Retour de Dadis Camara en Guinée: Pourvu que la justice ne soit pas sacrifiée sur l’autel de la réconciliation
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Cette fois-ci, c’était donc la bonne. Après plusieurs tentatives infructueuses, Moussa Dadis Camara ; qui n’avait fait qu’un aller-retour en 2013 à N’Zérékoré pour les obsèques de sa mère, est enfin rentré au bercail.
L’ancien chef de la junte guinéenne était en exil au Burkina après sa chute et la tentative d’assassinat dont il a été victime le 3 décembre 2009 au camp militaire Koundara. Blessé à la tête et au cou par son aide de camp et chef de la garde présidentielle, «Toumba» Diakité, le truculent capitaine, dont les frasques tenaient en haleine ses compatriotes et toute la sous-région, avait été évacué à Rabat le lendemain. Après son séjour médical au Maroc et alors qu’il pensait rentrer au pays, son avion avait été dérouté vers le Burkina. C’était le début d’une décennie d’exil qui n’a pris fin qu’hier mercredi 22 décembre 2021.
Comme s’il se présentait toujours comme le messie venu sauver la Guinée du naufrage comme en 2008, celui qui s’est converti au catholicisme en 2010 durant son exil ouagalais et a pris le prénom de Moïse est apparu à genoux sur le tarmac de l’aéroport Ahmed Sékou Touré de Conakry, la Bible dans une main, le Coran dans l’autre. A moins que ce ne soit déjà pour lui une manière de demander pardon au peuple.
Son retour a été rendu possible par le président de la transition, Mahamady Doumbouya, qui, fin novembre, avait ouvert la porte à cette éventualité.
Dadis a d’ailleurs été précédé en Guinée par le général Sékouba Konaté, celui qui fut son ministre de la Défense et a tenu les rênes du pays après son exil. Le numéro 2 du Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD) était rentré en précurseur samedi dernier par la route en provenance de Bamako, comme s’il venait ouvrir la voie à son ancien patron.
Maintenant qu’ils sont tous les deux là, le procès du massacre du 28 septembre 2009 pourrait recevoir un coup d’accélérateur.
Ce jour-là, dans le stade éponyme, plus de 150 manifestants qui protestaient contre une éventuelle candidature du capitaine Dadis Camara à la présidentielle ont été tués et une centaine de femmes et de jeunes filles violées.
Si le général Sékouba Konaté n’a pas été formellement inculpé dans ce dossier, ce n’est pas le cas de Dadis que beaucoup de victimes attendent de pied ferme. Peu avant son retour, la Cour pénale internationale (CPI) était passée comme pour mettre la pression, donnant même un ultimatum de trois mois à la justice guinéenne pour démarrer le procès, sous peine de se saisir de l’affaire.
On ne connaît pas la clause secrète de ces retours, mais le colonel Doumbouya a déja déclaré publiquement qu’il ne s’agissait pas d’une entrave à la procédure judiciaire. Pour sa part, Moussa Dadis Camara s’est dit disposé à se mettre au service de la justice de son pays.
Les deux prestigieux exilés ont donc de bonnes raisons de s’inquiéter, particulièrement Dadis, car ce pourrait être un piège qui se referme sur lui, à moins que, pour l’impératif de réconciliation nationale et d’apaisement qui sous-tend ces come-back, le problème ne soit résolu politiquement et que les victimes du 28 septembre soient sacrifiées sur l’autel de la concorde nationale.
Hugues Richard Sama
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