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Grève des chauffeurs routiers : Accord pour la levée du blocus

Une délégation ministérielle s’est trouvée face aux membres de l’Organisation des transporteurs routiers du Faso (OTRAF) et de l’Union des chauffeurs routiers du Burkina (UCRB) hier lundi 27 août 2018 au ministère des Transports. Au terme d’une énième concertation, les deux parties ont convenu de mettre de l’eau dans leur vin et de lever les différents obstacles sur les routes nationales et les corridors. Le gouvernement, lui, s’est engagé à créer, dans les prochains jours, une commission qui va repenser le système de gestion de notre fret à l’image de celui du Ghana.

 

Se déroulant à huis clos, cette rencontre entre les deux syndicats des transporteurs et des chauffeurs et le gouvernement était interdite aux hommes de médias. Le dialogue initié par le ministre des Transports, Vincent Dabilgou,  avait accouché d’une souris vendredi dernier. C’est finalement hier lundi que les lignes ont bougé après plusieurs heures d’explication, de négociation et de médiation.Au 5e jour de la guéguerre qui oppose le syndicat des transporteurs à celui des chauffeurs, le gouvernement a pris à bras-le-corps le problème en créant un cadre de concertation.

Afin de lever les goulots d’étranglement du transit, étant donné que le Burkina  Faso est  un pays d’hinterland, le gouvernement ne pouvait pas rester de marbre face aux revendications des chauffeurs routiers. La délégation gouvernementale a expliqué que ce bras de fer entre transporteurs et chauffeurs a conduit à ‘’une prise en otage du pays et l’a plongé dans une auto-asphyxie’’. La délégation gouvernementale était composée du ministre des Transports, de la Mobilité urbaine et de la Sécurité routière, Vincent Dabilgou, du ministre de la Sécurité, Clément Sawadogo, et du ministre du Commerce, de l’Artisanat et de l’Industrie, Harouna Kaboré. Certains d’entre eux ont été obligés d’écourter leur voyage à l’extérieur du pays pour  contribuer à la médiation.

Selon le président national de l’UCRB, Rabo Brahima, tout a débuté par un mouvement d’humeur  qui a poussé les chauffeurs à débarquer au siège de l’OTRAF qu’ils ont fermé. « Tout est parti de l’introduction du bon de chargement au Togo auquel nous n’avons pas été associés. Des chauffeurs sont venus me poser le problème. Je les ai envoyés  à Lomé auprès d’un représentant du CBC. Ce dernier les a reçus mais ils n’ont pas eu gain de cause. C’est à ce moment que sont  arrivés des membres de l’OTRAF  et du syndicat togolais qui ont décidé qu’ils allaient s’occuper de la gestion du fret. J’en ai alors saisi le président du CBC. C’est pendant que je vaquais à mes occupations  (à la DGTTM) jeudi autour de 9 h que j’ai été interpellé, mes éléments ayant bloqué l’accès de l’OTRAF au motif qu’ils n’arrivaient pas à rencontrer  le président national de cette organisation, Issoufou Maïga. On a alors entamé une médiation qui a abouti  à la libération des locaux de l’OTRAF. Ce sont nos camarades et nous sommes solidaires d’eux.  Hier je suis rentré à 3h du matin.  Les chauffeurs se plaignent de partout et on essaie d’apaiser les tensions. Il y a eu également  une altercation à Koubri entre un agent de l’OTRAF et un des nôtres ».     

Selon les dires d’un autre responsable de l’UCRB, Ambroise  Ouédraogo, lorsque les chauffeurs vont à l’étranger, certains peuvent faire deux mois sans charger de marchandise pendant que d’autres le font en 24 h. « Nos patrons refusent de résoudre le problème. Nous avons alors décidé de nous faire entendre, car c’est nous qui en souffrons. Après avoir réformé l’OTRAF, investi M. Maïga  et remercié Sankara Boukaré, on s’attendait à ce que les choses changent, que nos conditions de vie soient améliorées, on  s’est rendu  compte que c’est encore pire qu’avant. C’est pourquoi les chauffeurs ont demandé la démission pure et simple de M. Maïga ».

Issoufou Maïga pour sa défense a expliqué, selon notre source qui a assisté de bout en bout à cette rencontre, qu’après qu’il a reçu les chauffeurs qui manifestaient à son siège, la désinformation a continué. « Les réseaux sociaux aidant, j’ai reçu des enregistrements sonores qui incitaient les conducteurs à manifester. J’ai même entendu dire que je les avais traités de délinquants. Chose que je n’ai jamais  faite .Toutes les informations pertinentes tendant à envenimer la situation que je recevais étaient  transmises au président de l’URCB, mais au fil du temps nous avons perdu le contact », a-t-il expliqué.

Toujours selon notre source, les causes du litige au niveau du poste de contrôle conjoint de Koubri ont été aussi expliquées par le président de l’OTRAF. « Selon les textes de la convention signée entre transporteurs et chauffeurs, on doit procéder au remplacement de Moussa Traoré qui a porté la main sur Mamadou Traoré. Le président de l’URCB n’a pas répondu à notre lettre. La saison pluvieuse, c’est une période morte qui prolonge le temps d’attente. Je n’ai jamais refusé de rencontrer les chauffeurs, que je considère comme un maillon essentiel de la chaîne du transport national. Les tarifs ont été publiés. On charge à 40 000 F CFA la tonne en provenance de tous les ports  situés à environ 1000 km (Téma et Lomé). Au Togo, il y a deux gestionnaires du fret : l’OTRAF et les représentants des chargeurs.  De nombreux chauffeurs ont recours à la dernière entité citée, car avec elle le chargement est plus rapide. Chez  nous à l’OTRAF,  il n’y a pas de commission et nous recevons donc peu de camions.  La période n’y est pas favorable. Nous avons demandé aux chauffeurs de toujours faire remonter les problèmes de façon permanente pour qu’ensemble nous puissions y trouver des solutions en commission mixte, car les acteurs  sont nombreux », a expliqué longuement le président national de l’OTRAF  à notre source.

Les 3 ministres qui ont conduit la médiation ont invité les protagonistes à privilégier l’intérêt général, à ne pas  provoquer une auto-asphyxie de l’économie. Les responsables de l’URCB ont exigé de la délégation ministérielle un procès-verbal consignant tous les points d’accord. Ce document devrait  être présenté à la base. Il y avait, entre autres points, le respect de la convention collective qui va permettre d’améliorer les salaires des chauffeurs, la création d’une commission qui va travailler à améliorer la gestion du fret le long des corridors et dans les ports.

Les chauffeurs ont alors promis de suspendre le blocus progressivement, à partir du 27 août, le temps que l’information atteigne les nombreux chauffeurs à l’intérieur comme à l’extérieur du pays.

C’est sur cette note que la rencontre a pris fin.

 

W. Harold Alex Kaboré

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