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Concertations forces vives maliennes : Pourvu que la montagne n’accouche pas d’une souris !

 

Trois semaines après la chute du président IBK, le Mali se cherche toujours un président. Assimi Goïta, le président du Comité national pour le salut du peuple (CNSP), assure l’intérim à la tête, de l’Etat, mais voudrait engager tout le pays dans la définition des contours du nouveau Mali, objectif prioritaire de la junte au pouvoir.

 

 

Sur ce chantier, les rencontres de concertations, avec et entre forces vives du pays, se suivent depuis 2 semaines sans que les Maliens et la communauté internationale soient fixés sur l’ossature institutionnelle de la Transition ni sur sa durée. Les concertations, qui ont repris ce 10 septembre, aboutiront-elles à des résultats tangibles ? En tout cas elles apparaissent comme le plat de résistance de ce dialogue national après l’entrée en matière du weekend dernier. En effet, en plusieurs rencontres-ateliers à Bamako et dans d’autres villes de l’intérieur du pays, les partis politiques, les syndicats, les organisations de la société civile, les associations professionnelles des médias, la diaspora ont fait des propositions sur le « Mali koura », traduisez « nouveau Mali », qui devrait émerger des cendres de la 6e République. Un comité de 20 experts nationaux, des juristes et des constitutionnalistes pour l’essentiel, a été appelé à synthétiser ces propositions. A la fin de leurs travaux, ils ont versé à l’appréciation des forces vives, de nouveau en concertation du 10 au 12 septembre, un projet de charte et une feuille de route de la Transition. Ce dernier conclave sera-t-il le bon ou la montagne va-t-elle accoucher d’une souris ?

 

On attend de voir non sans une certaine appréhension quand on sait que  les deux principaux regroupements d’acteurs dont la détermination a abouti au coup de force du 18 août 2020 ne sont plus en odeur de sainteté. En effet, le CNSP et une tendance du Mouvement du 5-Juin/ Rassemblement des forces patriotiques (M-5 /RFP) ne parlent pas le même langage sur la durée de la Transition et la qualité de la personnalité, civile ou militaire, qui doit la diriger. Ainsi, à l’ouverture de ces concertations ce jeudi dans la salle de conférences internationales de Bamako, on a noté l’absence de Choguel Maïga, le président du comité stratégique du M-5 /RFP. Même au sein du CNSP, il y a des divergences sur la qualité civile ou militaire du prochain chef de l’Etat malien. Autre absence remarquée à ces assises, celle des leaders des Mouvements de l’Azawad. Ils avaient déjà brillé par leur refus d’organiser une rencontre à Kidal, le weekend dernier, pour recueillir les propositions à verser au débat national.

 

Avec autant d’absences, c’est dur pour la junte de créer une synergie de points de vue des principaux acteurs politiques maliens sur ce que doivent être les institutions de la Transition. Qui doit la diriger et pendant combien de temps ? Il y a des tiraillements entre les contempteurs de l’ancien régime pour le contrôle de l’appareil d’Etat, et l’on croise les doigts pour que le lifting des propositions synthétisées par les experts donne de la visibilité sur les contours de la Transition.

 

A ce propos, la CEDEAO, par son dogmatisme sur les principes de la démocratie et de la bonne gouvernance, n’aide pas les Maliens à tourner rapidement la page IBK. Son diktat  du 15 septembre 2020 pour la désignation d’un président et d’un premier ministre civils pourrait braquer une bonne partie des Maliens contre elle, notamment ceux qui ont marché à Bamako lundi dernier pour qu’un militaire dirige le pays les trois prochaines années. Aussi difficile que soit l’accouchement du nouveau Mali, personne d’autre que le peuple malien lui-même ne devrait tenir le forceps. A bon entendeur…

 

 

Zéphirin Kpoda

 

Dernière modification ledimanche, 13 septembre 2020 17:43

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