Le Premier ministre soudanais remis en selle: Va-t-il pour autant galoper vers un pouvoir civil ?
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Les manifestations quasi quotidiennes des Soudanais, au prix souvent de leur vie, et les pressions tous azimuts de la communauté dite internationale auront finalement servi à quelque chose : moins d’un mois après avoir été destitué de son poste, le Premier ministre de transition Abdallah Hamdok devrait retrouver son fauteuil. Et c’est le résultat d’un accord qui prévoit en outre la libération des anciens membres du gouvernement embastillés avec leur chef. Leur mise aux arrêts faisait suite au coup d’Etat perpétré le 25 octobre dernier et après le refus du Premier ministre de dissoudre son gouvernement comme le lui demandait l’armée. Dès lors, il avait été arrêté avec des dirigeants issus de la société civile. D’abord retenu chez lui avec son épouse, il avait ensuite été emmené vers une destination inconnue avant d’être ramené chez lui.
C’est dire qu’avec la nouvelle donne, le général Abdel Fattah Abdelrahmane al-Burhan, qui avait récupéré tous les leviers du pouvoir, bat donc en retraite. La nouvelle crise s’est nouée quand, à seulement un mois de la fin de son « mandat, celui qui était le président du Conseil national de Souveraineté, qui devait passer la main à la composante civile de la transition, a décidé de balayer les civils. A l’écouter, c’était presque avec le consentement de Hamdok qu’il avait démis de ses fonctions, puisque, prétendait-il, le déchu était gardé chez lui pour sa propre sécurité et qu’ils mangeaient même ensemble, selon ses propres dires.
Tout le monde se doutait bien que c’était un convive malgré lui et une batterie de sanctions a tout de suite plu sur le désormais unique maître du Soudan. C’est le cas de l’Union africaine, de la Banque mondiale qui a suspendu ses décaissements dans toutes ses opérations au Soudan, et de Washington, les Etats-Unis ayant suspendu aussitôt leur soutien de quelque 700 millions de dollars promis à la transition. Une enveloppe qui, par ces temps de vaches maigres que traverse le pays, pouvait ramener à la raison le plus rétif des généraux.
Avec le présent accord, le train de la transition soudanaise devrait donc être de nouveau sur les rails pour arriver à bon port jusqu’à des élections générales qui devraient être organisées pour un retour à un ordre constitutionnel normal. Et il faut espérer que d’ici là, les militaires peu partageurs qui n’ont jamais accepté de céder une partie du pouvoir après la chute d’Omar el-Béchir, en avril 2019, ne trouveront pas encore des prétextes fallacieux et des arguments spécieux pour ne pas filer droit.
En attendant, la question qu’on se pose, c’est de savoir si le revenant Hamdok va retrouver en même temps son fauteuil et les prérogatives qui vont avec. Rien n’est moins sûr, car on peut compter sur la bonne volonté de ses partenaires en kaki pour lui mettre des bâtons dans les roues. Seulement, on aurait pu faire l’économie de cette quarantaine de morts qui est venue encore grossir davantage le nombre de victimes depuis le début de cette crise.
Issa K Barry
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