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Résistance aux antimicrobiens : Un phénomène muet aux conséquences désastreuses

 

Ils sont nombreux les malades qui meurent d’infections qui ne peuvent être soignées même avec les puissants antimicrobiens. Cela est dû à la Résistance aux antimicrobiens (RAM), lorsque les microbes ont une capacité à résister aux médicaments qui sont censés les tuer ou les contrôler. Des alertes sont données partout dans le monde sur le phénomène et ses conséquences fâcheuses. Sur l’initiative de la FAO et de ses partenaires à l’image de l’Observatoire burkinabè pour la qualité et la sécurité des soins, des journalistes ont bénéficié d’une journée de formation y relative le vendredi 4 juin sur la problématique. Nous vous proposons cet article sur la base de communications assurées par des spécialistes de la santé humaine et animale ainsi que de la préservation de l’environnement.  

 

 

 

Vous arrive-t-il de : 

 

- prendre des médicaments sans prescription médicale ?

 

-          oublier de prendre un médicament à l’heure indiquée ou de sauter carrément une prise ?

 

- augmenter le nombre de médicaments parce que la dose prescrite par le médecin ne vous soulageait pas ?

 

-          interrompre un traitement parce que vous vous sentez mieux ?

 

 

Si oui, il est temps de mettre fin à de tels comportements. Vous vous exposez ainsi à une Résistance aux antimicrobiens (RAM). La résistance aux antimicrobiens survient lorsqu’un micro-organisme (bactérie, virus, champignon ou parasite) subit des modifications de telle sorte que les médicaments utilisés pour soigner l’infection qu’il provoque deviennent inefficaces. En termes plus simples, c’est lorsque le médicament qui est censé vous soigner se retourne contre vous. Cela signifie que les microbes ont une capacité à résister aux médicaments qui sont censés les tuer ou les contrôler. Conséquences : soit le mal qu’on traite ne guérit pas, soit on s’expose au risque de propagation des maladies, de forme grave et de décès. 

 

La résistance aux antimicrobiens est favorisée par une mauvaise utilisation des médicaments, par exemple pour le traitement d'infections virales comme le rhume ou la grippe ou lorsque les patients partagent leur traitement. Le développement et la propagation de la pharmacorésistance sont également favorisés par l’utilisation de médicaments de mauvaise qualité, les prescriptions erronées et la lutte insuffisante contre les infections. « La résistance aux antimicrobiens entrave de plus en plus le traitement des maladies infectieuses en raison soit des antibiotiques totalement inefficaces actuellement disponibles, soit du coût élevé des agents de « nouvelle génération », prévient l’OMS.

 

 

 

Plus de 700 000 personnes meurent chaque année de la RAM

 

 

 

C’est une situation très préoccupante, car une infection résistante peut être mortelle, se propager et coûter très cher aux individus et à la société. En effet, 700 000 personnes meurent chaque année des suites de la RAM. Et selon les projections, dans moins de 20 ans, la RAM va tuer plus que le cancer ou le sida.

 

Les antimicrobiens regroupent les antibiotiques utilisés dans le traitement des bactéries, les antifongiques pour le traitement des mycoses, les antiparasitaires contre les parasites et les antiviraux pour le traitement des virus.

 

C’est dire que ce lot de médicaments se retrouve dans les soins des infections aussi bien chez les êtres humains, les animaux que les végétaux. En Afrique particulièrement, l'usage abusif et anarchique des antibiotiques pose un grave problème de santé publique, avec un nombre croissant d’infections plus difficiles à traiter.

 

Pourtant pour être efficaces, les antibiotiques doivent être pris régulièrement et pendant toute la durée du traitement (généralement d'une à six semaines). Mais dans les endroits où ces médicaments sont chers ou difficiles à trouver, beaucoup de patients interrompent leur traitement dès qu'ils se sentent mieux et conservent les comprimés restants pour s'en servir à une date ultérieure.

 

La prescription excessive pose aussi problème. Dans les régions où les maladies bactériennes telles que la diarrhée et les infections de la gorge sont courantes, les médecins prescrivent souvent des antibiotiques sans avoir correctement diagnostiqué le mal et parfois à titre de précaution, ce qui donne lieu à une surconsommation de médicament. A cela s’ajoute l'emploi courant des antibiotiques à titre prophylactique dans le secteur de l'élevage.

 

Ce qui rend la lutte contre la RAM complexe est qu’elle ne se manifeste pas par des symptômes physiques, on n’en est donc pas toujours conscient.

 

En plus, la résistance ne peut être détectée positivement que par un test de laboratoire. Dans notre contexte, les tests de sensibilité aux antimicrobiens ne sont pas effectués systématiquement, de sorte que de nombreuses personnes qui ont développé une résistance à un traitement n’en sont pas au courant.

 

Les patients qui ont développé une résistance à des soins peuvent éventuellement mourir de la maladie ou de l’affection dont ils souffrent sans se rendre compte que la cause secondaire du décès était la résistance au traitement prescrit.

 

C’est pourquoi l’accent doit être mis sur la sensibilisation, car il n’existe pas une méthode définie de lutte contre la RAM. Il faut une bonne compréhension du problème et de son ampleur par les populations et aussi un engagement pluridisciplinaire dans la lutte. Les populations particulièrement doivent surtout être sensibilisées aux mesures d’hygiène en santé humaine, animale et environnementale qui implique le lavage des mains, l’utilisation de latrines et la rationalisation de l’utilisation des pesticides.

 

Réduire l’incidence des infections passe en effet par la prise de mesures efficaces de prévention comme l’hygiène, la vaccination et l’assainissement.

Au niveau gouvernemental et des partenaires techniques et financiers, un bon Plan d’actions de lutte s’impose.

 

Alima Séogo/Koanda

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