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Marche contre la présence de l’armée française au Burkina

 

La marche-meeting contre la présence de l’armée française au Burkina Faso, n’a pas eu lieu. Prévue pour la matinée du samedi 30 octobre 2021, par une structure qui a voulu garder l’anonymat, la marche qui devait partir du rond-point du CNTS (Centre national de transfusion sanguine) au mémorial Thomas Sankara, n’avait pas reçu l’autorisation des autorités compétentes et a été dispersée à coup de gaz lacrymogènes par les forces de l’ordre.  

 

 

La cinquantaine d’activistes rassemblés au niveau du rond-point du CNTS (intersection route hôpital Yalgado) et qui ont décidé de battre le pavé avaient cru, non sans naïveté, que les hommes du BAC (Brigade anticriminalité) les avaient devancés sur les lieux pour sécuriser la manifestation. Grosse déception pour les pourfendeurs de la France-Afrique.  Quand les policiers hostiles se sont mis en branle à leur rencontre, tout a vite dégénéré pour eux, vaillants  « défenseurs de la souveraineté », qui projetaient d’atteindre le mémorial Thomas Sankara. En quelques fractions de secondes, la chaussée fut désertée. Des chaussures éparpillées, des vuvuzelas abandonnés, des douilles noircies de grenades lacrymogènes çà et là, tout cela, sous le regard amusé des ouvriers de la voirie, perturbés dans leur labeur. Dans la débandade, quelques-uns des manifestants ont abandonné leurs engins parmi lesquels des vélos et des motos, par la suite embarqués par le pick-up des flics. Par ricochet, ces derniers ont voulu transposer la bagarre sur notre équipe qui tout simplement faisait son travail de journalistes sur les lieux de l’évènement. Une des participantes du nom de Floflo,  fervente sankariste, se réclamant panafricaniste et solidaire des FDS (Forces de défense et de sécurité) qui a été victime ne cessait de se plaindre. «Dans ma course, ils m’ont rattrapée et assommée à la nuque et je suis tombée dans le caniveau en construction. A cause du gaz, je ne pouvais pas respirer parce que je suis asthmatique», a marmonné l’activiste, désemparée. Par la suite, un des marcheurs a bien voulu lui ramener son smartphone ramassé sur le pavé. « Quelle chance ! », s’est-elle exclamée. Puis elle entreprit vainement d’arracher sa moto au petit groupe d’agents de la BAC qui surveillaient les engins confisqués. A la question de savoir si elle était au courant que la marche n’avait pas eu l’assentiment de la mairie, elle répondit par un détour. « Au Mali, pourtant, ils ont autorisé la manifestation contre la présence de l’armée française », a-t-elle rétorqué, furieuse. Et d’ajouter, en montrant le tatouage FDS sur le dos de ses mains : « J’ai toujours soutenu nos FDS, pourquoi ils me gazent? ». Le jeudi, Floflo avait été aperçue lors de la conférence de presse donnée par l’activiste franco-béninois Kémi Seba.

Dieudonné Ouédraogo

 

 

Encadré

 

Alors qu’il était en route pour Bobo-Dioulasso, dans le cadre d’une marche contre la présence française au Burkina, l’activiste franco-béninois a été interpellé vendredi 29 octobre 2021 par la police selon différentes sources concordantes de plusieurs médias. Il aurait été ramené à Ouagadougou, puis embarqué dans un avion en direction de Cotonou le lendemain 30 octobre 2021. Kémi Seba était présent au Burkina Faso sur invitation de la Coalition des patriotes africains du Burkina Faso (COPA-BF)(ndlr voir numéro 10461 du vendredi 29 octobre au lundi 1er novembre 2021).  Cette organisation est anticolonialiste et hostile à la présence française au Sahel, mais, visiblement, elle n’avait pas pris le soin de préciser à l’illustre hôte que la marche n’avait pas reçu l’autorisation de la mairie de Bobo-Dioulasso. Le samedi 30 octobre, la manifestation qui devrait avoir lieu a été dispersée au gaz lacrymogènes. Par la suite les « patriotes africains » ont voulu organiser une conférence de presse pour dénoncer la violence policière, mais elle a été vite dispersée à son tour par les CRS (Compagnie républicaine de sécurité). 

 

En 2019, Kémi Seba avait été expulsé du Burkina pour des propos jugés outrageants sur le président du Faso.

 

Dernière modification lemardi, 02 novembre 2021 23:13

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