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Promesses électorales : Eh Zèph, tu vas nous tuer !

 

Ils sont tous marrants, ces candidats à la présidentielle ! Du plus petit au plus grand. Je dirai même qu’ils sont pathétiques. Que ne va-t-on pas voir ou entendre durant cette trop longue campagne électorale dont je suis pressé de voir le mot « FIN ». Quand les projets se valent, aussi bancals les uns que les autres, il faut bien amuser la galerie et jouer au pitre en versant dans l’anecdotique. Une formule est lancée par le candidat d’en face et c’est vite parti pour son remix à tout-va. Ces derniers temps, c’est le fameux « Hakuna Matata » de l’inénarrable Simon Compaoré, du swahili, dit-on, qui est décliné dans toutes les sauces à la grande joie des négrillons qui, à leur décharge, ont toujours eu les dirigeants qu’ils méritent. Et ça rigole, ventre en l’air. Bref, les chiens aboient, la caravane trépasse.

 

 

Toutes sortes de promesses dont il faut se chatouiller pour en rire font la une des réseaux sociaux et des médias classiques. Mais celle qui a surtout attirée mon attention provient de cette déclaration suivant faite par l’un d’entre eux, Zéphirin Diabré, pour ne pas le citer, notamment lors d’un meeting à Dédougou : « Pour qu’il y ait de l’eau en permanence, je vais creuser un tunnel du Burkina jusqu’à la mer et les pays que le tunnel va traverser, je vais les payer pour ça. Dieu ne nous a pas donné la mer, mais nous aurons la mer. Il faut qu’on creuse des tunnels pour que les trois fleuves (Mouhoun, Nakambé et Nazinon) se rencontrent et que des bateaux puissent y naviguer avec des marchandises ».

 

Un bateau battant pavillon burkinabè voguant sur le Mouhoun à destination du grand port de Hambourg en Allemagne via la Méditerranée se dessine dans mon esprit. « Mais est-ce possible ? », me suis-je aussitôt ressaisi. Peut-être que le candidat Zéphirin Diabré, pour ne pas le citer, fait allusion au plus grand et vieux canal du monde, long de 1797, reliant Pékin (Beijing) au nord et Hangzhou au Sud et dont l’objectif est de relier les principaux grands fleuves de Chine. 

 

N’ayant pas eu ce candidat à portée de main pour mesurer le degré de son sérieux, je me suis rué sur Internet pour en avoir le cœur net sur la faisabilité du projet. J’y ai appris que le plus long canal du monde (qui est à ciel ouvert et moins cher qu’un tunnel) fait 57,1 kilomètres et se trouve en Suisse. Mis en service en 2016, il a coûté la bagatelle de 11 milliards d’euros, soit - excusez du peu - 7315 milliards de nos francs. Admettons que l’on veuille se connecter à la mer depuis Accra. La distance Ouaga/Accra étant d’environ 1000 kilomètres, il faut multiplier les 7315 milliards de FCFA par 17 pour avoir une idée du coût de cette réalisation. Mieux, le 57,1 kilomètres, les besogneux suisses ont pris 17 ans pour le faire. Même pour cela, chez nous, il faudrait plus que deux mandats légaux à notre Lion. Peut-être qu’avec ça, le prétexte pour un 3e mandat pour achever le chantier est vite trouvé. Eh Zèph, tu vas nous tuer !

 

 

Issa K. Barry

 

Dernière modification lemercredi, 11 novembre 2020 21:25

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