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Algérie : Jeu de chaises musicales pour le système Bouteflika

 

Ce vendredi 3 avril, le mouvement de révolution pacifique algérien, l’Hirak, aurait célébré, dans un fervent enthousiasme, on s’en doute, le premier anniversaire de la chute du président Abdelaziz Bouteflika. On se souvient en effet que le 2 avril 2019, celui qui a été le locataire du palais d’El Mouradia pendant 20 ans rendait le tablier, poussé à la sortie par une rue bouillonnante qui a duré six semaines. Le non retentissant à un troisième mandat pour le grabataire Bouteflika s’était mué en un mouvement insurrectionnel contre le système en place.

 

 

Hélas ! pour les irréductibles du mouvement Hirak, les rues algériennes seront désespérémment vides ce vendredi. Pas de manifestations donc pour souffler cette première bougie de la démission de l’ancien homme fort d’Algérie. Le COVID-19 est passé par là et les 600 personnes et quelque infectées dans le pays apportent de l’eau au moulin du gouvernement Tebboune qui a fermé écoles ainsi qu’universités et  interdit tout rassemblement de quelque nature que ce soit. Ce que la main de fer dans un gant de velours du général Gaïd Salah n’avait pu obtenir en une année, à savoir la fin des manifestations de rue, le coronavirus l’a obtenu en moins d’un mois. A quelque chose malheur est bon, doivent se dire les nouvelles autorités algériennes, elles qui ne savaient plus à quelle stratégie se vouer pour conjurer les déferlements bihebdomadaires des mécontents du système politique. Ni les procès de certains piliers du régime Bouteflika, ni le semblant d’élection présidentielle ouverte de décembre 2019, ni le décès subit du général Gaïd Salah n’avaient convaincu les plus actifs des militants de l’Hirak que le système militaro-oligarchique qui a confisqué le pouvoir en Algérie depuis l’indépendance a pris fin. Au contraire, ils ont lu dans ces évènements, non sans raison, les avatars d’une métamorphose en trompe l’œil de l’hydre prédatrice qu’ils exècrent.

 

En un mot comme en mille, il y a eu valse des hommes à la tête des institutions étatiques mais le système ne s’est pas écroulé. La preuve, l’actuel président est un ancien  ministre de Bouteflika tout comme certains membres de son gouvernement.  Alors, alternance où es-tu ? Même pour le changement d’hommes, le président Tebboune s’est bien gardé de nettoyer totalement les écuries de Boutef. Du reste, ce dernier qui se fait discret dans sa résidence médicale au bord de la méditerranée peut continuer de dormir tranquille dans l’attente d’un hypothétique procès.  Le président Tebboune peut jouer les réformateurs quand tout de son background politique indique qu’il n’est qu’un chef d’orchestre dans un jeu de chaises musicales à la tête de l’Etat algérien : certains pontes du système ont perdu leurs postes au profit d’autres et la vie continue.

 

On le voit bien, les militants de l’Hirak avaient de quoi continuer à tue-tête leur cri de ralliement, « système dégage », en ce premier anniversaire de la démission du président Bouteflika. Le COVID-19 leur aura coupé le souffle. Mais ils devraient se consoler et voir dans la situation actuelle de leur pays, le verre à moitié plein d’une révolution pacifique : Bouteflika est parti, le FLN a perdu de sa superbe, la société civile a pris du galon et qui sait, le meilleur est à venir. L’histoire de la conquête de la liberté pour les peuples n’a jamais été un fleuve tranquille. Les Algériens en savent quelque chose.

 

 

Zéphirin Kpoda

 

Dernière modification ledimanche, 05 avril 2020 16:34

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