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Djihadiste malien à la CPI : « Camp de vacances » pour l’affreux Al-Hassan

 

Les grains du chapelet de ses crimes sont aussi innombrables que son nom est kilométrique. Depuis hier, Al- Hassan Ag Abdoul Aziz Ag Mohamed Ag Mahmoud est de retour à la barre après deux mois de suspension.

 

Celui dont le procès s’est ouvert le 14 juillet dernier n’était autre que le commissaire de la police islamique de Tombouctou, de sinistre mémoire. C’était en 2012, quand le grand Nord-Mali se trouvait sous la coupe des terroristes. Il est poursuivi, entre autres « hauts faits d’arme », pour crimes contre l’humanité, crimes de guerre, torture, viol, persécutions, esclavage sexuel. Au total 13 chefs d’accusation pèsent sur la tête de l’affreux Al-Hassan qui était chargé de faire respecter la charia. Un grand inquisiteur version islamiste, pendant sahélien du ministre de la Répression du vice et de la Propagation de la vertu sous le régime taliban en Afghanistan.

 

Barbe réglementaire pour les hommes, voile intégral pour les femmes et pour tous plus de maquis, fini la musique, le cinéma et même la possibilité de faire du sport en jouant au foot. Bref, le commissaire A-Hassan et ses sbires avaient  pour mission l’application d’un islam rigoriste qui avait culminé avec la destruction des mausolées de la cité aux 333 saints et des autodafés de documents historiques eux aussi classés au patrimoine mondial de l’Unesco. Sauf que, comble du paradoxe, cette fameuse police islamique avait établi son quartier général dans un temple de Mammon, une des banques de Tombouctou ; tandis que son tribunal ad hoc logeait dans un hôtel de la place dont on se demande bien s’il était  « halal ».

 

Ce sont ces heures sombres que relatent les témoins qui ont commencé à défiler hier à la CPI. Premier appelé, un journaliste néerlandais qui a, pour ainsi dire, fait le compte rendu de ce qu’il avait vu et entendu alors.

 

Al-Hassan Ag Abdoul Aziz Ag Mohamed Ag Mahmoud est, rappelons-le, le deuxième djihadiste malien pris dans les filets de la haute juridiction internationale. Avant lui, en 2016 Ahmad Faqir Al Mahdi, alias Abou Tourab, qui avait plaidé coupable pour la destruction des mausolées de Tombouctou, avait, quant à lui, écopé de 9 ans ferme assortis d’une lourde peine pécuniaire. Alors, il n’y a pas de raison pour que le dernier accusé en date ne passe pas une bonne partie du reste de sa vie entre quatre murs à méditer sur la longue liste de ses méfaits. Une moindre peine, pour ne pas dire un camp de vacances comparé à l’enfer qu’ont vécu ses justiciables soumis aux lapidations, amputations, flagellations et autres tortures infligées à tous ceux qui avaient le malheur de ne pas penser comme Al-Hassan et ses semblables. Des victimes qui, elles, n’ont pas eu la chance d’être défendues par des avocats au cours d’un procès équitable.

 

 

H. Marie Ouédraogo

Dernière modification lemercredi, 09 septembre 2020 21:58

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