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Elections en Centrafrique : Les antiscrutin en mode offensif

 

Les élections couplées, législatives et présidentielle en Centrafrique, pourront-elles se tenir à bonne date ? Si oui avec quelles garanties de sécurité et d’acceptation des résultats ?

 

 

Nos questions du lundi dans « commentons l’événement » sont plus que d’actualité. En effet, l’alliance des groupes armés hostiles au président sortant, Faustin Archange Touadéra, a multiplié les escarmouches contre l’armée régulière tout en renforçant ses positions au nord-ouest du pays. Le gouvernement, qui anticipe une recrudescence des combats, a demandé la mise en œuvre d’accords bilatéraux de défense avec la Russie et le Rwanda. Dans ce cadre, l’armée centrafricaine a reçu du renfort en hommes et en logistique de Moscou pendant que Kigali déploie à Bangui des troupes d’élite.

 

A l’évidence, la coalition des groupes armés qui a dénoncé l’accord de Khartoum de février 2019 et appelé à un report des élections ne s’est pas contentée de sa déclaration virulente du mercredi 16 décembre. Elle agit sur le terrain pour empêcher la tenue des scrutins. La Centrafrique est donc de nouveau dans une situation politique des plus « volatiles et imprévisibles », selon plusieurs analystes. La communauté internationale s’en émeut, et un communiqué conjoint des Etats-Unis, de la Russie, de la France, de l’ONU, de l’Union africaine, de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC), publié lundi dernier, indexe l’ancien président François Bozizé comme le va-t-en guerre et engage la responsabilité des chefs des groupes armés individuellement dans toute dégénération de la situation avec des atteintes aux droits de l’homme.

 

Devant cette fermeté de la communauté internationale, qui plaide pour le respect du calendrier électoral, on est surpris de la témérité de ces groupes rebelles, qui ne l’entendent pas de cette oreille. Qu’est-ce qui les rend si hardis à vouloir bouleverser un calendrier électoral avalisé par l’ONU ? Il est vrai qu’en l’absence de mandat offensif, la MINUSCA pourrait regarder impuissante la détérioration de la situation sécuritaire dans le pays. A moins que, par ailleurs, dans les coulisses, ces groupes rebelles n’aient des appuis de puissances étrangères qui boostent leur refus de la tenue des scrutins et leur action de déstabilisation du gouvernement en place à Bangui. A ce sujet on pense à la Chine et à l’Afrique du Sud, des pays qui ont été dans un passé récent des alliés de Bozizé. De là à dire que le conflit s’internationalise, il y a un pas. En tout cas, des pays voisins, notamment le Tchad et le Cameroun, affirment suivre avec inquiétude l’évolution de la situation. Une indication supplémentaire qu’on est plus près d’une aggravation de la crise que d’une reprise du processus de consolidation de la paix.

 

La Centrafrique, avec les anti-scrutins en mode offensif, est de nouveau à la croisée des chemins, incapable de s’inscrire dans une logique de stabilité institutionnelle. A qui la faute ? A ces politiciens d’une grande veulerie qui, depuis le tristement célèbre Jean Bedel Bokassa, ne peuvent pas dimensionner leurs ambitions à l’aune de leur responsabilité historique. Et  l’on en revient à cette grande vérité du président Barack Obama : « L’Afrique n’a pas besoin d’hommes forts, mais d’institutions fortes ».

 

 

Alain Saint Robespierre

 

Dernière modification lemercredi, 23 décembre 2020 21:41

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