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Incendie prison de Guitega : Le cocktail explosif de la vétusté et de la surpopulation

 

Rarement l’expression « enfer carcéral » aura autant pris son sens le plus cruel pour les pensionnaires de la prison centrale de Gitera dans la capitale burundaise.

 

C’est un véritable enfer qu’ils ont subi très tôt dans la matinée du 7 décembre 2021 lorsqu’un incendie s’est déclaré, faisant près de 40 morts et environ 70 blessés graves. Une scène d’horreur qu’est venu constater aux premières heures de la journée le Premier ministre, Prosper Bazombanza, escorté des ministres de l’Intérieur, de la Justice, de la Santé et de la Solidarité.

 

Beaucoup de prisonniers sont passés de vie à trépas, surpris qu’ils ont été dans leur sommeil par les fumées toxiques du brasier dont on ne connaissait pas encore l’origine. Il faut dire que ce pénitencier n’en est pas à son premier sinistre dans la mesure où pas plus tard qu’en août dernier, un incendie dû à un court-circuit s’était déclaré sans cependant faire de victime. Cette fois-ci, le bilan humain et celui matériel sont autrement plus lourds, les flammes ayant ravagé plusieurs quartiers de l’établissement. Qu’est-ce qui a bien pu provoquer cette catastrophe ? Le ministre de l’Intérieur a affirmé sur son compte tweeter que cet incendie était dû, lui aussi, à un court-circuit. On se demande dès lors si après l’alerte d’il y a quatre mois les réparations idoines ont bien été faites ou si, comme toujours, on s’est contenté de rafistoler une installation qui s’était déjà révélée des plus dangereuses.

 

Et quand on connaît la vétusté de nos prisons, ajoutée à l’habituelle surpopulation carcérale, on n’est pas étonné outre mesure de ce qui vient de se produire. Le centre pénitentiaire de Gitega compte en effet plus de 1500 détenus, soit près de quatre fois sa capacité d’accueil. Après être venues constater, impuissantes, les dégâts, on espère que les autorités burundaises vont ouvrir une enquête pour savoir exactement ce qui s’est passé. Est-il vrai par exemple, comme le racontent certains rescapés, que les policiers ont refusé d’ouvrir les cellules, prétextant qu’ils auraient reçu des ordres dans ce sens ? Et que dire de l’arrivée des pompiers deux heures après le début de l’incendie ? Autant de questions qui méritent des réponses si l’on ne veut pas que les mêmes causes produisent les mêmes effets.

 

 

 

H. Marie Ouédraogo

 

Dernière modification lemercredi, 08 décembre 2021 20:37

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