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Résilience à l’ivoirienne : Faut pas fâcher, nous s’amuser

Vraiment, je ne suis pas fouteux pour un sou. Ce n’est pas demain la veille que je resterai scotché à un petit écran, même devenu grand, pour voir 22 solides gaillards courir derrière une boule de cuir.

 

Malheureusement ou fort heureusement, je me suis risqué à suivre un match un soir parce que n’ayant pas une emprise sur la télécommande. Et un miracle s’est opéré : je ne me suis pas ennuyé. Pas du tout !

Dès lors, je me suis surpris à ne vouloir rater aucun match. Il faut avouer que cette CAN avait du relief. Et on le doit à quoi ? Pas seulement au jeu des joueurs sur la pelouse, mais à l’ambiance dans les gradins et alentours.

Vous l’aurez remarqué comme moi, les Ivoiriens sont tellement forts dans la dérision, l’autodérision et l’humour caustique. Il n’y a qu’à voir les tee-shirts de leurs supporters, floqués de messages rarement sérieux, parfois gouailleurs et souvent salaces. Jugez-en vous-même : «Mari des servantes… Le debout dit que la go me plait… Akissi m’a trompé… On vaut rien mis on est qualifié… Kiki de mon gars est doux… Modiaaa si tu m’appelles Blanc (le porteur est effectivement blanc… pardon… de peau claire)… Papa Ado, veux tu m’épouser ?... »

Leur mérite est d’autant plus grand qu’ils restent dans cet état d’esprit quel que soit le moment. Qu’il fasse beau temps ou pendant les intempéries ; même pendant les longues années de braise alimentées par la guerre et la crise postélectorale. Tout est occasion pour « s’enjailler » comme ils le disent dans leur truculent nouchi, langue de dérision par excellence. 

De l’adversité, un nouveau son, accompagné de ses pas de danse, va en sortir et fera le buzz. Prendre la vie du bon côté et  relativiser très vite est le leitmotiv de l’Ivoirien. Une culture renforcée en cela par les alliances ethniques, notamment entre Baoulés et Agni,  Sénoufo et Koulangos, Yacouba et Gouros.

Même s’ils avaient perdu la coupe, je vous jure que les bons perdants qu’ils demeurent allaient trouver un moyen pour fêter avant de rentrer à la maison. C’est ça la résilience. Je ne vois pas un autre mot. Loin d’être une faiblesse, c’est plutôt une force. Nous les Burkinabè, on se décourage vite et pour longtemps. Et si de l’attitude de nos voisins, nous en prenions de la graine ?

 Les Humeurs de Barry

 

 

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