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Coronavirus : QUARANTAINE

 

Une fois de plus, la décision a sans doute été difficile à prendre, mais elle a fini par tomber. Hier à l’issue de ce qu’il a appelé e-conseil des ministres, le gouvernement a en effet pris une nouvelle batterie de mesures (voir détail page 2) pour enrayer la propagation du coronavirus. Au nombre de celles-ci, l’état d’alerte sanitaire.

 

 

 

 

Sur l’échelle de Richter du séisme médical, on ne sait pas trop quel en est le degré comparé aux états d’urgence sanitaire décrétés dans d’autres pays, mais il doit être suffisamment élevé pour justifier la mise en quarantaine pour une durée de deux semaines à compter de ce jour à 5h du matin des villes qui enregistrent au moins un cas : il s’agissait, à la date d’hier, de Ouagadougou, de Bobo-Dioulasso, de Boromo, de Manga, de Banfora, de Dédougou, de Houndé et de Zorgho.   

 

Une décision qui a d’abord nécessité une petite explication de texte pour savoir quelle réalité concrète véhiculait ce vocable auquel, il est vrai, on n’était pas habitué jusque-là au point que tout le monde s’égarait dans les explications. Selon « le lexique du professeur Stanislas Ouaro », le ministre de l’Education nationale, qui avait lui-même été testé positif, la quarantaine consiste à « mettre de côté (des gens NDLR) pour avoir été en contact avec une personne infectée, les mettre en observation pendant 14 jours pour avoir manifesté des signes symptomatiques du virus ». A ne donc pas confondre avec le confinement comme il l’a écrit sur sa page Facebook, en vertu duquel on vous demande de rester chez vous ou avec l’isolement qui concerne les malades qui ont été diagnostiqués positifs. Voilà pour la leçon de vocabulaire du jour.

 

Autrement dit, depuis ce matin, personne ne doit entrer dans les cités concernées ou en sortir, mais leurs habitants, en respectant les horaires du couvre-feu,  peuvent encore aller et venir dans les limites géographiques de leur commune. Encore faut-il d’ailleurs les connaître. On n’en est donc pas – encore –  aux villes fantômes de France, d’Italie, d’Espagne ou des Etats-Unis ou même les pigeons et les écureuils semblent avoir disparu du paysage comme si, eux aussi, savaient que quelque chose de grave se passait.

 

Le Burkina vient ainsi de franchir un nouveau cap dans la lutte contre le COVID-19 qui, depuis l’officialisation des premiers cas le 9 mars 2020, comptait au 26 mars 152 personnes testées positives (dont six pour la seule journée d’hier) pour dix guérisons et sept décès à la même période (trois rien qu’hier). Une progression exponentielle malgré les prescriptions faites jusque-là pour stopper la maladie : fermeture des établissements d’enseignement de la maternelle au supérieur ainsi que des lieux de culte, interdiction des rassemblements de plus de cinquante personnes, mise sur cale des compagnies de transports de personnes, fermeture des frontières terrestres et aériennes sauf pour le fret, instauration d’un couvre-feu sur toute l’étendue du territoire de 19h à 5h du matin, grilles baissées pour 36 marchés et yaars sur les 86 que compte la capitale, sans oublier la sensibilisation aux gestes barrières pour se prémunir. 

 

Faut-il donc croire que toutes ces initiatives  n’ont pas produit les effets escomptés et que c’est parce que le pire et le pic seraient à venir que le président Roch Marc Christian Kaboré a dû monter d’un cran dans la riposte ? Et quelle sera la prochaine étape ? Ira-t-on jusqu’au tant redouté confinement total des deux grandes villes du reste déjà recommandé par le CORUS, le Centre des opérations de réponse aux urgences sanitaires ?

 

Ce sont là autant de questions qu’on se pose même si, dans cette morne grisaille où les bonnes nouvelles sont rares, une lueur d’espoir est apparue dans la bouche du ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique : hier au cours du désormais point de presse sur la situation sanitaire, le professeur Alkassoum Maïga a en effet annoncé la mise en œuvre de deux essais cliniques sur deux groupes de 32 malades chacun avec la pivirine et… la chloroquine de toutes les polémiques dont il espère qu’elles donneront des résultats probants. Il ne reste plus qu’à croiser les doigts pour que ça marche.

 

 

Ousseni Ilboudo

Dernière modification ledimanche, 29 mars 2020 17:29

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