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Relations franco-rwandaises : Pas du géant Kagamé vers la normalisation

 

Incontestablement, il a été la vedette du sommet sur le financement des économies africaines post-Covid qui s’est tenu hier mardi 18 mai 2021 à Paris.

 

 

Il s’agit, vous l’aurez sans doute deviné, du chef de l’Etat rwandais, Paul Kagamé, qui fut la guest star de cette rencontre visant à oxygéner le « Berceau de l’humanité » après la pandémie.

 

Tête-à-tête avec Emmanuel Macron, interview chez nos confrères de RFI et France 24, rencontre avec des militaires français ayant servi au Rwanda entre 1990 et 1994. C’est dire que la France a déroulé le tapis rouge au président rwandais.

 

Ce n’est certes pas encore l’amour fou entre Paris et Kigali, mais il y a un retour de flamme ou, à tout le moins, un réchauffement entre les deux capitales, conséquence des deux récents rapports sur le génocide des Tutsis. Lesquels ayant tous les deux abouti, Mutatis mutandis, presque aux mêmes conclusions.

 

Le premier, français, celui de l’historien Vincent Duclert, remis le 26 mars dernier, avait établi une « responsabilité accablante » de la France dans l’innommable tragédie qui avait fait, rappelons-le, d’avril à juillet 1994 entre 800 000 et un million de morts.

 

La commission Duclert n’est pas allée jusqu’à pointer du doigt la complicité de la France officielle dans la survenue du drame. Mais c’était déjà suffisant pour amorcer le dégel entre l’Hexagone et le « pays des mille collines ».

 

Un rapprochement dont la dynamique se poursuivra quelques temps après avec un second rapport, rwandais cette fois-ci et commandé auprès d’un cabinet d’avocats américains qui indiquait, en substance, que « la France a rendu possible un génocide prévisible ».

 

Spectaculaire décrispation, s’il en est, et reconnue par « l’homme mince de Kigali » lui-même pour qui « la France et le Rwanda ont désormais l’opportunité de bâtir une bonne relation… Le reste, nous pouvons le laisser derrière… Peut-être pas oublier mais pardonner et aller de l’avant ».

 

Qui connaît le ressentiment de Kagamé vis-à-vis de la France saura que c’est un grand virage qui vient d’être amorcé en attendant la visite du locataire de l’Elysée le 27 mai à Kigali.

 

Qu’importe d’ailleurs pour Kagamé si, à cette occasion, « Jupiter » présente ou pas les excuses de son pays au peuple rwandais. Pour lui, le seul fait que la responsabilité hexagonale ait déjà été reconnue « veut tout dire ». Pour ainsi dire c’est pratiquement un mea culpa qui ne dit pas son nom.

 

En réalité, dans cette affaire, les deux parties ont sans doute intérêt à tourner les pages de cette histoire commune afin de tenter d’en cicatriser les brûlures  pour regarder résolument vers l’avenir.

 

Et c’est le chemin que Paul et Emmanuel semblent avoir choisi.

 

 

Alain Saint Robespierre

Dernière modification lemercredi, 19 mai 2021 21:47

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