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Présidentielle congolaise : L’insatiable Sassou

A quoi ça sert d’organiser des élections « démocratiques » dans un pays comme le Congo ? C’est la question qu’on ne pouvait manquer de se poser hier, alors que 2,5 millions d’électeurs étaient convoqués aux urnes pour élire un nouveau président.

 

On devrait plutôt dire pour «réélire» Denis Sassou NGuesso, on ne sait même plus pour la quellième fois.  A 77 ans, le président sortant totalise 36 ans à la tête du pays (…), ce qui fait de lui l’un des chefs d’Etat africains à avoir poussé des racines sous le fauteuil présidentiel, à côté d’autres dinosaures  comme le Camerounais Paul Biya, 39 ans… seulement, et l’Equato-Guinéen Obiang, 42 ans. Déby n’ayant «que 30 ans» selon ses dires. Président de la République populaire du Congo d’abord de 1979 à 1992, avant de signer son retour en 1997 suite à une intervention des forces armées angolaises et après avoir renversé le président élu, Pascal Lissouba, dans les premiers mois de la guerre civile. Curieusement, son retour a été aussitôt reconnu par la communauté internationale.

 

Les élections se suivent donc et se ressemblent  au royaume Sassou, pliées d’avance comme toujours, les seuls enjeux, s’il y en a vraiment,  étant le taux de participation et la transparence. Mais que tous les 2,5 millions d’inscrits prennent d’assaut les bureaux de vote ou qu’il n’y en ait qu’un seul, ça doit être sans doute le cadet des soucis du natif d’Edou qui dirige d’une main de fer son royaume qui semble être devenu au fil du temps la propriété du clan Sassou et alliés. Du côté de la transparence, entre la présence a minima de certains observateurs internationaux, en raison notamment du Covid-19, et l’absence notable de l’Eglise catholique  qui n’a pu faire accréditer ses 4000 vigies électorales en raison des prises de position acerbes de l’épiscopat congolais, le verdict des urnes va plus dépendre de ceux qui comptent les voix que de ceux qui ont glissé les bulletins dans l’urne.

 

 

De toute façon, que peut bien risquer le monarque congolais face à six adversaires qui tiennent pour la plupart lieu de comparses que d’autre chose ? Seuls font figure de candidats sérieux Mathias Dzon, autrefois ministre des Finances de Sassou, et Guy-Brice Parfait Kolélas, qui a suivi la journée électorale depuis son lit d’hôpital. Le fils de Bernard Kolelas (décédé en 2009) a en effet été diagnostiqué positif au Covid et il devait même être évacué incessamment à l’étranger. C’est dire si l’élection présidentielle est loin d’être sa préoccupation. Encore que même avec une forme olympique, on ne voie pas trop comment il pourrait inquiéter l’insatiable Sassou.

 

Mais jusqu’à quand ces farces électorales, qui ne font plus rire personne, peut-être même pas le principal acteur, vont continuer ? Les Congolais vont-ils continuer de subir sans broncher les faits et méfaits du presque octogénaire englué dans pas mal d’affaires  de biens mal acquis régulièrement citées par certaines ONG comme Transparency International, Sherpa ou Global Witness ? Et puis malgré ses énormes richesses naturelles, le Congo de Sassou reste désespérément un pays pauvre. C’est donc plus une question d’hommes que de pauvreté intrinsèque. Qu’est-ce que le président sortant peut donc bien faire durant cet énième mandat qu’il n’a pu faire en 36 ans de règne ? Question à 1000 barils de pétrole. 

La Rédaction

Dernière modification lelundi, 22 mars 2021 23:13

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