Mort de Kadhafi : Dix ans après, toujours le chaos
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Hier, cela faisait 10 ans, jour pour jour, que le cortège en fuite du colonel Mouammar Kadhafi était pris pour cible au cours d’un raid mené par l’Otan, notamment des Français et des Britanniques. Grièvement blessé, Kadhafi sera longuement malmené par les rebelles du Conseil national de transition (CNT), devenus les maîtres du pays, et rendra l’âme dans des circonstances encore troubles.
Aujourd’hui, bien des Africains doivent être gênés aux entournures face à ce qui est arrivé à ce Bédouin qui a pris le pouvoir par un coup d’Etat et qui rêvait d’une Afrique unie et qui, grâce à ses pétrodollars, n’hésitait pas à mettre la main à la poche. A l’annonce de sa mort, beaucoup en ont exulté, brandissant des images de son corps ensanglanté et de son regard vide.
Les Libyens ont fêté cette disparition au son des klaxons et des pétards. Les présidents africains et d’ailleurs qui avaient pourtant abondamment profité de ses largesses ont baissé les regards. Devenus subitement pudiques, ils se sont émmurés dans un lâche mutisme. Les photos de son cadavre se sont vendues comme de petits pains. Une bonne partie de l’Afrique a applaudi, ignorant que la boîte de Pandore venait d’être ouverte avec la mort du Guide, surtout en ce qui concerne notre sous-région. Est-ce la loi du karma ? Peut-être bien !
Toujours est-il que dans leur débâcle, les combattants recrutés en masse pour cette guerre idiote encouragée par les imprécations occidentales qui soutiennent des démocraties à géométrie variable se sont retournés contre leurs pays d’origine, enhardis par l’artillerie lourde qu’ils ont emportée. Ils ont d’abord envahi le Mali, le Niger… Beaucoup regardaient ça de loin. Le terrorisme s’est ensuite étendu à d’autres pays et y est même en train de se métastaser. On compte aussi des excursions au Bénin et en Côte d’Ivoire.
Les Libyens qui ont également célébré la disparition de leur « dictateur » ne l’ont pas emporté au paradis. Voici que depuis dix ans, le chaos s’est installé dans un pays où coulaient le lait et le miel, où le logement, les soins de santé, l’eau et l’électricité étaient gratuits. Les Burkinabè qui y étaient allés pour des études aimaient à raconter que lorsque vous alliez dans une boulangerie juste pour une ou deux miches de pain, on vous dispensait d’aller à la caisse. Aujourd’hui le pain, s’il en y a et si l’on peut sortir sans être dans le viseur d’un sniper, il faut le payer rubis sur l’ongle et la peur au ventre. Et c’est de ce pain-là que mangent les Libyens depuis dix ans.
Issa K. Barry
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