre en vue des prochaines élections. Il y a eu la loi organique portant sur le Conseil supérieur de la communication (CSC), dont on a écourté le mandat des commissaires actuels pour en nommer de nouveaux dans le but de contrôler totalement l’institution. La suite, c’est la nomination à la tête de cette institution du conseiller spécial du président du Faso (ndlr : Mathias Tankoano), et elle a ainsi été mise sous coupe réglée et, cerise sur le gâteau, c’est le vote du code électoral ».       

 

 

Aboubacar Dermé

Dernière modification lemercredi, 01 août 2018 19:52

Ajouter un Commentaire

Code de sécurité
Rafraîchir

Retour en haut