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Tambouille électorale au Bénin : Talon-La-Bagarre n’en a cure

 

Il va sans dire que le président béninois, Patrice Talon, aime la bagarre. Peut-être même qu’il l’a dans les gênes, lui qui bien avant d’accéder à la magistrature suprême a longtemps croisé le fer avec son ami d’alors devenu président, Yayi Boni, et dont il avait pourtant généreusement financé la campagne avant de se brouiller sérieusement avec lui, avec pour seule échappatoire l’exil pour l’homme d’affaires de l’époque. Et depuis que Patrice Talon a pris le pouvoir en avril 2016, la tambouille a été la chose la mieux partagée, politiquement parlant.  Si bien qu’on peine à reconnaître le Bénin, ce pays qui croulait sous les dénominations positives amplement méritées : quartier latin de l’Afrique,  berceau des conférences nationales souveraines, chantre de la démocratie.

 

 

Ces qualificatifs ont donc vécu. Et ce, grâce à l’ancien magnat du coton devenu président. Il avait d’ores et déjà annoncé la couleur pendant les législatives de 2019, rendez-vous électoral largement boycotté par l’opposition. Conséquence : au sein de l’Assemblée nationale, 154 des 159 députés sont de la mouvance présidentielle. Une élection soviétique n’aurait pas fait mieux.

 

La présidentielle de dimanche ne présage rien de bon non plus. A trois jours de ce rendez-vous de toutes les incertitudes, la tension est à couper au couteau dans la patrie de Béhanzin. Et le nord ainsi que le centre du pays en sont les épicentres. La ville de Savé a commencé à compter ses morts hier avec l’intervention de l’armée. Mais comme il faut bien des adversaires pour aller aux urnes, le président sortant a face à lui deux anciens députés que sont Alassane Soumanou et Corentin Kohoué. «Des candidats fantoches », pestent les opposants qui n’ont pu se présenter soit parce qu’ils sont en exil, frappés d’inéligibilité, soit parce qu’ils n’ont pas pu obtenir les parrainages nécessaires. 

 

Il  faut bien que la présidentielle se tienne, vaille que vaille, et le président sortant tient à rempiler. Etonnant de la part de quelqu’un qui promettait de faire un seul mandat pendant sa campagne en 2016. On dit qu’à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire, mais Talon-La-Bagarre n’en a cure. Cette élection passera comme les législatives.

 

Oui, il est vrai qu’il peut se targuer d’un bilan économique très positif, beaucoup d’indicateurs macro-économiques étant au vert. Oui, il a combattu avec un certain succès la corruption, surtout la petite. Oui, le climat des affaires est au top et les cours du coton, un des principaux produits d’exportation, connaissent une embellie. Il faut cependant plus que ces succès, qui ne se ressentent pas forcément dans le panier de la ménagère du jour au lendemain, pour marquer l’Histoire.

 

 

Issa K. Barry

Dernière modification ledimanche, 18 avril 2021 19:55

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